Les chasseurs de mammouths
ayant presque peur d’espérer, il ne pouvait
s’empêcher de penser que l’absence de Jondalar pourrait multiplier ses chances
auprès d’Ayla. Il avait la vague idée qu’il était pour quelque chose dans cette
séparation mais il sentait que le problème qui existait entre eux avait des
racines plus profondes. Ranec n’avait pas caché l’intérêt qu’il portait à Ayla,
et ni l’un ni l’autre n’avaient paru le trouver totalement déplacé. Jondalar n’était
pas venu l’affronter en déclarant clairement son intention de contracter avec
la jeune femme une Union exclusive. Quant à Ayla, sans l’avoir exactement
encouragé, elle n’avait pas non plus repoussé ses avances.
Il ne se trompait pas. Ayla appréciait la compagnie de Ranec.
Elle n’était pas bien sûre de ce qui motivait l’attitude de Jondalar, mais elle
était à peu près convaincue qu’elle en était responsable, qu’elle avait fait
quelque chose de mal. La présence attentive de Ranec l’amenait à penser que sa
conduite pouvait être entièrement répréhensible.
Latie, les yeux brillants d’intérêt fixés sur le petit loup, se
tenait à côté d’Ayla. Ranec les rejoignit.
— Voilà un spectacle que je n’oublierai jamais, Ayla,
dit-il. Cette petite chose frottant son nez contre celui de cet énorme cheval.
Voilà un brave petit loup.
Elle leva les yeux vers lui, lui sourit, aussi heureuse de ces
compliments que si l’animal avait été son propre enfant.
— Loup avait peur, au début. Ils sont tellement plus grands
que lui. Je suis contente qu’ils se soient si vite acceptés.
— Est-ce le nom que tu vas lui donner ? Loup ?
demanda Latie.
— Je n’y ai pas encore bien réfléchi, mais le nom me paraît
approprié.
— Je n’en vois pas qui le soit davantage, acquiesça Ranec.
— Qu’en dis-tu, Loup ?
Elle soulevait le louveteau, les yeux levés vers lui. Le petit
se trémoussa avec ardeur pour l’atteindre et lui lécha la figure. Les trois
humains sourirent.
— Ça lui plaît, je crois déclara Latie.
— Tu connais vraiment bien les animaux, Ayla, remarqua
Ranec. Mais je voudrais te poser une question. Comment savais-tu que les
chevaux ne lui feraient pas de mal ? Les troupes de loup chassent les
chevaux, et j’ai vu des chevaux tuer des loups. Ce sont des ennemis mortels.
Ayla prit le temps de réfléchir.
— Je ne sais pas trop. J’en étais sûre, c’est tout.
Peut-être à cause de Bébé. Les lions des cavernes tuent les chevaux, eux aussi,
mais tu aurais dû voir Whinney avec Bébé, quand il était petit. Elle était si
protectrice, comme une mère, ou une tante pour le moins. Whinney savait qu’un
petit loup ne pouvait lui faire du mal, et Rapide a paru le comprendre, lui
aussi. Si on les prend tout petits, je crois, la plupart des animaux peuvent
être amis entre eux, et les amis des êtres humains en même temps.
— Est-ce pour cela que Whinney et Rapide sont tes
amis ? demanda Latie.
— Oui, je pense. Nous avons eu le temps de nous habituer à
vivre ensemble. C’est ce qu’il faut à Loup.
— Crois-tu qu’il pourrait s’habituer à moi ?
questionna la jeune fille avec ardeur.
Ayla reconnut ce sentiment, sourit. Elle tendit le louveteau à
Latie.
— Tiens, prends-le.
La jeune fille entoura de ses bras l’animal frétillant et chaud,
pencha la tête pour caresser de sa joue le doux pelage floconneux. Loup lui
donna un coup de langue sur le visage : elle aussi faisait partie de sa
bande.
— Il m’aime bien, je crois, dit Latie. Il m’a
embrassée !
Ayla eut un nouveau sourire. Ces démonstrations d’amitié, elle
le savait, étaient naturelles chez les tout jeunes louveteaux. Les humains,
tout comme les loups adultes, semblaient les trouver irrésistibles. En
grandissant seulement, les loups devenaient craintifs, se tenaient sur la
défensive et se méfiaient des inconnus.
Latie tenait toujours le louveteau qu’Ayla observait maintenant
avec curiosité. Le pelage de Loup était encore du gris foncé uniforme des très
jeunes bêtes. Par la suite, son poil alternerait en bandes claires et plus
sombres qui caractérisaient le loup adulte. Encore n’était-ce pas sûr. Sa mère
était entièrement noire. Ayla se demandait de quelle couleur serait plus tard
le louveteau.
La voix aiguë de Crozie leur fit tourner la tête.
— Tes promesses ne valent rien ! Tu avais promis de me
respecter ! Tu avais promis qu’en toutes
Weitere Kostenlose Bücher