Les chasseurs de mammouths
de Rydag, Loup vint
calmement reprendre sa place près de l’enfant. Il avait l’air très satisfait de
lui-même. Il se tourna, se retourna à plusieurs reprises, avant de se coucher
le museau sur les pattes, les yeux fixés sur Ayla.
Ils avaient pris un risque, se disait intérieurement la jeune femme.
Cependant, le signal n’était pas tout à fait celui d’attaquer. Il s’agissait d’un
jeu auquel les enfants jouaient avec Loup : une attaque simulée qui était
aussi un jeu naturel entre les louveteaux. On avait simplement enseigné à Loup
à se retenir de mordre. Quand Ayla chassait avec lui et qu’elle voulait lui
faire lever du gibier, elle utilisait un signal semblable. Certes, il lui
arrivait de bondir et de tuer l’animal pour son propre compte, mais cela n’avait
rien du signal qui l’aurait lancé dans une véritable attaque contre un être
humain. Loup n’avait pas touché l’homme. Il s’était contenté de bondir sur lui.
Le danger, c’était qu’il avait eu la possibilité de le tuer. Les loups, la
jeune femme le savait, se montraient très protecteurs en ce qui concernait leur
territoire ou leur troupe. Ils étaient capables de tuer pour les défendre.
Cependant, en regardant revenir l’animal, elle se dit que, si les loups avaient
su rire, il aurait ri. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il savait ce qui
se passait : il s’agissait de jouer un bon tour, et il savait précisément
comment s’y prendre. L’attaque n’avait pas été une simple feinte, ses
mouvements n’avaient pas donné l’impression d’un jeu. Il avait donné tous les
signes d’une agression. Simplement, il s’était arrêté avant la conclusion. Se
trouver soudain en présence d’une masse de gens avait représenté une épreuve
pour le jeune loup, mais il s’était acquitté à merveille de son rôle. Le seul
plaisir de voir l’expression de terreur répandue sur le visage de l’homme
valait bien la peine d’avoir pris le risque. Rydag n’était pas un animal !
Branag paraissait un peu choqué, mais Deegie arborait un large
sourire, lorsqu’ils rejoignirent Tulie et Talut avec un autre couple. Ayla fut
cérémonieusement présentée aux deux chefs du Camp qui les recevait et elle
comprit aussitôt ce que tout le monde savait déjà. Marlie était gravement
malade. Elle n’aurait même pas dû se trouver là, se dit Ayla. Mentalement, elle
prescrivait pour elle des remèdes, des préparations. A voir le teint de la
femme, l’expression de ses yeux, la texture de sa peau et de ses cheveux, elle
se demandait si quelque chose pouvait encore lui venir en aide mais, en même
temps, elle sentait sa force de caractère : elle ne lâcherait pas
facilement. Cette résistance pouvait être plus efficace que tous les remèdes.
— Tu nous as offert une remarquable démonstration, Ayla,
dit Marlie.
Elle avait remarqué l’intéressante particularité de
prononciation de la jeune femme.
— Était-ce l’enfant ou toi qui commandiez le loup ?
— Je n’en sais rien, répondit Ayla en souriant. Loup répond
à des signaux, mais nous lui en avons donné tous les deux.
— Loup ? Tu dis ce mot comme si c’était son nom,
remarqua Valez.
— C’est son nom.
— Les chevaux ont-ils des noms, eux aussi ? demanda
Marlie.
— La jument s’appelle Whinney.
Ayla prolongeait la dernière syllabe à la manière d’un
hennissement. La jument répondit, ce qui fit naître sur les visages du petit
groupe des sourires peut-être un peu nerveux.
— L’étalon est son fils, continua Ayla. Jondalar l’a nommé
Rapide dans sa langue, c’est un mot qui désigne quelqu’un qui court très vite
et qui aime arriver le premier.
Marlie hocha la tête. La jeune femme la dévisagea un instant,
avant de se tourner vers Talut.
— Je me sens très fatiguée, après avoir construit cet abri
pour les chevaux. Tu vois cette grosse bûche ? Voudrais-tu l’apporter
jusqu’ici, pour que je puisse m’asseoir ?
Le géant fut un instant totalement déconcerté. Cela ne
ressemblait pas à Ayla. Jamais elle n’aurait fait pareille demande, surtout au
beau milieu d’une conversation avec la Femme Qui Ordonne du Camp. Si quelqu’un
avait besoin d’un siège, c’était bien Marlie. Et l’idée le frappa soudain. Mais
bien sûr ! Pourquoi n’y avait-il pas songé plus tôt ? Il se hâta d’aller
chercher la bûche et la manœuvra lui-même jusqu’au petit groupe.
Ayla
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