Les chasseurs de mammouths
la rivière avait un éclat plus brillant que les berges
couvertes de neige molle qui se fondaient, au bord du cours d’eau, avec des
lames de glace, habillées, elles aussi, de neige. Non loin, de mystérieux
monticules blancs prenaient la forme d’os de mammouth et d’entassements de
détritus.
Ayla fit quelques pas pour jeter un regard sur l’endroit, après
le coude de la rivière, où les chevaux aimaient à paître. Il faisait presque
chaud, au soleil, et la surface de la neige luisait, comme pour un début de
dégel. Les chevaux devraient dégager cette couche superficielle pour trouver
dessous l’herbe sèche. Au moment où la jeune femme allait siffler, Whinney
releva la tête et la vit. Elle salua sa maîtresse d’un hennissement, tandis que
Rapide apparaissait derrière elle. Ayla hennit en réponse.
Elle se retournait pour partir quand elle vit Talut qui la
considérait avec une expression curieuse, presque respectueuse.
— Comment la jument a-t-elle su que tu étais sortie ?
demanda-t-il.
— Ne savait pas, je pense, mais elle a bon nez, sent de
loin. Bonnes oreilles, entend de loin. Tout ce qui bouge, elle voit.
Le géant hocha la tête. A entendre la jeune femme, tout était si
simple, si logique. Pourtant... Il sourit. Il était heureux que le jeune couple
fût de retour. Il attendait avec impatience le moment de l’adoption d’Ayla.
Elle avait tant à offrir. Elle serait accueillie comme une précieuse recrue
parmi les Mamutoï.
Ils rentrèrent tous deux dans le nouveau foyer. Jondalar les
rejoignit, un large sourire aux lèvres.
— J’ai vu que tu avais préparé tous tes cadeaux, dit-il.
Il aimait l’attente impatiente qu’avaient éveillée les
mystérieux ballots et il prenait plaisir à être dans le secret. Il avait
entendu Tulie exprimer ses doutes sur la qualité des cadeaux d’Ayla mais, pour
sa part, il n’en avait aucun. Les Mamutoï les trouveraient inhabituels, mais un
beau travail était un beau travail, et celui d’Ayla, il en était convaincu,
serait apprécié.
— Tout le monde se demande ce que tu as rapporté, Ayla, dit
Talut. Autant et même plus que personne, il se plaisait à cette atmosphère d’excitation
et d’impatience.
— Sais pas si cadeaux suffisants, avoua Ayla.
— Mais si, ils seront sûrement suffisants. Ne te mets donc
pas en peine. Peu importe ce que tu as rapporté, ce sera suffisant. Les pierres
à feu, à elles seules, seraient suffisantes. Et, même sans pierres à feu, toi,
toute seule, tu nous suffirais.
Et Talut ajouta, avec un sourire :
— Nous fournir l’occasion d’une grande fête pourrait
suffire.
— Mais tu parles échange cadeaux, Talut. Dans le Clan, pour
échange, on donne même sorte de cadeau, même valeur. Quoi donner, pour toi,
pour tous ceux qui font foyer pour chevaux ? questionna Ayla, dont le
regard parcourait la salle. C’est comme caverne, mais c’est vous qui faites. Je
ne sais pas comment on peut faire caverne comme ça.
— Je me le suis demandé, moi aussi, dit Jondalar. Jamais je
n’ai rien vu de semblable, je dois le reconnaître, et j’ai vu bien des
abris : des abris pour l’été, des abris dans une caverne ou sous des
corniches, mais votre habitation est aussi solide que le roc lui-même.
Talut éclata de rire.
— Il le faut bien, pour qu’on puisse y vivre, l’hiver
surtout. Avec la force du vent, n’importe quoi d’autre s’envolerait.
Son sourire s’effaça, remplacé par une expression qui
ressemblait à de la tendresse.
— Le pays mamutoï est une terre riche, riche en gibier, en
poisson, en nourriture qui pousse. C’est un beau pays, un pays fort. Je ne
voudrais pas vivre ailleurs...
Son sourire revint.
— Mais, pour vivre ici, il faut des abris solides, et nous
n’avons pas beaucoup de cavernes.
— Comment faire caverne, Talut ? demanda Ayla.
Elle se rappelait les longues recherches de Brun pour découvrir
la caverne qui conviendrait parfaitement à son clan. Elle-même, elle s’en
souvenait, s’était sentie désemparée jusqu’au jour où elle avait trouvé une
vallée où se trouvait une caverne qui pourrait lui servir de logis.
— Si tu veux le savoir, je vais te le dire. Ce n’est pas un
grand secret !
Talut riait de plaisir. La visible admiration des deux jeunes
gens l’emplissait de joie.
— Le reste de l’habitation est formé de la même manière,
plus ou moins. Mais, pour cette extension, nous avons commencé par
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