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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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entra. « Sois le
bienvenu, Gauvain, dit le chevalier, mais à présent que tu es là, il faut que
tu me combattes ! – Quand tu voudras », répondit Gauvain. Et, tout en
s’armant, l’autre lui raconta qu’il combattait tous ceux qui venaient réclamer
le frein de la jeune fille. Mais tous ceux qui s’étaient présentés avaient été
vaincus par lui, et leurs têtes avaient été fichées sur les pieux qui entouraient
la forteresse. « Il ne reste qu’un seul pieu libre, dit le chevalier, et
sois bien sûr que j’y mettrai ta tête ! »
    Ils se rencontrèrent sur un grand espace qui s’étendait au milieu
des demeures de la forteresse [54] . L’homme hirsute leur
avait préparé deux grosses lances, et il avait sellé deux chevaux de combat. Avec
force, ils échangèrent de tels coups que peu s’en fallut qu’ils fussent
désarçonnés. Ils brisèrent leurs lances, les arçons se disloquèrent sous eux et
leurs étriers se rompirent. Le chevalier se montrait un redoutable adversaire, toujours
sur ses gardes et particulièrement agressif. L’homme hirsute leur donna deux
autres lances, et ils se précipitèrent l’un sur l’autre avec encore plus de
rage que la première fois. Leurs lances, en se heurtant, lançaient des éclairs,
et leurs boucliers furent brisés et volèrent en éclats. Mais, soudain, Gauvain
attaqua son adversaire avec une telle vigueur que celui-ci vida les étriers et
se retrouva à terre. Gauvain sauta de son cheval et lui mit la pointe de son
épée sur la gorge. « Grâce ! s’écria le vaincu. Je te reconnaîtrai
désormais comme mon seigneur ! – Qu’il en soit ainsi », dit Gauvain. Et,
sans plus s’occuper de son adversaire, il revint vers la maison de l’homme
hirsute. Celui-ci l’aida à se désarmer et à essuyer la sueur qui coulait sur
son corps. « Maintenant, dit Gauvain, rien ne s’oppose à ce que tu me
dises où se trouve le frein que je dois reprendre. – Tu es décidément d’un
entêtement incroyable, répondit l’homme. Si tu veux obtenir le frein, il te
faudra combattre deux serpents fourbes et farouches qui projettent du feu, et
parfois du sang, par leurs gueules. Si tu m’en croyais, tu renoncerais à ton
projet. Je te ferais un bon souper et veillerais ensuite sur ton sommeil et, demain,
tu retournerais à la cour du roi Arthur. – Il n’en est pas question ! s’écria
Gauvain. Je suis venu ici pour reprendre le frein qu’on a dérobé à la jeune
fille à la mule ! Mène-moi donc à l’endroit où se trouvent les serpents
dont tu me parles ! – Tu l’auras voulu, dit l’homme hirsute, mais je peux
t’affirmer que tu le regretteras. – Peu importe ce que tu penses, dit Gauvain, conduis-moi
où je dois aller. – Ce n’est pas le moment, répondit l’homme. Auparavant, tu te
reposeras et je t’apporterai ce qu’il faut pour te nourrir et t’abreuver. Après
quoi, tu dormiras, car tu auras besoin de toutes tes forces pour affronter ces
serpents. »
    Ainsi fut fait et, le lendemain matin, l’homme hirsute
équipa Gauvain et l’emmena dans une cour. Bientôt, deux serpents rampèrent
jusqu’à Gauvain : ils étaient d’une taille et d’une férocité extrêmes. De
leurs gueules, ils projetaient des flammes puantes qui brûlèrent son bouclier
et l’obligèrent à reculer. Mais il ne perdit pas courage et, allongeant son
bras le plus qu’il le pouvait, il attaqua vigoureusement les serpents l’un
après l’autre. Il porta un tel coup au premier qu’il lui coupa la tête. Quant
au second, qui bondissait sur lui avec rage, il mania son épée avec une telle
rapidité qu’il le tailla en multiples morceaux. Il s’arrêta alors, le visage
souillé de sang et d’ordure. Sans un mot, l’homme hirsute le désarma et lui
apporta de l’eau pour qu’il pût se laver, et il s’éloigna.
    Demeuré seul, Gauvain se demandait ce qui allait lui arriver,
quand il vit surgir le nain qui lui avait souhaité la bienvenue, mais qui n’avait
pas répondu à ses questions. Le nain s’inclina devant lui et dit : « Gauvain,
ma dame te fait savoir, par ma bouche, qu’elle partagerait volontiers son repas
avec toi si tu acceptais d’aller la rejoindre. Elle t’attend et m’a chargé de
te conduire jusqu’à elle. » Gauvain suivit le nain qui l’emmena dans une
grande maison. Ils passèrent de chambre en chambre et parvinrent enfin dans
celle où se trouvait la dame. Elle était allongée sur son lit, vêtue

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