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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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témoignages ? – Oui, Merlin, car nous
savons que ce sont d’honnêtes gens. »
    Merlin regarda l’assistance avec intensité. Dans ses yeux
brillait une lueur étrange qui semblait venir d’ailleurs. Il dit d’une voix
ferme : « Dans ces conditions, je me tiens quitte des accusations
portées contre moi aujourd’hui devant vous. » Et il se tourna vers la
reine Ygerne : « Dame, dit-il, tu m’as réclamé ton enfant, celui qui
m’a été donné avec l’accord du roi Uther. Je vais te le rendre, bien différent
cependant de ce nouveau-né que tu as remis en pleurant à ta servante. » Et
Merlin prit Arthur par le bras, le fit lever et le conduisit devant la reine
Ygerne. Alors il parla ainsi : « Arthur, ton père t’a donné à moi en
échange des services que je lui ai rendus. En toute justice, je pourrais encore
dire aujourd’hui que tu m’appartiens, car le serment qui me lie à toi est
valable pour l’éternité. Ton père t’a donné à moi sans condition et je suis le
seul responsable de ta vie. Mais je veux ici déclarer devant tous les seigneurs
de ce royaume, sur ma vie et sur tout ce que Dieu m’a donné, que tu es le fils
d’Ygerne, et que le roi Uther t’engendra la première nuit qu’il s’unit à elle. Il
convient donc que je te redonne à ta mère et que vous vous retrouviez tous deux
comme mère et fils. Et vous, seigneurs du royaume de Bretagne, je vous demande
de ne plus mépriser votre roi parce que vous ignorez de quelle famille il est
issu. C’est Dieu qui l’a choisi. C’est moi qui vous le dis, moi qui suis Merlin,
le devin, celui qui connaît les secrets les plus obscurs. Vous le savez, et
vous devez faire ce que je vous dirai. Je vous ordonne, au nom de Notre
Seigneur, de le considérer comme votre seigneur légitime, de le servir avec
amour pour la plus grande gloire de ce royaume. »
    Et Merlin allait s’écarter, lorsque Uryen Reghed se leva et
se dirigea vers lui. « Tu as bien parlé, Merlin, dit-il, mais qui nous
prouve qu’Arthur est réellement le fils d’Uther Pendragon ? D’après ce que
nous avons entendu, Arthur est le fils d’Ygerne, c’est incontestable. Mais si
nous nous en référons au jour et à l’heure de sa naissance, puis au jour et à l’heure
de sa conception, nous nous apercevons que, lors de cette conception, le duc
Gorlais de Tintagel n’était pas mort et était toujours l’époux légitime d’Ygerne.
Ce n’est que treize jours plus tard que le roi Uther a épousé Ygerne. C’est
pourquoi nous mettons tes paroles en doute, Merlin, ainsi que les paroles de
tous les témoins qui se sont présentés devant cette assemblée. » Et, tandis
que les barons murmuraient, Uryen Reghed retourna à sa place, croisa les bras
sur sa poitrine, et attendit la réponse de Merlin.
    C’est à ce moment que surgit de l’assistance Morgane, la
fille d’Ygerne. Elle était vêtue d’une longue robe blanche qui flottait autour
d’elle, et ses cheveux très noirs se déroulaient sur ses épaules, tandis que
son cou était entouré d’un torque d’or finement ouvragé. De son regard étrange,
elle regarda dans les yeux chacun des barons qui se trouvaient là, et un
silence profond s’abattit dans la salle. Elle paraissait très frêle dans cette
robe d’une blancheur immaculée, mais son regard fascinait comme celui d’un
serpent. Et, d’une voix très assurée, elle parla ainsi : « Seigneurs,
je suis Morgane, la fille de la reine Ygerne et du duc Gorlais de Tintagel. Lorsque
fut conçu mon frère Arthur, j’étais une petite fille de quatre ans. Mais je me
souviens parfaitement de cette nuit-là, de cette nuit au cours de laquelle est
mort mon père à cause du roi Uther et de Merlin. Je ne pouvais pas dormir et j’errais
dans les couloirs de la forteresse de Tintagel. Je savais que mon père, le duc
Gorlais de Tintagel, était dans son camp, face aux troupes du roi Uther, lequel
l’avait trahi et avait manqué de respect à ma mère. Or, pendant que mon père se
trouvait éloigné, je vis entrer dans la forteresse, en pleine nuit, trois
hommes qui avaient l’apparence de Gorlais et de deux de ses chevaliers les plus
intimes, Bretel et Jourdain. Ils se dirigèrent vers la demeure de ma mère, et
celui qui avait la semblance de mon père pénétra dans la chambre qu’occupait ma
mère. Je l’ai vu, de mes yeux vu. Et j’ai entendu les cris de ma mère quand
elle a subi l’étreinte de cet homme. Mais si je vois les

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