Les chasseurs de mammouths
ancêtres sauvages.
Les animaux nés avec certaines variantes génétiques dans la
couleur, la forme, la taille – un pelage plus sombre, une tache
blanche, une queue en trompette, un corps plus petit ou plus grand – auraient
été repoussés aux limites de la bande, s’ils n’en avaient pas été chassés. Les
humains, souvent, leur donnaient la préférence. Ils gardaient même les
aberrations génétiques, sous la forme de nains ou de miniatures ou encore de
géants à la pesante ossature, qui n’auraient pas vécu assez longtemps pour se
reproduire, à l’état sauvage. On finit par élever systématiquement des canidés
qui possédaient ces caractéristiques anormales, afin de préserver et de
renforcer certains traits que les hommes estimaient désirables. Finalement, la
ressemblance superficielle de nombreux chiens avec le loup ancestral se fit
vraiment lointaine. Toutefois, l’intelligence du loup, son instinct protecteur,
sa loyauté, son enjouement subsistèrent.
Loup eut tôt fait de déterminer une hiérarchie dans le Camp,
comme il l’aurait fait dans une bande. Néanmoins, son interprétation du rang de
chacun aurait pu différer des idées des humains sur le sujet, Tulie était
peut-être la Femme Qui Ordonne du Camp, mais pour Loup, Ayla occupait la
première place : dans une bande, la mère de la portée était la femelle
dominante et elle permettait rarement à d’autres femelles de donner naissance à
des jeunes.
Personne, dans le Camp, ne savait précisément si l’animal avait
des pensées, des sentiments, ni même si ces pensées, ces sentiments pouvaient
être compris par les humains, mais c’était sans importance. Les gens du Camp
fondaient leur jugement sur le comportement, et, à voir la manière dont Loup se
conduisait, nul ne doutait qu’il aimât, qu’il adorât Ayla au-delà de toute
mesure. Où qu’elle se trouvât, il avait toujours conscience de sa présence. Un
coup de sifflet, un claquement de doigts, un geste d’appel, un simple signe de
tête même, et il était à ses pieds, levait vers elle des yeux ardents, à l’écoute
de son moindre désir. Il se montrait parfaitement spontané dans ses réactions
et ne nourrissait jamais la moindre rancune. Quand elle le grondait, son
désespoir était pitoyable et, lorsqu’elle se laissait fléchir, il se tortillait
dans une extase de joie. Il vivait pour retenir l’attention de la jeune femme.
Il éprouvait son plus grand bonheur lorsqu’elle jouait avec lui, mais un mot,
une caresse suffisait à provoquer des coups de langue passionnés et d’autres
signes manifestes de son amour.
Il n’était aussi démonstratif avec personne. Avec la plupart des
autres humains, il exprimait à des degrés variables son amitié, sa tolérance,
ce qui éveillait une certaine surprise devant un tel éventail de sentiments
chez un animal. Son comportement avec Ayla renforçait dans le Camp la
conviction qu’elle possédait une emprise magique sur les animaux, et son
prestige s’en accroissait.
Le jeune loup avait un peu plus de difficulté à déterminer qui
était le mâle dominant dans sa bande humaine. Dans une bande de loups, c’est
celui qui faisait l’objet de la sollicitude la plus attentive de la part de
tous les autres. La cérémonie d’accueil, au cours de laquelle le mâle dominant
était assiégé par le reste de la bande qui s’empressait à lui lécher le museau,
à flairer sa fourrure, à l’entourer, affirmait son autorité et se terminait par
un magnifique concert de hurlements. Mais la bande d’humains ne témoignait d’une
telle déférence pour aucun mâle.
Cependant, Loup remarqua que les deux énormes membres à quatre
pattes de cette bande exceptionnelle accueillaient le grand homme blond avec
plus d’enthousiasme que toute autre personne, excepté Ayla. Par ailleurs, son
odeur subsistait fortement autour du lit de la jeune femme et dans les parages
immédiats, où se trouvait le panier de Loup. En l’absence d’autres indices, le
louveteau tendait donc à attribuer à Jondalar la position de mâle dominant.
Cette idée se trouva renforcée quand ses avances amicales furent récompensées
par un intérêt chaleureux et enjoué.
La demi-douzaine d’enfants qui jouaient ensemble étaient ses
compagnons de portée. On le trouvait souvent en leur compagnie, fréquemment au
Foyer du Mammouth. Lorsqu’ils eurent acquis le respect qui convenait pour ses
petites dents aiguës et qu’ils
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