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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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à une démonstration de précision, tu devrais la voir se servir d’une
fronde. Son habileté dans ce domaine, je crois, lui donne un avantage avec ce
propulseur.
    Ayla reprit son souffle, sans même avoir eu conscience de l’avoir
retenu. Pendant que Jondalar continuait à parler avec Talut, elle alla chercher
son propulseur et ses sagaies. Elle avait encore peine à croire que cet homme,
qui faisait partie des Autres, avait accepté son désir de chasser et son
habileté dans cette activité. Il parlait tout naturellement de son talent et
semblait assuré que Talut et le Camp du Lion accepteraient eux aussi de la voir
se joindre à eux. Elle jeta un coup d’œil vers Deegie : qu’allait en
penser une femme ?
    — Si tu dois utiliser une nouvelle arme à la chasse, Talut,
tu devrais en avertir ma mère, déclara Deegie. Tu sais qu’elle voudra la voir,
elle aussi. Je ferais bien d’aller chercher mes sagaies et mon équipement. Une
tente aussi : nous passerons probablement la nuit.
    Après le repas du matin, Talut fit signe à Wymez. Dans le foyer
où l’on faisait la cuisine, ils s’accroupirent près de l’un des petits feux, là
où le sol était recouvert d’une fine poussière, et où la lumière tombait droit
sur eux du trou de fumée. Un outil, fait d’un tibia de cerf, était enfoncé en
terre. Il avait la forme d’un couteau ou d’une dague très aiguë. Un bord droit,
non effilé, allait de la cavité de la rotule jusqu’à la pointe. Talut le prit
par l’extrémité la plus large. Il se servit du tranchant émoussé pour aplanir
la poussière, avant d’utiliser la pointe pour dessiner sur cette surface des
lignes et des signes. Plusieurs personnes se groupèrent alentour.
    — Wymez dit qu’il a vu les bisons non loin des trois
affleurements rocheux qu’on trouve vers le nord-est, près de l’affluent de la
petite rivière qui se déverse en amont, entreprit d’expliquer l’Homme Qui
Ordonne.
    En même temps, il dessinait une carte grossière de la région.
    C’était plutôt un dessin schématique qu’une reproduction
visuelle approximative. Il n’était pas nécessaire de reproduire le lieu avec
précision. Les gens du Camp du Lion connaissaient parfaitement leur région, et
le dessin n’était qu’un aide-mémoire destiné à leur rappeler un endroit qui
leur était familier. Il consistait en lignes et en signes conventionnels qui
représentaient des points de repère ou des idées déjà acquises.
    La carte de Talut ne montrait pas le cours de la rivière à
travers le territoire : elle ne représentait pas le paysage à vol d’oiseau.
Talut figura la rivière par des chevrons qu’il rattacha aux deux extrémités d’une
ligne droite pour indiquer un affluent. Dans leur environnement plat, les
rivières étaient des étendues d’eau qui, parfois, se rejoignaient.
    Ils savaient d’où venaient les rivières et où elles
conduisaient. Ils n’ignoraient pas qu’on pouvait les suivre pour gagner
certaines destinations. Mais on avait aussi d’autres points de repère, et un
épaulement rocheux était moins susceptible de changer d’aspect. Dans une région
si proche d’un glacier et pourtant sujette aux changements saisonniers, la
glace et le gel permanent de certaines couches de terrain pouvaient entraîner d’incroyables
altérations du paysage. La fonte des glaces et le déluge qui s’ensuivait
pouvaient modifier le cours d’une rivière d’une saison à l’autre, comme les
monticules de glace de l’hiver se transformaient l’été en bourbiers. Les
chasseurs de mammouths pensaient leur territoire comme un tout, dont les
rivières étaient seulement un élément.
    Talut ne concevait pas d’utiliser une échelle pour figurer la
longueur d’un cours d’eau ou d’une piste selon des unités bien définies. De
telles mesures n’avaient pas grande signification. Pour ces hommes, l’éloignement
d’un lieu par rapport à un autre ne se mesurait pas : il s’agissait de
savoir combien de temps il faudrait pour couvrir la distance, et cela se
présentait plus aisément par une série de lignes correspondant au nombre de
jours ou par quelque autre figuration par signes. Même ainsi, un endroit
déterminé pouvait être plus éloigné pour certains marcheurs que pour d’autres
ou paraître plus lointain selon la saison, parce qu’il faudrait parfois plus de
temps pour s’y rendre. La distance parcourue par le Camp tout entier se
mesurait au laps de

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