Les chasseurs de mammouths
l’objet d’une poursuite de la part d’une bande de chasseurs compétents. Il
s’approcha de cette chose velue, chaude, vivante, intéressante, même si elle
était vaguement menaçante, qu’Ayla tenait entre ses mains, et tendit le cou
pour l’examiner de plus près.
Quand les deux chevaux eurent suffisamment reniflé pour se
familiariser avec le louveteau, Ayla le posa par terre, devant les deux gros
herbivores. Elle perçut un cri étouffé, se retourna vers l’entrée du Foyer du
Mammouth. Latie avait soulevé le rabat. Talut, Jondalar et quelques autres se
pressaient derrière elle. Ils ne voulaient pas la gêner mais ils étaient
curieux, eux aussi. Ils n’avaient pu résister au désir d’assister à la première
rencontre entre le louveteau et les deux chevaux. Il avait beau être tout
petit, l’animal était un prédateur, et les chevaux la proie naturelle du loup.
Néanmoins, les sabots et les dents constituaient des armes redoutables. On
avait vu des chevaux blesser ou tuer des loups adultes pour se défendre.
Ceux-là pourraient aisément se débarrasser d’un ennemi aussi petit.
Les chevaux savaient qu’ils ne couraient aucun danger avec un
chasseur aussi jeune. Ils ne tardèrent pas à dominer leur méfiance. Plus d’un
spectateur sourit en voyant le petit loup, tout chancelant sur ses pattes,
lever les yeux sur les jambes massives de ces géants. Whinney, baissa la tête,
flaira l’animal, marqua un recul avant de pousser de nouveau son long nez vers
le loup. Rapide, approcha par l’autre côté cette petite bête intéressante. Le
louveteau se fit plus petit encore, se blottit contre le sol en voyant de si
près ces deux têtes énormes. Mais, du point de vue du petit loup, le monde
était peuplé de créatures gigantesques. Les humains, même la femme qui le
nourrissait, le réconfortait, étaient des géants, eux aussi.
Il ne discernait aucune menace dans le souffle chaud qui sortait
des naseaux distendus. A l’odorat sensible du petit loup, l’odeur des chevaux
était familière. Elle imprégnait les vêtements, les affaires d’Ayla et jusqu’à
la jeune femme elle-même. Le louveteau décida que ces géants à quatre pattes
faisaient partie de sa bande et, avec le désir de plaire, tout naturel chez une
jeune créature, se tendit pour toucher, avec son minuscule nez noir, les doux
naseaux de la jument.
Ayla entendit le murmure distinct de Latie.
— Ils se touchent le nez !
Quand le loup entreprit de lécher le museau de la jument, ce qui
constituait la manière dont les louveteaux prenaient contact avec les membres
de leur bande, Whinney releva vivement la tête. Mais elle était trop intriguée
pour refuser longtemps les avances du minuscule et surprenant animal :
elle ne tarda pas à accepter ses coups de langue caressants.
Après cette prise de contact, Ayla ramena le petit loup dans l’habitation.
Le début était prometteur, mais elle ne voulait pas forcer la note. Par la
suite, elle emmènerait le louveteau pour une promenade à cheval.
Lors de la mise en présence des animaux, elle avait vu sur le
visage de Jondalar une expression de tendresse amusée, expression qui lui avait
été naguère très familière et qui fit monter en elle un inexplicable sentiment
de bonheur. Peut-être, maintenant qu’il avait eu le temps de réfléchir,
Jondalar allait-il être disposé à revenir au Foyer du Mammouth. Mais, lorsqu’en
passant devant lui, elle lui adressa son beau sourire épanoui, il détourna la
tête, baissa les yeux, avant de suivre Talut. La joie d’Ayla s’évapora,
laissant à sa place une douloureuse pesanteur. Convaincue qu’il n’avait plus
aucun attachement pour elle, elle baissa la tête.
Rien, pourtant, n’était plus loin de la vérité. Jondalar
regrettait d’avoir agi si précipitamment, il s’en voulait de s’être comporté
avec une telle absence de maturité. Après son brusque départ, il en était
certain, elle ne devait plus être disposée à l’accueillir. Son sourire ne lui
était sans doute pas vraiment destiné, pensait-il. Elle marquait simplement sa
joie, après la rencontre réussie entre les animaux. Mais il en avait éprouvé
une telle agonie d’amour et de désir qu’il se sentait incapable de demeurer
plus longtemps dans son voisinage.
Ranec vit le regard d’Ayla suivre l’homme de belle stature. Il
se demandait combien de temps allait durer leur séparation et quelles en
seraient les conséquences. Tout en
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