Les chasseurs de mammouths
décidé de venir avec nous
pour aider Ayla à mener les chevaux. Mamut sera bien plus à l’aise, je crois,
et regarde Rydag ! Jamais je ne l’ai vu aussi joyeux de partir pour une
Réunion d’Été.
Pourquoi avait-il le sentiment, se demandait Jondalar, que
Nezzie était au courant de son intention de rentrer chez lui ?
— Et pense un peu à la sensation que nous allons produire
quand nous arriverons non seulement avec des chevaux mais avec des gens sur
leur dos, fit Barzec.
— Jondalar, nous t’attendions. Ayla ne savait pas trop qui
elle devait mettre sur chaque cheval, dit Talut.
— A mon avis, ça ne fait pas grande différence, répondit le
jeune homme. Whinney est un peu plus facile à monter : elle vous secoue
moins.
Ranec, remarqua-t-il, aidait Ayla à équilibrer les chargements.
Son cœur se serra quand il les vit rire ensemble. Son répit, il le comprenait,
serait de courte durée. Il avait simplement retardé l’inévitable, mais il
devait maintenant aller jusqu’au bout.
Après avoir fait quelques gestes mystérieux et prononcé des
formules secrètes, Mamut enfonça en terre une muta, devant l’entrée principale
de l’abri. Après quoi, avec l’aide d’Ayla et de Talut, il enfourcha Whinney. Il
paraissait nerveux, mais c’était difficile à dire. Il le cachait bien, se dit
Jondalar.
Rydag, lui, n’était pas nerveux : il était déjà monté à
cheval. Il était simplement surexcité quand le grand jeune homme l’enleva de
terre pour le placer sur Rapide. Jamais il n’avait enfourché l’étalon. Il
gratifia d’un large sourire Latie qui l’observait avec un mélange d’inquiétude
pour sa sécurité, de joie à lui voir connaître une nouvelle expérience et d’un
brin d’envie. Elle avait regardé Jondalar dresser le cheval, dans la mesure où
elle pouvait le voir d’assez loin : il était difficile de convaincre une
autre femme de l’accompagner. Le passage à l’âge adulte avait ses
inconvénients. Le dressage d’un jeune cheval n’était pas nécessairement
magique, avait-elle pensé. Il suffisait d’avoir de la patience et,
naturellement, un cheval à dresser.
Le Camp s’engagea dans la montée. A mi-hauteur, Ayla s’arrêta.
Loup en fit autant, la regarda d’un air d’attente. Elle se retourna pour
contempler l’abri où elle avait trouvé un foyer, où elle avait été accueillie
par des êtres de sa race. Déjà, la confortable sécurité de cet asile lui
manquait, mais l’habitation serait toujours là lorsqu’ils reviendraient, prête
à les abriter de nouveau d’un long hiver glacial. Le vent agita le lourd rabat
devant l’entrée faite de défenses de mammouth. Ayla distingua, au-dessus de l’arche,
le crâne du lion des cavernes. Le Camp du Lion, vidé de son peuple, semblait
désolé. Ayla des Mamutoï frissonna sous l’effet d’une soudaine angoisse.
30
Les grandes plaines herbeuses, généreuse source de vie dans ces
régions froides, montraient encore, sur le passage du Camp du Lion, un autre
aspect du cycle du renouveau. Les fleurs des derniers iris nains, jaunes ou d’un
bleu violacé, commençaient à se faner tout en conservant leurs couleurs, et les
pivoines aux feuilles découpées étaient en pleine floraison. A la vue d’un
large lit de ces corolles d’un rouge sombre, qui couvrait toute la dépression
entre deux collines, les voyageurs se récrièrent de surprise et d’émerveillement.
Mais c’étaient le pâturin, la fétuque et la stipe plumeuse qui prédominaient et
faisaient de la steppe une mer onduleuse d’argent, soulignée par les ombres de
la sauge bleue. Plus tard, quand l’herbe jeune aurait mûri, quand la stipe
aurait perdu ses plumes, les riches plaines passeraient de l’argent à l’or.
Le jeune loup prenait un vif plaisir à découvrir la multitude de
petits animaux qui vivaient dans la vaste prairie. Il se lançait à la poursuite
des putois et des hermines revêtues de leur brun manteau d’été mais reculait
devant les intrépides carnassiers qui lui tenaient tête. Quand les mulots, les
campagnols, les musaraignes, accoutumés à déjouer la poursuite des renards, se
faufilaient dans les trous creusés juste sous la surface du sol, Loup partait à
la chasse des gerbilles, des hamsters, des hérissons aux longues oreilles,
hérissés de piquants. Ayla riait de son sursaut de surprise lorsqu’une gerboise
à la queue épaisse, aux courtes pattes de devant, aux longues
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