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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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de lui parce qu’il n’obtenait rien, ni vengeance ni réparation, au sujet
de son épouse. « Je vais te donner un conseil, lui dit Arthur. Envoie vers
Tristan des musiciens avec des harpes pour lui faire entendre de loin de douces
harmonies. Puis, quand il se sera un peu calmé, tu lui enverras des poètes pour
lui réciter des chants de louange en son honneur. Je suis sûr qu’il sortira
ainsi de sa colère et de son ressentiment. – Je le ferai », dit Mark.
    On envoya donc des musiciens et des poètes auprès de Tristan.
Il les écouta et les appela pour leur distribuer de l’or et de l’argent. Mais
quand ils lui demandèrent de les suivre jusque vers Arthur, Tristan refusa tout
net. Les musiciens et les poètes revinrent donc rendre compte de l’échec de
leur mission. Le roi Mark s’impatientait de plus en plus. Alors, Arthur dit à
Gauvain : « Beau neveu, toi qui t’exprimes avec tant d’élégance dans
la voix et qui sais apaiser les querelles, va donc trouver Tristan, je te prie,
et fais en sorte qu’il revienne avec toi. – Je le ferai », dit Gauvain.
    Il s’en alla dans la forêt à la rencontre de Tristan. Quand
il le vit, Tristan dit : « N’approche pas plus avant. » Gauvain
répondit : « Bruyants sont les flots de la mer quand elle est haute. Qui
es-tu donc, chevalier aux allures impétueuses ? – Bruyants sont les flots
et la foudre. Laisse-les donc mugir dans leur fureur. Sache qu’au jour du
combat je suis Tristan. – Tristan aux paroles sans reproche, toi qui n’as
jamais fui dans un combat, je suis Gauvain et j’étais jadis ton compagnon. »
S’étant ainsi reconnus, les deux hommes conversèrent, et Gauvain mit tout son
talent à persuader Tristan de le suivre auprès d’Arthur, se portant garant de
sa sécurité et de sa vie. Alors, Tristan suivit Gauvain.
    Quand le roi Arthur aperçut Tristan, il lui souhaita la
bienvenue en des termes très flatteurs. Mais Tristan ne répondait pas. À la fin,
Arthur lui chanta une strophe en vers : « Tristan aux mœurs
généreuses, n’aie aucune crainte de tes parents, car ils ne te veulent aucun
mal. » Tristan y répondit par une autre strophe en vers : « Arthur,
j’écouterai tes paroles. C’est toi que je salue et je ferai ce que tu décideras. »
    Le roi Arthur lui fit alors faire la paix avec le roi Mark. Mais
comme aucun des deux ne voulait renoncer à Yseult, Arthur dut converser avec l’un
et l’autre séparément. Et comme il voyait bien qu’aucun des deux n’était prêt à
faire la moindre concession, Arthur décida que l’un aurait Yseult pendant la
saison où il y a des feuilles aux arbres, et l’autre pendant la saison où il n’y
en a pas. Et il demanda au mari de choisir. Le roi Mark répondit qu’il
préférait la saison où il n’y a pas de feuilles aux arbres parce que les nuits
y sont plus longues. Arthur envoya quelqu’un pour informer Yseult de cette
décision. Mais quand elle entendit le message, Yseult sauta de joie en chantant
cette strophe en vers « Il y a trois arbres d’espèce généreuse, le houx, le
lierre et l’if ! Ils gardent leurs feuilles en hiver ! Donc, je suis
à Tristan pour la vie [120]  ! »
    Mais le roi Mark ne pouvait accepter d’être ainsi bafoué. Il
préféra traiter secrètement avec Tristan, lui demandant seulement de s’éloigner
et de ne jamais paraître à la cour. Et Yseult, reprenant toutes ses
prérogatives de reine, revint à Tintagel où eurent lieu de grandes fêtes en l’honneur
du roi Arthur et de ses compagnons. Cependant, les barons de Mark, ceux qui
étaient jaloux de Tristan et qui l’avaient entraîné dans un piège, revinrent à
la charge, dénonçant la duplicité de la reine. Si Yseult voulait reprendre sa
place de reine, elle devait faire la preuve qu’elle n’avait jamais eu de relations
coupables avec Tristan : il lui fallait donc se justifier en public par un
serment solennel prononcé sur les saintes reliques. On fixa le jour et on s’accorda
sur l’endroit qui devait être la Blanche Lande, à quelques lieues de Tintagel, non
loin d’un marécage qu’on appelait le Mal Pas. Et le roi Arthur devait présider
cette cérémonie, entouré de ses meilleurs compagnons, afin que tous pussent
ensuite se porter garants de la bonne conduite de la reine.
    Merlin s’en alla trouver Yseult. « Reine, lui dit-il, te
voilà mal partie ! Tu sais très bien que tu es coupable, et tu seras
encore plus coupable si tu

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