Les chasseurs de mammouths
d’eux. Ils
avaient peur d’elle et la haïssaient. Jondalar l’avait prévenue et il avait
essayé de l’y préparer lorsqu’ils vivaient ensemble dans la vallée. Mais même
si elle avait vraiment su ce qui l’attendait, cela n’aurait rien changé. Elle
ne les aurait pas laissés s’acharner sur Rydag ou dire du mal de son fils.
Ayla n’était pas seule à ne pas trouver le sommeil. Jondalar
était dans le même cas. Il l’avait vue se lever et, debout à l’entrée de la
tente, il la regardait de loin. Ce n’était pas la première fois qu’il la voyait
serrer Whinney dans ses bras. Il était content qu’elle puisse se consoler avec
les animaux, mais il souffrait de ne pas être à la place de la jument.
Malheureusement, il était trop tard : elle ne voulait plus de lui. Et il
ne pouvait pas le lui reprocher. Brusquement, il voyait clair en lui-même et
ses propres actions lui apparaissaient sous un nouveau jour : il avait été
l’artisan de sa propre perte. Au début, il avait voulu se montrer beau joueur
et la laisser choisir entre Ranec et lui. Mais ce n’était qu’un prétexte. En
réalité, il s’était détourné d’elle parce qu’il crevait de jalousie. Comme il
souffrait, il avait voulu la faire souffrir à son tour.
Reconnais qu’il n’y avait pas que ça, se dit-il. Même si tu
souffrais, tu aurais dû penser à la manière dont elle avait été élevée. Pour
elle, le fait que tu sois jaloux ne signifiait strictement rien. Quand elle a
rejoint la couche de Ranec cette nuit-là, elle se comportait seulement en bonne
femme du Clan. C’était ça le problème : son passé au sein du Clan. Tu en
avais honte. Tu avais honte de l’aimer. Tu craignais de devoir affronter une
scène comme celle qui a eu lieu aujourd’hui. Tu ne savais pas si tu
supporterais qu’on la traite ainsi. Tu avais beau dire que tu l’aimais, tu n’étais
pas certain que tu prendrais son parti. Ce qui est honteux, ce n’est pas de l’aimer
comme tu l’aimes, mais ta lâcheté. Et maintenant, il est trop tard. Elle n’a
plus besoin de toi. Elle est assez forte pour se défendre toute seule et tout
le Camp du Lion est venu à sa rescousse. Non seulement elle n’a pas besoin de
toi, mais tu ne la mérites pas.
Finalement, comme il faisait froid, Ayla se décida à rentrer.
Elle jeta un coup d’œil à l’endroit où était couché Jondalar : il était
allongé sur le côté, la tête tournée vers la paroi de la tente, et elle ne put
voir son visage. Au moment où elle se glissait dans sa couche, Ranec tendit la
main vers elle dans son sommeil. Ayla savait qu’il l’aimait. Et elle aussi,
elle l’aimait à sa manière. Elle resta étendue sans bouger à écouter la
respiration régulière de Ranec. Au bout d’un certain temps, celui-ci se
retourna et sa main disparut.
Ayla aurait bien aimé s’endormir, mais elle ne pouvait s’empêcher
de réfléchir. Elle avait pensé aller chercher Durc et le ramener au Camp du
Lion pour qu’il vive avec elle. Maintenant, elle se demandait si c’était
vraiment la bonne solution. Serait-il plus heureux en vivant ici avec elle que
s’il restait au sein du Clan ? Ne risquait-il pas de souffrir s’il vivait
parmi des gens qui le haïssaient ? Des gens qui lui diraient qu’il était
mi-bête, mi-homme, qui le traiteraient de Tête Plate et de monstre ? Il
faisait partie du Clan et, là-bas, on l’aimait. Même si Broud le détestait,
cela ne l’empêcherait pas de se faire des amis lors du Rassemblement du Clan.
Il était accepté, avait le droit de participer aux cérémonies et aux concours – peut-être
même avait-il hérité des souvenirs du Clan.
Si elle ne le ramenait pas ici, pouvait-elle retourner dans le
Clan pour vivre avec lui ? Maintenant qu’elle avait vécu avec ses
semblables, accepterait-elle de se plier à nouveau au mode de vie du
Clan ? Jamais ils ne lui permettraient de garder des animaux.
Pourrait-elle renoncer à Whinney, à Rapide et à Loup pour n’être plus que la
mère de Durc ? Durc avait-il vraiment besoin d’une mère ? Quand elle
était partie, ce n’était encore qu’un bébé. Mais il avait grandi et Brun devait
maintenant être en train de lui apprendre à chasser.
Il avait déjà dû tuer du petit gibier et le ramener à Uba pour
le lui montrer. Ayla sourit en imaginant la scène. Uba devait être fière de lui
et elle avait dû lui dire qu’il était un grand chasseur.
Durc a une mère ! se
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