Les chasseurs de mammouths
Il est visiteur aussi... Si
Mamut veut. Est foyer de Mamut.
— Sa première femme était la mère de ma grand-mère. J’ai
souvent dormi chez lui. Mamut ne refusera pas. N’est-ce pas ? ajouta
Deegie, en voyant paraître le vieil homme.
— Mais oui, Deegie, tu peux rester ici avec Branag. Mais,
rappelle-toi, tu ne dormiras peut-être pas beaucoup, ajouta le vieillard.
Deegie eut un sourire de joyeuse attente. Mamut continua :
— Nous avons des visiteurs. Danug est de retour après toute
une année d’absence. Ton Union approche, et Wymez a remporté un plein succès
dans sa mission d’échanges. Nous avons de bonnes raisons, je crois, de nous
assembler ce soir au Foyer du Mammouth pour nous raconter les histoires.
Tout le monde prit un air heureux. On avait attendu cette
annonce, mais l’impatience n’en était pas moins vive. Une réunion au Foyer du
Mammouth, ils le savaient tous, cela signifiait des récits d’aventures vécues,
de légendes, peut-être aussi d’autres distractions. Ils étaient désireux d’avoir
des nouvelles des autres camps, d’écouter une fois de plus des histoires
connues. Et ils seraient heureux de voir les réactions des étrangers à la vie
et aux aventures des membres de leur propre Camp mais aussi d’entendre les
récits de leurs expériences.
Jondalar savait, lui aussi, ce que signifiait une telle
assemblée et il en était d’avance préoccupé. Ayla allait-elle raconter dans les
détails sa propre histoire ? Le Camp du Lion demeurerait-il ensuite aussi
accueillant ? L’idée lui vint de la prendre à part pour la mettre en
garde, mais il réussirait seulement, il le savait, à faire naître sa colère, à
la bouleverser. Par bien des aspects, elle ressemblait aux Mamutoï. Elle
exprimait ses sentiments avec franchise et sincérité. D’ailleurs, toutes les
mises en garde n’y feraient rien : elle ne savait pas mentir. Peut-être,
au mieux, s’abstiendrait-elle de prendre la parole.
3
Ayla passa une partie de l’après-midi à bouchonner Whinney avec
un morceau de cuir souple et une cardère sèche, pour se détendre tout autant
que la jument.
Jondalar s’activait auprès d’elle sur Rapide : armé lui
aussi d’une cardère, il calmait les démangeaisons du poulain tout en lissant l’épaisse
toison d’hiver, bien que le jeune animal eût visiblement préféré jouer plutôt
que de se tenir tranquille. La couche moelleuse, sous le poil extérieur,
annonçait l’arrivée imminente du froid, ce qui amena Jondalar à se demander où
ils passeraient l’hiver. Il n’était pas encore bien sûr des sentiments d’Ayla à
l’égard des Mamutoï, mais du moins les gens du Camp et les chevaux
commençaient-ils à s’accoutumer les uns aux autres.
Ayla, elle aussi, sentait que les tensions s’apaisaient mais
elle s’inquiétait de l’endroit où les animaux passeraient la nuit. Ils avaient
l’habitude de partager une caverne avec elle. Jondalar ne cessait de lui
affirmer qu’ils ne souffriraient pas : les chevaux étaient habitués à être
dehors. Elle décida finalement d’attacher Rapide près de l’entrée :
Whinney ne s’aventurerait pas trop loin sans son poulain, et, si un danger se
présentait, la jument avertirait la jeune femme.
Au moment où la nuit tombait, le vent se fit plus froid. On
sentait la neige dans l’air quand Ayla et Jondalar rentrèrent, mais, au centre
de la caverne semi-souterraine, le Foyer du Mammouth était chaud et agréable.
Les gens commençaient à s’y réunir. Beaucoup avaient pris le temps de se
nourrir des restes froids du repas précédent, qui avaient été transportés à l’intérieur :
une sorte de tubercule, petit, blanc, riche en féculent, des carottes sauvages,
des mûres, des tranches de mammouth rôti. Ils saisissaient les légumes et les
fruits avec les doigts ou à l’aide de deux baguettes manipulées comme des
pinces, mais chacun, remarqua Ayla, sauf les enfants les plus jeunes, avait un
couteau pour la viande. Elle s’étonna de voir quelqu’un se mettre une tranche
de rôti entre les dents et en couper un morceau d’un coup de lame vers le haut – sans
se trancher le nez.
De petites outres brunes – les vessies et les estomacs
parfaitement imperméables de différents animaux – passaient de main
en main, et les gens y buvaient avec un plaisir évident. Talut offrit à Ayla de
goûter à la boisson. L’odeur, plutôt désagréable, était celle d’un
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