Les chasseurs de mammouths
plus que généreuse. Je serais
heureux, tu le sais, de montrer à n’importe qui comment on s’en sert. Ce serait
un bien modeste remerciement pour tout ce que tu as fait pour nous.
Talut hocha la tête mais poursuivit néanmoins :
— Wymez me dit que tu es un très bon tailleur de pierre,
Jondalar. Les Mamutoï ont toujours besoin d’un artisan capable de fabriquer de
bons outils. Ayla, elle aussi, possède de nombreux talents qui rendraient grand
service au Camp. Non seulement elle est très habile au lance-sagaies et à la
fronde, mais tu avais raison...
Il abandonna Jondalar pour se tourner vers Ayla.
— ... c’est une guérisseuse. Nous aimerions que vous
restiez chez nous.
— J’espérais que nous pourrions passer l’hiver chez toi,
Talut, et je te remercie de ton offre mais je ne sais ce qu’en pense Ayla,
répondit Jondalar.
Il souriait : pour lui, la proposition de Talut n’aurait pu
se présenter à un meilleur moment. Comment pourrait-elle partir, à
présent ? L’offre de Talut avait sûrement plus d’importance que les
réflexions désobligeantes de Frébec.
Talut s’adressa alors directement à la jeune femme.
— Ayla, tu n’as plus de peuple, et Jondalar habite très
loin d’ici, à une distance beaucoup plus grande qu’il ne souhaite couvrir s’il
peut s’installer ici. Nous aimerions que vous restiez chez nous tous les deux,
pas seulement pour l’hiver mais définitivement. Je vous invite à devenir
membres de notre Camp et je ne parle pas seulement pour mon propre compte.
Tulie et Barzec seraient tout prêts à adopter Jondalar au Foyer de l’Aurochs.
Nezzie et moi, nous voulons faire de toi une fille du Foyer du Lion. Je suis l’Homme
Qui Ordonne, et Tulie la Femme Qui Ordonne. Vous auriez ainsi une position très
enviable parmi les Mamutoï.
— Veux-tu dire que vous désirez nous adopter ? Vous
souhaitez que nous devenions des Mamutoï ? fit malgré lui Jondalar,
abasourdi, rouge de surprise.
— Tu veux moi ? Tu veux adopter moi ? demanda
Ayla.
Elle avait écouté toute la conversation, le front plissé d’attention,
sans être bien sûre de pouvoir croire ce qu’elle entendait.
— Tu veux changer Ayla de Nulle Part pour Ayla des
Mamutoï ?
Le géant sourit.
— Oui.
Jondalar ne savait plus que dire. L’hospitalité envers les
invités pouvait être une question de tradition, de fierté, mais aucun peuple n’avait
coutume de demander à des étrangers de se joindre à une tribu, à une famille
sans y avoir mûrement réfléchi.
— Je... euh... je ne sais pas... quoi te répondre, dit-il.
Je suis très honoré. Il est très flatteur de s’entendre faire une telle offre.
— Tu as besoin de temps pour y penser, je le sais. L’un et
l’autre, déclara Talut. Le contraire m’étonnerait. Nous n’en avons pas parlé à
tout le monde, et le Camp tout entier doit être d’accord, mais cela ne devrait
pas poser de problème, avec tout ce que vous nous apporteriez et avec notre
recommandation, à Tulie et à moi. J’ai voulu d’abord vous poser la question. Si
vous acceptez, je convoquerai l’assemblée.
En silence, le couple regarda s’éloigner le géant. Ils étaient
partis à la recherche d’un endroit où ils pourraient discuter, dans l’espoir de
résoudre les difficultés qui, de leur avis à tous deux, commençaient à se
dresser entre eux. L’invitation inattendue apportait une dimension entièrement
nouvelle à leurs pensées, aux décisions qu’ils devaient prendre et jusqu’à
leurs vies. Sans un mot, Ayla enfourcha Whinney, et Jondalar monta derrière
elle. Perdus dans leurs réflexions, ils gravirent la pente, abordèrent le vaste
plateau. Rapide suivait docilement.
L’offre de Talut avait profondément ému Ayla. Du temps où elle
vivait avec le Clan, elle s’était souvent sentie tenue à l’écart, mais ce n’était
rien en comparaison du vide douloureux, de la solitude désespérée qu’elle avait
connus sans eux. Elle n’appartenait plus à personne, elle n’avait plus de foyer,
plus de famille, plus de peuple, et elle ne reverrait jamais son clan, elle le
savait. Après le tremblement de terre qui l’avait laissée orpheline, le
cataclysme du jour où elle avait été chassée donnait à la séparation un sens d’irrévocabilité.
Sous-jacente à ce sentiment se cachait une peur profonde, élémentaire, la
combinaison de la terreur primitive éprouvée en sentant la terre se soulever et
du
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