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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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instant
son amie.
    Elle fit tomber quelques gouttes d’eau sur le cuir.
    — Regarde, dit-elle. L’eau glisse sans pénétrer, tu
vois ? L’eau, en effet, s’écoulait sans laisser de marque.
    — Sais-tu ce que tu vas faire de cette pièce de cuir
rouge ? demanda Nezzie.
    — Non, dit Ayla.
    Elle avait déployé la peau de bison tout entière, pour la
montrer à Rydag et pour l’admirer elle-même une nouvelle fois. Elle lui
appartenait, parce qu’elle avait elle-même nettoyé et traité le cuir. Jamais
elle n’avait rien possédé de rouge qui fût aussi grand et la peau avait
finalement pris une teinte remarquable.
    — Rouge était sacré pour Clan. Je donnerais à Creb... si je
pouvais.
    — C’est le rouge le plus vif que j’aie jamais vu, je crois.
On le voit de loin.
    — Est doux aussi, dit Rydag par signes.
    Il venait souvent voir Ayla au Foyer du Mammouth, et elle l’accueillait
toujours avec joie.
    — Deegie a montré d’abord comment faire doux avec cervelle,
dit-elle en souriant. Avant j’utilise graisse. Difficile, et tache quelquefois.
Mieux prendre cervelle de bison.
    Pensive, elle s’interrompit avant de demander :
    — Même chose pour tous animaux, Deegie ? Celle-ci
acquiesça.
    — Combien cervelle prendre ? Combien pour renne ?
Combien pour lapin ?
    Ce fut Ranec qui répondit, avec une ombre de sourire.
    — Mut, la Grande Mère, dans Son infinie sagesse, donne
toujours juste assez de cervelle à chaque animal pour conserver sa peau.
    Le petit rire guttural de Rydag déconcerta un instant Ayla, mais
elle finit par sourire.
    — Quelques-uns ont assez cervelle, pas se faire
prendre ?
    Ranec éclata de rire, et elle se joignit à lui, heureuse d’avoir
saisi la plaisanterie. Elle commençait à se familiariser avec le langage des
Mamutoï.
    Jondalar survint dans le Foyer du Mammouth au moment où Ayla et
Ranec riaient ensemble. Il sentit son estomac se nouer. Mamut le vit baisser
les paupières, comme sous le coup de la souffrance. Il jeta un coup d’œil à
Nezzie, secoua la tête.
    Danug, qui arrivait derrière le visiteur, le regarda s’arrêter,
s’accrocher à un poteau, fermer les yeux. Les sentiments que vouaient à Ayla
Ranec et Jondalar, la situation difficile qui se développait à cause d’eux n’étaient
un secret pour personne, même si la plupart préféraient l’ignorer. Ils ne
voulaient pas intervenir, dans l’espoir qu’ils résoudraient le problème entre
eux. Danug aurait aimé faire quelque chose pour aider son ami, mais quoi ?
Il l’ignorait. Ranec était un frère, puisque Nezzie l’avait adopté, mais il
avait de l’affection pour Jondalar et compatissait à sa souffrance. Lui aussi éprouvait
des sentiments mal définis mais violents à l’égard de la belle dernière recrue
du Camp du Lion. Mis à part les rougeurs et les sensations inexplicables qui l’assaillaient
lorsqu’il se trouvait près d’elle, il avait l’impression d’une affinité entre
eux. Elle semblait aussi désemparée devant la situation qu’il l’était souvent
lui-même devant les changements et les complications qui intervenaient dans sa
vie.
    Jondalar reprit son souffle, se redressa et poursuivit son
chemin. Ayla le suivit des yeux, le vit s’approcher de Mamut, lui tendre
quelque chose. Elle les regarda échanger quelques mots, vit Jondalar repartir
rapidement, sans lui avoir adressé la parole. Elle avait perdu le fil de la
conversation qui se déroulait autour d’elle. Quand Jondalar eut disparu, elle
se hâta vers Mamut, sans entendre la question que lui posait Ranec, sans voir l’expression
déçue qui passa sur son visage. Pour cacher sa consternation, il fit une
plaisanterie que la jeune femme n’entendit pas davantage. Mais Nezzie, sensible
aux moindres nuances de ses sentiments les plus profonds, remarqua la lueur de
souffrance dans ses yeux. Elle le vit aussi serrer les mâchoires et carrer les
épaules avec résolution.
    Elle avait envie de le conseiller, de lui offrir le bénéfice de
son expérience, de la sagesse acquise au long des années, mais elle tint sa
langue. A eux de façonner leurs propres destinées, pensait-elle.
    Du fait que les Mamutoï vivaient tous ensemble durant de longues
périodes, ils devaient apprendre à se tolérer les uns les autres. Il n’y avait,
dans l’abri, aucune intimité possible, sinon celle des pensées de chacun, et
tous prenaient grand soin de ne pas faire intrusion dans ce domaine.

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