Les chasseurs de mammouths
pieds rouges l’année dernière et
cette année, elle a un petit garçon. La fille de Toralie avait la peau noire
comme la tienne, tandis que ce garçon à la peau claire et des cheveux roux
comme les siens. Mais il te ressemble beaucoup, il a le même nez que toi et
exactement tes traits. Elle l’a appelé Ralev.
Ayla regarda Ranec en souriant d’un air bizarre. Elle remarqua
que son visage semblait encore plus sombre qu’à l’ordinaire. Il rougit,
songea-t-elle. Mais pour le savoir, il faut bien le connaître. Je suis sûre qu’il
se souvient de Tricie.
— Si nous y allions, proposa Ranec en la prenant par la
taille, comme s’il était brusquement pressé de traverser la clairière.
Mais Ayla lui résista un court instant.
— Cette rencontre était très intéressante, Mygie, dit-elle.
J’espère que nous aurons à nouveau l’occasion de parler ensemble. Puis, se
tournant vers le fils de Nezzie, elle continua :
— Cela m’a fait plaisir de rencontrer tes amis, Danug.
(Elle lui sourit ainsi qu’à Druwez, un de ses sourires à vous couper le
souffle.) J’ai été heureuse de faire votre connaissance, ajouta-t-elle en
regardant chacun à leur tour les amis de Danug.
Le jeune homme la regarda s’éloigner en compagnie de Ranec.
— J’aurais bien aimé qu’Ayla ait les pieds rouges,
avoua-t-il avec un soupir.
Un murmure d’approbation suivit cette déclaration.
Quand Ayla et Ranec passèrent devant la grande hutte cernée sur
trois de ses côtés par la clairière, la jeune femme entendit le son d’un
tambour et un autre son qui lui était inconnu. Elle jeta un coup d’œil en
direction de l’entrée, mais celle-ci était fermée. Au moment où ils allaient
pénétrer dans un autre Camp qui se trouvait en lisière de la clairière, une
femme leur barra la route. Elle était plus petite que la moyenne et sa peau d’un
blanc laiteux était parsemée de taches de rousseur. Ses yeux bruns, pailletés d’or
et de vert, brillaient de colère.
— Tu es donc arrivé avec le Camp du Lion, Ranec, dit-elle.
Pourquoi ne t’es-tu pas arrêté à notre hutte pour dire bonjour ? En ne te
voyant pas, j’ai pensé que tu t’étais noyé dans la rivière ou que tu avais été
écrasé par les sabots d’un troupeau, ajouta-t-elle d’une voix venimeuse.
— Tricie ! Je... euh... J’avais l’intention de passer
mais... il a fallu installer le Camp.
Lui qui avait un tel bagou d’habitude, il semblait avoir perdu
sa langue et s’il n’avait pas eu la peau noire, son visage aurait été en cet
instant aussi rouge que les pieds de Mygie.
— Tu ne me présentes pas à ton amie, Ranec ? demanda
la jeune femme d’un air sarcastique.
— Si, bien sûr. Ayla, voici Tricie, une de mes... amies.
— J’aurais aimé te montrer quelque chose, dit Tricie, en
ignorant grossièrement les présentations. Mais je suppose que ça n’a plus d’importance
maintenant. Une Promesse qui n’est pas officielle ne signifie pas grand-chose.
Je suppose que c’est la femme à laquelle tu vas t’unir lors de la Cérémonie de
l’Union de la saison.
Il y avait dans sa voix une note douloureuse, en plus de la
colère. Ayla avait deviné quel était le problème, elle plaignait Tricie et se
demandait comment elle allait s’y prendre pour sortir de cette situation délicate.
Elle s’avança vers elle et lui dit, les deux mains tendues :
— Tricie, je suis Ayla des Mamutoï, fille du Foyer du
Mammouth du Camp du Lion et sous la protection du Lion des Cavernes.
Cette présentation en règle rappela à Tricie qu’elle était la
fille d’une Femme Qui Ordonne et que c’était le Camp du Loup qui accueillait
cette année la Réunion d’Été. Cela lui conférait des responsabilités.
— Au nom de Mut, la Grande Mère, le Camp du Loup te
souhaite la bienvenue, Ayla des Mamutoï, dit-elle.
— On m’a dit que tu étais la fille de Marlie.
— Oui, répondit Tricie.
— J’ai eu l’occasion de faire sa connaissance. C’est une
femme remarquable. Je suis heureuse de te connaître.
Ayla entendit le soupir de soulagement de Ranec. Elle lui jeta
un coup d’œil puis, regardant par-dessus son épaule, aperçut Deegie qui se
dirigeait vers la hutte où elle avait entendu le son du tambour. Elle se dit
soudain qu’il valait mieux laisser Ranec seul avec Tricie.
— Ranec, j’aperçois Deegie, dit-elle. Il y a quelque chose
dont j’aimerais parler avec elle. J’irai voir les
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