Les chasseurs de mammouths
exigences abusives, ce
qui arrivait parfois, mais parce que le perdant devait s’assurer que la gageure
était satisfaite, et qu’aucune autre réclamation ne pourrait être représentée.
Qui pouvait savoir ce que demanderait cet étranger ?
— Sur l’avenir ? Oui, répondit Tulie.
Elle ne précisa pas sa pensée : de toute façon, si Jondalar
gagnait, s’il était vraiment capable de faire ce qu’il disait, elle ne perdrait
rien, puisque le Camp pourrait se procurer une arme nouvelle des plus
précieuses. S’il perdait, elle aurait une créance sur lui.
— Qu’en dis-tu, Jondalar ?
Tulie était rusée, mais Jondalar sourit. Il avait déjà parié sur
l’avenir de telles gageures donnaient plus de saveur au jeu et accroissaient l’intérêt
chez les spectateurs. Il avait envie de partager le secret de son invention. Il
voulait voir comment elle serait acceptée et comment elle fonctionnerait dans
une chasse en groupe. C’était le prochain pas logique à franchir pour mettre à
l’épreuve sa nouvelle arme de chasse. Avec un peu d’expérience et d’entraînement,
n’importe qui pourrait s’en servir. C’était ce qui en faisait la valeur. Mais
il fallait du temps pour s’entraîner, pour apprendre la nouvelle technique. De
l’ardeur, de l’enthousiasme seraient nécessaires. La gageure aiderait à les
faire naître... Et il aurait une créance sur Tulie. Il n’en doutait pas.
— D’accord ! dit-il.
Ayla suivait cet affrontement verbal. Elle ne comprenait pas
tout à fait ce qui était en jeu. Elle savait seulement qu’il était question d’une
compétition et elle sentait qu’il y avait autre chose sous les propos échangés.
— Allons dresser des cibles et poser des jalons, dit
Barzec, assumant ainsi l’organisation du concours. Druwez, va avec Danug
chercher des os longs, pour en faire des poteaux.
Il sourit en regardant les deux garçons descendre la pente en
courant. Danug, si semblable à Talut, dépassait de beaucoup par la taille son
compagnon, mais, à treize ans, Druwez commençait à montrer une musculature
compacte qui rappelait celle de Barzec.
Celui-ci était convaincu que ce garçon et la petite Tusie
étaient le produit de son esprit, tout comme Deegie et Tarneg étaient
probablement issus de celui de Darnev. Pour Brinan, il n’était pas sûr. Huit
années s’étaient écoulées depuis sa naissance, mais c’était encore difficile à
dire. Mut avait pu choisir un autre esprit, plutôt que celui d’un des deux
hommes qui vivaient au Foyer de l’Aurochs. Brinan ressemblait à Tulie, il avait
les cheveux rouges du frère de celle-ci mais une apparence qui n’appartenait qu’à
lui. Darnev avait eu la même impression. Barzec sentit sa gorge se
serrer : l’espace d’un instant, il eut douloureusement conscience de l’absence
de l’autre compagnon de Tulie. Sans Darnev, rien n’était plus pareil, pensait
Barzec. Après deux ans, il le regrettait encore autant que Tulie.
Quand on eut fini de dresser, le long de la ligne de tir, des
tibias de mammouths surmontés de queues de renards roux et coiffés de paniers d’herbe
tressée teinte en couleurs vives, la journée commença à prendre un air de fête.
A partir de chaque poteau, des gerbes de longues herbes, encore en terre,
furent nouées entre elles pour former une large piste. Les enfants y couraient
d’un bout à l’autre : ils piétinaient l’herbe, ce qui délimitait mieux
encore l’espace jalonné. D’autres apportèrent les sagaies. Quelqu’un eut l’idée
de bourrer une vieille paillasse d’herbe et de bouse de mammouth séchée, qu’on
marqua ensuite de dessins au charbon de bois afin d’en faire une cible mobile.
Durant les préparatifs, qui semblaient se compliquer d’eux-mêmes,
Ayla entreprit de faire un repas pour Jondalar, Mamut et elle. Bientôt, le
Foyer du Lion tout entier y participa, pour permettre à Nezzie de cuisiner son
ragoût. Talut proposa son breuvage fermenté, et, du coup, chacun eut l’impression
qu’il s’agissait d’une grande occasion : le chef, généralement, n’offrait
sa bouza qu’aux invités et pour les grandes fêtes. Ranec annonça alors
qu’il allait élaborer son plat spécial. Si Ayla fut surprise d’apprendre qu’il
savait cuisiner, tout le monde parut heureux à cette perspective. S’il devait y
avoir une fête, déclarèrent Tornec et Deegie, ils pourraient aussi bien...
faire quelque chose. Ayla n’avait pas bien
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