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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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encore te protéger du froid ! » dit-il. Puis, comme il allait
repartir, Mark se retourna : « Comment es-tu devenu ladre ? demanda-t-il.
– Seigneur roi, répondit le faux mendiant, c’est à cause de mon amie. Son mari
avait cette maladie, et comme je faisais avec elle le petit jeu d’amour, le mal
passa sur moi. C’est vraiment à cause d’elle que je me trouve ici, aujourd’hui,
pour demander l’aumône aux gens de bien ! Mais je t’assure que je ne
regrette rien, car il n’y a pas plus belle femme que mon amie ! – Comment
s’appelle-t-elle ? demanda Mark. – La belle Yseult ! » répondit
Tristan. Le roi éclata de rire et s’en alla.
    Il rejoignit Arthur sur la Blanche Lande. De là, on voyait l’horizon
et tout ce qui se passait dans le Mal Pas. Arthur s’enquit de la reine Yseult.
« Elle vient par la forêt, répondit Mark. Elle se trouve en compagnie de
Dinas de Lidan. » Et ils se dirent l’un à l’autre : « Quelle
fondrière que ce Mal Pas ! On ne sait vraiment pas comment s’en sortir ! »
    Cependant, toujours au bout du marais, Tristan vit venir les
trois barons qui le haïssaient le plus. C’étaient eux qui l’avaient dénoncé. C’étaient
eux qui avaient préparé les pièges dans lesquels il était tombé. Devant le
marécage, les trois hommes, qui avaient noms Andret, Denoalan et Gondoïne, hésitèrent
à poursuivre plus avant. Alors, Tristan leur indiqua, avec sa béquille, le
passage qu’il prétendait le meilleur : « Voyez, là-bas, cette tourbière
après cette mare. C’est tout droit de ce côté. J’en ai vu passer plusieurs sans
dommage ! » Les trois hommes piquèrent des éperons et s’engagèrent
dans le bourbier, mais ils en eurent bientôt jusqu’à la selle. « Piquez
encore ! leur criait le faux mendiant, toujours assis sur sa souche, vous
n’avez plus qu’un petit chemin à faire ! » Mais, de plus en plus, les
chevaux s’enfonçaient dans la vase, tandis que ceux qui les montaient se
sentaient de plus en plus inquiets. Et ils eurent bien du mal à atteindre la
terre ferme, et ils étaient en si piteux état qu’il leur fallut entièrement changer
de vêtements.
    Pendant ce temps-là, la reine Yseult était arrivée au bord
du Mal Pas. Elle ne put retenir sa joie en voyant se débattre les trois
chevaliers félons dans le bourbier. Mais Dinas de Lidan, qui l’accompagnait, lui
dit : « Reine, voici qui est fâcheux. Tu ne pourras pas franchir ce
gué sans salir et abîmer tes vêtements. Je serais vraiment désolé si tu te
présentais devant le roi Arthur avec ta robe gâtée. Il vaudrait mieux perdre un
peu de temps et passer par un autre chemin. – Si tu en trouves un autre, je le
veux bien », répondit la reine. Mais, en disant ces mots, elle cligna de l’œil.
Dinas le vit bien et, entraînant ses compagnons avec lui, il rebroussa chemin à
travers la forêt.
    Yseult était restée seule. De l’autre côté du Mal Pas se tenaient
les deux rois et les barons qui la regardaient. Alors, elle sauta de son
palefroi, en ôta le frein qu’elle disposa sous la selle, s’approcha du gué en tenant
sa robe relevée, puis, cinglant l’animal d’un coup sec, elle le fit partir à
travers le marais. Le coursier eut tôt fait de gagner l’autre rive. L’assemblée
regardait faire sans comprendre. La reine portait une chemise de soie de Bagdad
fourrée d’hermine et un manteau à traîne. Ses cheveux sortaient de dessous sa
guimpe en deux longues tresses galonnées de blancs cordons et de fils d’or, et
retombaient avec élégance sur ses épaules. Un cercle d’or ceignait sa tête de
part et d’autre. Et chacun, parmi les barons, admirait la beauté et l’élégance
de cette femme.
    Elle se dirigea vers l’endroit où se tenait le faux mendiant
et lui dit d’une voix très forte : « Ladre ! j’ai besoin de toi !
– Reine, répondit-il, je veux bien te rendre service, mais je ne sais pas
comment. – C’est très simple, dit Yseult, je ne veux pas salir ma robe dans ce
bourbier. Tu me serviras d’âne et tu me porteras doucement sur le sentier en
évitant bien de trébucher ! – Dame ! s’écria Tristan, tu n’y penses
pas ! Je suis malade et couvert de pustules ! » La reine se mit
à rire : « Allons ! dit-elle, ce n’est pas ainsi que je prendrai
ton mal. Viens ici. Tu es gros et fort, tourne-toi, mets là ton dos : je
te monterai comme un baudet ! » Le faux infirme souriait. Il

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