Les chasseurs de mammouths
fois
taillés, font de bonnes rames, pour pousser le bateau sur l’eau, expliqua
Deegie.
— Pourquoi mettre bateaux ronds au-dessus de galerie ?
— Nous les rangeons toujours là-haut quand nous ne nous en
servons pas mais, en hiver, nous les plaçons sur les trous à fumée, pour
empêcher la pluie et la neige d’y pénétrer. Il faut ménager un espace pour le
passage de la fumée et afin de pouvoir, de l’intérieur, déplacer le bateau et
le secouer, lorsque la neige s’accumule.
Tout en marchant, Ayla se félicitait de connaître Deegie. Uba
avait été pour elle une sœur, et elle l’aimait, mais Uba était plus jeune, et c’était
la véritable fille d’Iza, ce qui avait toujours fait une différence. Jamais
Ayla n’avait connu une fille de son âge qui semblait comprendre tout ce qu’elle
disait, et avec laquelle elle avait tant en commun.
Elles posèrent la lourde panse sur le sol afin de prendre un
instant de repos.
— Ayla, montre-moi comment on dit « je t’aime »
avec les mains. Je le ferai pour Branag quand je le reverrai, dit Deegie.
— Clan n’a pas signe comme ça.
— Ils ne s’aiment donc pas ? A t’entendre, ils
paraissaient tellement humains. Je pensais qu’ils pouvaient éprouver l’amour.
— Oui, ils s’aiment mais ils sont... discrets... Non, n’est
pas bon mot...
— « Subtils » est le mot que tu cherches, je
crois.
— Subtils... dans la manière montrer sentiments. Mère
pourrait dire à enfant : « Tu remplis moi de bonheur », continua
Ayla, en faisant pour Deegie le signe correspondant. Mais femme ne serait pas
si... ouverte... non, franche ?
Ayla attendit l’approbation de Deegie, avant de
poursuivre :
— Franche à propos de sentiments pour homme.
Son amie était intriguée.
— Que ferait-elle ? J’ai bien dû faire connaître mes
sentiments à Branag, quand j’ai découvert qu’il m’avait observée, aux Réunions
d’Été, comme je l’avais fait moi-même pour lui. Je me demande ce que j’aurais
fait si je n’avais pas pu lui parler.
— Femme de Clan ne parle pas, elle montre. Femme fait
choses pour homme qu’elle aime, prépare nourriture préférée, donne infusion préférée
le matin, quand il s’éveille. Fait vêtements particuliers : vêtements de
dessous avec peau très souple ou mocassins avec fourrure dedans. Encore mieux
si femme sait ce qu’il veut avant qu’il demande. Montre elle est très attentive
à apprendre habitudes, caractère, elle connaît homme, elle aime.
Deegie hocha la tête.
— C’est un moyen de prouver son amour. C’est très bien de
chercher à se faire plaisir l’un à l’autre. Mais comment une femme peut-elle
savoir que l’homme l’aime ? Que fait un homme pour une femme ?
— Un jour, Goov court danger pour tuer léopard des neiges
qui faisait peur à Ovra parce que rôdait trop près de caverne. Elle sait il a
tué pour elle. Pourtant, il donne peau à Creb, et Iza fait avec vêtement pour
moi, expliqua Ayla.
— Ça, c’est très subtil. Je ne sais pas trop si j’aurais
compris, fit Deegie en riant. Comment sais-tu qu’il l’a fait pour elle ?
— Ovra m’a dit, plus tard. Savais pas, alors. Encore jeune.
Apprenais encore. Signes par mains pas langage entier de Clan. Beaucoup plus dit
par visage, yeux, corps. Façon de marcher, tourner tête, raidir épaules dit
plus que mots, si tu connais sens. Très long temps nécessaire pour apprendre
langage de Clan.
— J’en suis surprise : tu as si vite appris le
mamutoï ! Je t’observe tu fais des progrès de jour en jour. Je voudrais
bien avoir ton don des langues.
— Parle pas encore bien. Beaucoup mots ne sais pas. Mais
pense à mots comme langage de Clan. Écoute mots et regarde air de visage,
écoute sons, sens comment mots s’accordent, vois comment corps bouge... Essaie
me rappeler. Quand montre, à Rydag et autres, signes par mains, apprends aussi.
Apprends mieux langage à vous. Dois apprendre, Deegie, ajouta Ayla, avec une
ardeur qui traduisait sa volonté.
— Ce n’est pas seulement un jeu pour toi, n’est-ce
pas ? Comme les signes pour nous ? C’est amusant de penser qu’à la
Réunion d’Été, nous pourrons converser entre nous sans que personne s’en doute.
— Suis heureuse tout le monde s’amuse et veut savoir plus.
Pour Rydag, s’amuse maintenant, mais n’est pas jeu pour lui.
— Non, tu as sans doute raison.
Elles firent un mouvement pour reprendre la
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