Les chasseurs de mammouths
s’assit.
— Vous ne m’en voudrez pas, j’espère. Je suis vraiment très
fatiguée. Ne veux-tu pas t’asseoir près de moi, Marlie ?
Marlie accepta. Elle tremblait légèrement. Au bout d’un moment,
elle sourit.
— Merci, Ayla. Je n’avais pas l’intention de rester ici si
longtemps. Comment as-tu su que j’avais des vertiges ?
— C’est une Femme Qui Guérit, déclara Deegie.
— Elle invoque et elle guérit. Voilà une bien étrange
combinaison. Je ne m’étonne plus que le Foyer du Mammouth ait voulu se l’attacher.
— J’aimerais préparer quelque chose pour toi, si tu veux
bien le prendre, dit Ayla.
— D’autres m’ont examinée, mais tu peux encore essayer,
Ayla. Voyons, avant d’enterrer définitivement le sujet, j’ai encore une
question à poser : étais-tu certaine que le loup ne ferait aucun mal à cet
homme ? Ayla prit un temps très bref avant de répondre.
— Non, je n’en étais pas certaine. Il est encore très
jeune, et ses réactions ne sont pas toujours prévisibles. Mais je jugeais que j’étais
assez près pour briser son attaque s’il ne s’arrêtait pas à temps de lui-même.
Marlie hocha la tête d’un air entendu.
— Les gens ne sont pas toujours absolument prévisibles. On
ne saurait s’attendre à ce que des animaux le soient. Si tu m’avais fait une
autre réponse, je ne t’aurais pas crue. Dès qu’il sera remis, Chaleg va se
plaindre, tu sais, pour sauver la face. Il formulera sa plainte devant le
Conseil des Frères qui nous la transmettra.
— « Nous » ?
— Le Conseil des Sœurs, expliqua Tulie. Les Sœurs
représentent l’autorité sans appel. Elles sont plus proches de la Mère.
Marlie reprit :
— Je suis heureuse d’avoir assisté à toute l’affaire. Je n’aurai
plus à me soucier de faire le tri entre plusieurs histoires contradictoires, de
toute manière incroyables.
Elle reporta son regard sur les chevaux, puis sur Loup.
— Ils me paraissent parfaitement normaux. Ce ne sont pas
des esprits ni d’autres créations magiques. Dis-moi, Ayla, que mangent-ils
quand ils sont avec toi ? Car ils mangent, n’est-ce pas ?
— Ce qu’ils mangent d’ordinaire. Pour Loup, c’est surtout
de la viande, cuite ou crue. Il est comme tout le monde, dans l’habitation, il
mange comme moi, même des légumes. Parfois, je chasse pour lui, mais il devient
très habile à attraper seul des mulots ou d’autres petits animaux. Les chevaux
se nourrissent d’herbe et de grains. Je pensais les emmener bientôt dans cette
prairie de l’autre côté de la rivière pour les y laisser quelque temps.
Valez porta son regard vers l’autre rive, le ramena sur Talut.
Ayla devina ce qu’il pensait.
— Ça m’ennuie de te le dire, Ayla, mais il pourrait être
dangereux de les laisser seuls là-bas.
— Pourquoi ? questionna-t-elle, une nuance d’affolement
dans la voix.
— A cause des chasseurs. Ils ressemblent à n’importe quels
autres chevaux, la jument surtout. Le poil sombre du jeune est plus inhabituel.
Nous pourrions peut-être faire passer le mot de ne tuer aucun cheval brun,
surtout s’il paraît familier. Mais l’autre... Un cheval sur deux, sur la steppe,
est de cette couleur, et je ne crois pas que nous puissions demander à nos gens
de ne plus tuer de chevaux. Pour certains, c’est leur viande préférée, expliqua
Valez.
— Alors, je resterai avec elle, dit Ayla.
— Ce n’est pas possible ! s’écria Deegie. Tu manquerais
tout ce qui va se passer.
— Je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose. Je serai
obligée de manquer les festivités.
— Ce serait dommage, dit Tulie.
— Tu n’as pas une idée ? demanda Deegie.
— Non... dit Ayla. Si seulement elle était brune, elle
aussi.
— Eh bien, pourquoi ne pas la teindre ?
— La teindre ? Mais comment ?
— Si nous mélangions des couleurs, comme je le fais pour le
cuir, et si nous la frottions avec le mélange ?
Ayla réfléchit un instant.
— Ça ne suffirait pas, je pense. Ton idée est bonne,
Deegie, mais la teindre en brun ne ferait pas vraiment de différence. Rapide
lui-même resterait en danger. Un cheval brun est toujours un cheval, et, si
quelqu’un chasse le cheval, il aura du mal à se rappeler qu’il ne doit pas tuer
les chevaux bruns.
— C’est vrai, approuva Talut. Un chasseur pense avant tout
à la chasse, et deux chevaux bruns qui n’ont pas peur des gens feraient des
cibles
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