Les chasseurs de mammouths
préparer quelque chose pour le festin mais j’ai été
constamment dérangée. Après ça, Hartal s’est réveillé. Je lui ai donné le sein,
mais il n’est pas encore disposé à se rendormir.
Tronie trouva un endroit où s’installer, près du grand foyer
extérieur. Le bébé sur la hanche, Ayla la regarda décortiquer des graines de
tournesol prises dans une corbeille et les mettre dans le grand plat. A l’aide
d’une rotule – sans doute celle d’un rhinocéros laineux, pensa Ayla –,
elle écrasa les graines pour en faire une sorte de pâte. Après quoi, elle
emplit d’eau un autre panier. Elle prit deux baguettes d’os qu’on avait
taillées et façonnées de manière à les rendre bien droites. Elle s’en servit
habilement pour cueillir, d’une seule main, quelques pierres brûlantes dans le
feu. Les pierres tombèrent dans l’eau, dans un sifflement et un nuage de
vapeur. Tronie retira celles qui s’étaient refroidies, en ajouta d’autres
brûlantes, jusqu’au moment où l’eau se mit à bouillir. Elle plongea alors
dedans la pâte faite de graines de tournesol. Ayla, intriguée, suivait tous ses
mouvements.
Les graines, en cuisant, laissaient échapper leur huile. Tronie
se servait d’une grande cuiller pour la recueillir à la surface et la déposait
dans un autre récipient, fait, cette fois, d’écorce de bouleau. Lorsqu’elle en
eut recueilli le plus possible, elle ajouta des grains concassés, dont Ayla ne
reconnut pas l’origine, de petites graines noires d’ansérine, dans l’eau qui
bouillait toujours, assaisonna de quelques herbes, remit des pierres
bouillantes dans le mélange pour le garder en ébullition. Elle mit de côté les
récipients en écorce de bouleau pour laisser refroidir leur contenu. L’huile de
graines de tournesol figea. Du bout de la cuiller, Tronie la fit goûter à Ayla
qui la trouva délicieuse.
— C’est particulièrement bon sur les petites miches que
fait Tulie, expliqua Tronie. Voilà pourquoi je tenais à en préparer. Pendant
que j’avais de l’eau bouillante, j’ai pensé que je pourrais faire aussi quelque
chose pour le premier repas, demain matin. Personne ne tient à faire la
cuisine, un lendemain de fête, mais les enfants, eux, ont besoin de manger.
Merci de m’avoir aidée en t’occupant de Hartal.
— Pas dire merci. Est mon plaisir. Pas tenu petit enfant
depuis longtemps, dit Ayla.
C’était vrai, elle en prit soudain conscience. Elle se surprit à
examiner Hartal de plus près. Elle comparait par la pensée avec les enfants du
Clan. Hartal n’avait pas de protubérances au niveau des sourcils, mais elles n’étaient
pas non plus très développées chez les bébés du Clan. Il avait un front plus
droit, la tête plus ronde, mais, à cet âge, se disait-elle, ils n’étaient pas
si différents les uns des autres, sinon que Hartal riait et gazouillait, alors
que les enfants du Clan ne produisaient pas autant de sons.
Le petit commença de s’agiter un peu quand sa mère alla laver
les ustensiles dont elle s’était servie. Ayla le fit danser sur ses genoux,
avant de le changer de position pour le placer en face d’elle. Elle se mit à
lui parler, observa sa réaction intéressée. Il se calma un moment, mais pas
bien longtemps. Il allait se remettre à pleurer quand Ayla émit un long
sifflement. Surpris, il se tut pour l’écouter. Elle siffla de nouveau, cette
fois comme un oiseau.
Elle avait consacré bien des après-midi trop longs, du temps où
elle vivait seule dans sa vallée, à s’entraîner à imiter les chants et les
appels des oiseaux. Elle y était devenue si habile que certaines espèces
venaient quand elle sifflait. Mais ces oiseaux n’habitaient pas seulement dans
la vallée.
Pendant qu’elle s’évertuait ainsi à distraire l’enfant, quelques
oiseaux se posèrent non loin, entreprirent de picorer les grains et les graines
tombés des corbeilles de Tronie. Ayla les vit, continua de siffler, tendit un
doigt. Après un instant de méfiance, un pinson, plus courageux que les autres,
vint s’y percher. Prudemment, sans cesser de siffler pour calmer et intriguer à
la fois la petite créature, Ayla rapprocha l’oiseau pour permettre à l’enfant
de le voir. Celui-ci gloussa de plaisir, tendit son petit poing potelé. L’oiseau
s’envola.
Ce fut alors qu’à sa grande surprise Ayla entendit des
applaudissements. Le bruit des mains qui tapaient sur les cuisses lui fit
relever la
Weitere Kostenlose Bücher