Les chasseurs de mammouths
rafale souleva
les flocons impalpables, les balaya dans les trous, dans les anfractuosités,
avant de ramasser les blancs cristaux pour les précipiter à travers l’espace.
Les minuscules projectiles de glace vinrent cribler le visage d’Ayla.
Il faisait chaud cependant à l’intérieur, bien plus chaud que
dans une caverne ordinaire. Elle avait enfilé sa pelisse de fourrure pour
sortir. Elle entendit hennir Whinney. La jument et le poulain, celui-ci
toujours attaché à sa longe, s’étaient écartés le plus possible des humains et
de leurs activités. Ayla se dirigea vers eux, prit le temps de se retourner
vers Deegie pour lui sourire. La jeune femme lui rendit son sourire, avant de
partir à la recherche de Branag.
La jument, soulagée de voir Ayla approcher, l’accueillit en
encensant [1] ,
avec de petits hennissements. Ayla débarrassa Rapide de sa bride, emmena les
deux bêtes vers la rivière, de l’autre côté du méandre. Dès que le Camp fut
hors de vue, Whinney et Rapide se détendirent et, après s’être manifesté leur
mutuelle affection, ils se mirent à paître l’herbe sèche et cassante.
Avant de remonter la pente, Ayla s’arrêta derrière un buisson.
Elle dénoua la lanière qui retenait ses jambières mais, même ainsi, elle ne
savait trop que faire pour leur éviter d’être mouillées quand elle urinerait.
Elle se trouvait toujours devant les mêmes difficultés depuis qu’elle s’était
mise à porter ce genre de vêtements. Elle les avait travaillés et cousus d’après
ceux qu’elle avait confectionnés pour Jondalar, sur le modèle de la tenue qu’il
portait et qui avait été mise en lambeaux par le lion, mais elle ne les avait
pas mis avant leur départ pour cette exploration. Jondalar avait semblé si heureux
de la voir vêtue comme lui qu’elle s’était décidée à abandonner la pièce de
cuir souple qu’elle enroulait autour de son corps à la manière des femmes du
Clan. Néanmoins, elle n’avait pas encore découvert comment venir facilement à
bout de l’accomplissement des besoins naturels. Elle ne voulait pas questionner
Jondalar. C’était un homme. Comment saurait-il la façon dont une femme se
tirait d’affaire ?
Mais il fallait, pour cela, qu’elle ôtât les mocassins dont la
tige, assez haute, enveloppait le bas de ses jambières étroites qu’elle fit
glisser. Elle écarta ensuite les jambes, se pencha en avant comme elle l’avait
toujours fait. Elle se tenait debout sur un pied pour se rhabiller quand son
regard se posa sur le courant calme de la rivière. Elle changea d’avis, passa
par-dessus sa tête pelisse et tunique, détacha de son cou son amulette et
descendit vers la berge. Elle devait se livrer au rituel de purification et
elle avait toujours aimé nager un moment, le matin.
Elle avait prévu de se rincer la bouche et de laver son visage
et ses mains. Elle se demandait comment s’y prenaient ces gens pour se
nettoyer. Quand elle ne pouvait faire autrement, si la provision de bois était
enfouie sous la neige, si le vent faisait rage dans la caverne, ou si l’eau
était gelée au point qu’on avait peine à en casser suffisamment, même pour
boire, elle pouvait se passer de se laver mais elle préférait être propre. Par
ailleurs, elle conservait encore l’arrière-pensée d’un rituel, d’une cérémonie
de purification, après cette première nuit passée dans la caverne
semi-souterraine des Autres.
Elle regardait l’eau. Le courant était rapide, au milieu du lit,
mais de transparentes plaques de glace recouvraient la surface des bras morts
de la rivière et frangeaient de blanc les bords. Une langue de terre, couverte
d’une herbe rare, sèche et décolorée, s’avançait dans l’eau, ménageant avec la
berge un bassin calme. Un bouleau solitaire, réduit à la taille d’un buisson,
poussait là.
Ayla s’avança vers le bassin, y entra, brisant la glace parfaitement
unie qui le recouvrait. Elle retint son souffle sous l’effet d’un violent
frisson, s’accrocha d’une main à une branche squelettique du bouleau nain pour
conserver son équilibre en avançant dans le courant. Un coup de vent glacial
fouetta sa peau nue, qui se hérissa de chair de poule, et lui rabattit les
cheveux sur la figure. Elle serra les dents, s’aventura en eau plus profonde.
Lorsqu’elle en eut jusqu’à la taille, elle s’aspergea le visage, avant de s’accroupir
pour s’y plonger jusqu’au cou, non sans reprendre
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