Les chasseurs de mammouths
vieil
homme.
— Entrer dans caverne... voir mog-ur.
— Quand es-tu entrée dans la caverne, Ayla ?
Mamut connaissait les restrictions qui s’appliquaient aux
femmes, dans la participation aux rites du Clan. Ayla avait dû faire quelque
chose qui lui était interdit, se disait-il : elle avait enfreint un tabou.
— A Rassemblement du Clan.
— Tu es allée à un Rassemblement du Clan ? Ce
Rassemblement a lieu tous les sept ans, n’est-ce pas ?
La jeune femme hocha la tête.
— Quand s’est-il tenu ?
Elle dut réfléchir, et ce moment de concentration lui éclaircit
quelque peu l’esprit.
— Durc était juste né, alors, au printemps. Été prochain
sera septième année ! Été prochain, Rassemblement de Clan. Clan ira à
Rassemblement, ramènera Ura. Ura et Durc unis alors. Mon fils bientôt
homme !
— Est-ce vrai, Ayla ? Il n’aura que sept ans quand il
s’unira ? Ton fils sera déjà un homme, si jeune ?
— Non, pas si jeune. Peut-être trois, quatre années encore.
Mais mère d’Ura me demande Durc, pour Ura. Elle est enfant d’esprits mêlés,
aussi. Ura vivra avec Brun et Ebra. Quand Durc et Ura assez grands seront unis.
Rydag considérait Ayla d’un air incrédule. Il ne saisissait pas
absolument toutes les implications, mais une chose semblait claire. Elle avait
un fils, d’esprits mêlés comme lui, qui vivait avec le Clan !
— Qu’est-il arrivé, il y a sept ans, au Rassemblement du
Clan, Ayla ? questionna Mamut.
Il se refusait à abandonner, alors qu’il s’était senti si près d’obtenir
l’accord de la jeune femme pour commencer son initiation. C’était non seulement
important mais essentiel pour elle-même, il en était convaincu.
Une expression douloureuse se peignit sur le visage d’Ayla, qui
ferma les yeux.
— Iza trop malade pour aller. Elle dit Brun je suis
guérisseuse. Brun fait cérémonie. Elle me dit comment mâcher racines pour faire
breuvage pour mog-urs. Dit seulement, pas possible montrer. Est trop... sacré
pour exercer. Mog-ur, à Rassemblement du Clan, ne veulent pas moi. Ne suis pas
Clan. Mais personne ne sait, seulement lignée d’Iza. Iza dit pas avaler jus
quand mâche, cracher dans bol. Mais impossible. Avale un peu. Plus tard, esprit
confus, entre dans caverne, suis feux, trouve mog-ur. Ne voient pas moi, mais
Creb sait.
L’agitation l’avait reprise, elle allait et venait.
— Est noir, comme trou profond, et sens tomber.
Elle serra les épaules, se frotta les bras comme si elle avait
froid.
— Alors Creb vient, comme toi, Mamut, mais... plus. Il...
il... me prend avec lui.
Elle retomba dans le silence, se remit à marcher. Enfin, elle s’arrêta,
reprit la parole.
— Plus tard, Creb furieux, malheureux. Et suis...
différente. Jamais ne dis mais quelquefois, pense retourner là-bas et suis...
effrayée. Mamut attendait, pour voir si elle était au bout de son histoire. Il
avait une certaine idée de ce qu’elle avait subi. On lui avait permis d’assister
à une cérémonie du Clan. Ces gens utilisaient certaines plantes d’une manière
qui leur était particulière, et il avait connu une expérience insondable. Il
avait essayé de la reproduire, par la suite, sans jamais y parvenir, même après
être devenu Mamut. Il allait parler, mais Ayla le devança.
— Quelquefois, veux jeter racine, mais Iza dît est sacrée.
Le vieillard mit un moment à saisir le sens de ce qu’elle venait
de dire mais, quand ce fut fait, le choc faillit bien le mettre debout d’un
bond.
— Veux-tu dire que tu as cette racine avec toi ? Il
avait peine à contenir son agitation.
— Quand pars, prends sac de remèdes. Racine dedans, dans
petite bourse spéciale, rouge.
— Mais est-elle encore bonne ? Plus de trois années
ont passé, dis-tu, depuis ton départ. N’a-t-elle pas pu perdre de sa puissance,
en tout ce temps ?
— Non, a préparation spéciale. Après racine est séchée,
dure longtemps. Beaucoup années.
— Ayla... commença Mamut.
Il s’efforçait de choisir les mots qu’il fallait.
— C’est peut-être une grande chance que tu l’aies gardée.
Vois-tu, le meilleur moyen de maîtriser la peur, c’est de la regarder en face.
Serais-tu prête à préparer de nouveau cette racine ? Seulement pour toi et
moi ?
La seule idée fit frissonner la jeune femme.
— Ne sais pas, Mamut. Ne veux pas. Ai trop peur.
— Il ne s’agit pas de le faire tout de suite, dit-il. Pas
avant que
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