Les chasseurs de mammouths
pas mais, puisque tu connais la plante,
je m’estime satisfait, dit Mamut. Tes remèdes pour mon arthrite m’ont fait
beaucoup de bien. Tu sais soigner les vieillards.
— Creb était vieux. Boitait, avait douleurs d’arthrite. J’apprends
à soigner avec Iza. Après, soigne autres aussi, dans Clan.
Ayla s’interrompit, leva les yeux.
— Crois Crozie souffre douleurs de vieillesse aussi. Veux
aider. Tu crois pas accepter, Mamut ?
— Elle n’aime pas reconnaître les ravages de l’âge. Quand
elle était jeune, c’était une fière beauté. Mais tu as raison, je crois. Tu
pourrais lui proposer tes soins, surtout si tu trouvais un moyen qui ne
blesserait pas son orgueil. C’est tout ce qui lui reste, à présent.
Ayla hocha la tête. Quand la préparation fut prête, Mamut se
dévêtit.
— Pendant tu reposes avec cataplasme, expliqua la jeune
femme, ai racine en poudre d’autre plante veux mettre sur braises pour faire
respirer. Fera transpirer et est bonne pour douleur. Ce soir, avant dormir, ai
préparé nouveau remède pour frictionner jointures. Jus de pomme et racine
ardente...
— Tu veux parler du raifort ? La racine dont Nezzie se
sert pour assaisonner sa cuisine ?
— Je crois, oui, avec jus de pomme et bouza de Talut.
Chauffera peau, dehors et dedans aussi.
Mamut se mit à rire.
— Comment as-tu fait pour persuader Talut de te laisser
mettre sa bouza sur la peau et non pas dessous ?
Ayla sourit.
— Il aime médecine magique qui fait du bien lendemain d’après.
Je dis je ferai toujours pour lui, expliqua-t-elle.
Elle appliquait sur les articulations douloureuses un emplâtre
brûlant, épais et collant. Le vieil homme, confortablement allongé, ferma les
yeux.
— Bras en bon état, commenta la jeune femme, qui
travaillait sur le membre jadis fracturé. Mauvaise cassure, je crois.
— Oui, c’est vrai.
Mamut rouvrit les yeux. Il jeta un coup d’œil vers Rydag qui
observait, écoutait. Le vieil homme n’avait jamais parlé de cette aventure,
sinon à Ayla. Il hésita, hocha la tête d’un air décidé.
— Il est temps que tu saches, Rydag. Du temps où j’étais un
jeune homme qui faisait son Voyage, je suis tombé du haut d’une falaise et je
me suis cassé le bras. J’étais étourdi par le choc et je suis arrivé sans m’en
rendre compte dans un camp de Têtes Plates, des gens du Clan. J’ai vécu chez
eux pendant un certain temps.
— Voilà pourquoi tu apprends très vite les signes !
dit Rydag avec ses mains.
Il sourit.
— Je te trouvais très intelligent.
— Je suis très intelligent, jeune homme, fit Mamut en lui
rendant son sourire. Mais je me suis souvenu de quelques-uns quand Ayla me les
a rappelés.
Le sourire de Rydag s’élargit. Plus que tout au monde, mis à
part Nezzie et le reste de la famille du Foyer du Lion, il aimait ces deux
êtres et jamais il n’avait été aussi heureux que depuis l’arrivée d’Ayla. Pour
la première fois de sa vie, il pouvait s’exprimer, se faire comprendre des
autres, il parvenait même à faire sourire un interlocuteur. Il regardait Ayla
apporter ses soins à Mamut. Même un enfant comme lui était en mesure de
reconnaître ses qualités et son habileté. Quand le vieil homme regarda dans sa
direction, il lui fit comprendre par signes :
— Ayla est bonne guérisseuse.
— Les guérisseuses du Clan sont très habiles, et ce sont
elles qui lui ont tout appris. Personne n’aurait pu faire de meilleur travail
sur mon bras. La peau était écorchée, de la terre y avait pénétré et, à l’endroit
de la fracture, la chair était déchirée, l’os sortait de la plaie. On aurait
dit un morceau de viande. La femme, Uba, a tout nettoyé. Elle a remis en place
les deux morceaux de l’os, et il n’y a même pas eu d’enflure, de pus, de
fièvre. Quand mon bras a guéri, j’ai pu m’en servir normalement. C’est
seulement au cours de ces dernières années que j’en ai un peu souffert de temps
en temps. Ayla a appris son art de la fille de la femme qui avait remis mon
bras. On m’a dit qu’elle était considérée comme la meilleure, déclara Mamut.
Il observait les réactions de Rydag. L’enfant les considérait l’un
et l’autre d’un air perplexe, comme s’il se demandait comment ils pouvaient
connaitre les mêmes gens.
— Oui, Iza était meilleure, comme mère et grand-mère,
acheva Ayla. Elle n’avait pas prêté attention à la communication silencieuse
entre le
Weitere Kostenlose Bücher