Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
elle préfère. Si elle veut partir avec toi,
je te la laisserai, je t’en donne ma parole. Mais si elle décide de venir avec
moi, il est juste que tu reconnaisses qu’elle est mienne ! »
    Gauvain accepta d’emblée la proposition. Il avait une telle
confiance dans la jeune femme et avait tant d’amour pour elle qu’il était
persuadé qu’elle ne l’abandonnerait pour rien au monde. Les deux hommes la
laissèrent donc au milieu du chemin et s’en allèrent, l’un à droite et l’autre
à gauche. La jeune femme les regarda tous les deux et se mit à réfléchir, ce qui
étonna grandement Gauvain. Elle savait bien quelle était la prouesse de Gauvain,
notamment lorsqu’il était au lit, mais elle voulait savoir si l’autre chevalier
était aussi preux et aussi vaillant [48] . Et c’est vers lui qu’elle
se dirigea, sans un regard pour Gauvain.
    « Seigneur, dit alors le chevalier, il n’y a pas de
contestation possible : cette jeune femme a choisi librement qui elle
voulait – Certes, répondit Gauvain, profondément ulcéré. Que Dieu me maudisse
si je conteste quoi que ce soit et si je me bats pour qui se moque de moi ! »
Et il s’en alla à travers la forêt en emmenant avec lui les lévriers.
    Cependant, au bout d’une lande, la jeune femme s’arrêta
brusquement et le chevalier lui en demanda la raison. « Seigneur, répondit-elle,
je ne serai jamais ton amie tant que je n’aurai pas repris possession de mes
lévriers que ce chevalier, là-bas, emporte avec lui. – Tu les auras ! »
s’écria-t-il. Et il piqua des deux pour rejoindre Gauvain. « Pourquoi
emportes-tu ces lévriers qui ne t’appartiennent pas ? demanda-t-il. – Seigneur,
répondit Gauvain, je les considère comme miens, et si quelqu’un vient me les
disputer, je devrai les défendre comme mon bien propre. Mais si tu veux mon
avis, il serait bon de recourir à l’épreuve que tu m’as proposée tout à l’heure
lorsque nous avons mis la jeune femme au milieu du chemin pour savoir avec qui
elle irait. » Le chevalier dit qu’il acceptait la proposition. Il pensait
en effet que si les lévriers venaient de son côté, il se les approprierait sans
combattre, et que, de toute façon, s’ils allaient de l’autre côté, il serait
bien temps pour lui de les conquérir par la force. Ils laissèrent donc les
bêtes au milieu du chemin. Alors les lévriers se précipitèrent vers Gauvain et
lui firent fête. Gauvain les flatta longuement du geste et de la voix, tout
heureux que les chiens eussent choisi sa compagnie.
    Et comme la jeune femme arrivait, furieuse de voir que ses
lévriers étaient autour de Gauvain, celui-ci dit encore : « J’ai fait
tout ce que cette femme m’a demandé et je lui ai donné mon amour. Voilà la
façon dont elle me récompense ! Mais ces chiens, je les ai connus dans la
forteresse de son père. Je les ai caressés et ils m’ont donné leur amitié. Les
chiens sont une chose, et les femmes une autre ! Sachez donc qu’un animal
ne trahira jamais un humain qui lui a donné son amitié et à qui il a promis son
affection. Les lévriers ne m’ont pas abandonné. Je peux donc prouver ainsi qu’ils
sont à moi et que leur amitié m’est plus précieuse que le faux amour que cette
femme a manifesté envers moi ! »
    Mais l’autre chevalier se montra de plus en plus arrogant.
« Ton discours ne m’intéresse pas ! s’écria-t-il. Donne-moi les
chiens ou prépare-toi à te défendre ! » Gauvain saisit alors son
bouclier et le plaça contre sa poitrine. L’autre se précipita sur lui et tous
deux s’affrontèrent de toute la force de leurs chevaux. Bientôt, Gauvain fit
vider les étriers à son adversaire et, sautant à bas de sa monture, il le
poursuivit l’épée à la main. Il y mit toute sa rage, car le tort et l’insulte
qu’il venait de recevoir excitaient sa haine. Il le malmena et maltraita si
fort que, soulevant le pan du haubert de son adversaire, il lui perça le flanc
de sa bonne épée. Sa vengeance assouvie, il abandonna le corps sans un regard
pour le cheval, le haubert et le bouclier. Il alla appeler les lévriers, puis
courut reprendre son cheval. Il sauta en selle sans plus attendre.
    « Seigneur ! s’écria la jeune femme. Au nom de
Dieu, ne me laisse pas seule ! Ce serait un acte ignoble ! Si j’ai
manqué de sagesse, ne m’en fais pas reproche ! Je n’ai pas osé te suivre
parce que j’ai eu très peur quand j’ai vu que tu étais

Weitere Kostenlose Bücher