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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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assurément livrer de périlleux combats. – Je suis venu pour cela, répondit
Gauvain, et je suis plus que jamais décidé à obtenir ce frein. – Tu l’auras
voulu, dit l’homme hirsute. Mais, trêve de bavardages. Tu es fatigué par ton
voyage et tu as besoin de te restaurer et de dormir. Tu seras mon hôte cette
nuit. »
    L’homme le mena tout droit à son logement, le fit entrer
dans une salle où un repas était déjà préparé sur une table, et il le servit
lui-même. Quand Gauvain fut rassasié, l’homme lui apporta de l’eau et le
conduisit dans une chambre où se trouvait une couche haute et large. « Gauvain,
tu dormiras dans ce lit. Mais avant que tu ne te couches, je dois te demander
quelque chose. Tu pourras la refuser. Je te demande de prendre cette hache et
de me couper la tête. Mais, attention, demain matin, je devrai trancher la
tienne lorsque je reviendrai. Choisis donc de le faire ou de ne pas le faire. –
Je serais insensé si je n’acceptais pas ! répondit Gauvain, à peine étonné
par cette étrange proposition. – Alors, viens avec moi », dit l’homme.
    Il emmena Gauvain dans une grande salle où se trouvait un
billot. L’homme plaça sa tête sur le billot. Gauvain prit la hache et, d’un
seul coup, lui trancha la tête. L’homme hirsute se remit à l’instant sur ses
pieds, ramassa sa tête et s’en alla. Gauvain retourna dans la chambre, se
coucha et s’endormit aussitôt.
    Au point du jour, il s’éveilla, se leva et s’équipa. C’est
alors que l’homme hirsute fit son entrée. Il avait la tête sur ses épaules et
ne paraissait pas le moins du monde avoir souffert de cette décollation. Gauvain
l’examinait avec attention, mais il ne put discerner aucune trace de blessure sur
son cou. « Gauvain, dit l’homme, je viens te rappeler notre accord !
– C’est juste », dit Gauvain. Il alla dans la salle et mit son cou sur le
billot. Alors l’homme hirsute fit tournoyer sa hache, mais au lieu d’en frapper
le cou de Gauvain, il se contenta d’en faire glisser doucement le tranchant sur
la peau. Et il dit : « Honneur à toi, Gauvain, toi le chevalier le
plus courageux du monde ! » Et il fit relever Gauvain [53] .
    Mais celui-ci n’en avait pas oublié pour autant le but de
son expédition. « Dis-moi, demanda-t-il, comment je puis obtenir le frein ?
– Comment ? s’écria l’homme hirsute. Tu es vraiment entêté ! Dans ces
conditions, viens manger et boire, car il te faudra beaucoup de forces pour
combattre ceux que tu devras affronter ! » Et l’homme servit à
Gauvain de quoi largement se restaurer. Puis, à l’heure de midi, il le
conduisit dans une cour, lui ordonnant de s’armer et l’avertissant de s’attendre
au pire. Effectivement, Gauvain se trouva en présence d’un énorme lion qui, tout
en écumant, rongeait sa chaîne et creusait la terre de ses griffes. En voyant
Gauvain, le lion rugit, hérissa sa crinière, ouvrit une gueule monstrueuse. Sa
chaîne tomba et il se précipita sur Gauvain dont il déchira le haubert. Gauvain
recula d’abord, puis, grâce à sa bonne épée, il se mit en devoir d’attaquer l’animal.
L’affrontement dura longtemps, mais Gauvain parvint à frapper le lion de telle
sorte qu’il lui enfonça l’épée entière jusque dans les entrailles. Le monstre
vacilla et tomba pour ne plus se relever.
    Gauvain espérait se reposer et reprendre sa respiration, mais
un autre lion, aussi féroce que le premier, bondit sur lui et lui arracha son
bouclier. Il se défendait avec l’énergie du désespoir, esquivant les coups de
pattes meurtriers que lui décochait le lion. Plusieurs fois, il faillit
succomber à la force terrifiante de l’animal, mais, à un moment, il réussit à
frapper son adversaire au sommet de la tête : le lion s’effondra et ne
bougea plus. « C’est bien, dit l’homme hirsute, qui avait été témoin de la
bataille. Mais tu ne t’en sortiras pas comme cela. Si tu m’en croyais, plutôt
que de réclamer encore le frein, tu viendrais manger et boire chez moi, et tu t’en
retournerais tranquillement à la cour du roi Arthur. – Il n’en est pas question,
s’écria Gauvain. Je veux qu’on me remette le frein qu’on a dérobé à la jeune
fille à la mule ! – Tu l’auras voulu ! dit l’homme hirsute. Alors, pénètre
dans cette maison. »
    Gauvain alla dans la maison et, dans une chambre, il vit un
chevalier qui était couché, mais qui se leva dès qu’il

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