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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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barbe.
    — Qui vous en empêche ?
    Mais Cassiopée ne pouvait ou ne voulait répondre à cette question. Elle se contenta de hausser les épaules d’un air évasif, puis se toucha la gorge.
    — Pardon, reprit Beaujeu. Avez-vous une idée de ce qui vous en empêche ?
    Cassiopée hocha la tête.
    — Et savez-vous qui a attenté à la vie de Raymond de Tripoli ?
    Encore une fois, la réponse fut positive.
    — Les Templiers ?
    — Les Assassins ! lâcha Cassiopée, comme malgré elle.
    La réponse avait spontanément jailli de sa bouche, mais déjà ses lèvres se refermaient. Une grande douleur se lisait sur son visage, comme si sa tête était le lieu d’un combat où s’affrontaient des pensées contradictoires.
    La porte de la cellule s’ouvrit derrière Beaujeu, et Morgennes entra, accompagné de Yemba, Simon et Taqi.
    — Beau doux frère, commença Morgennes, tu peux la libérer : elle n’est pas coupable.
    — Qui alors ? demanda Beaujeu.
    — Lui, fit Morgennes en montrant au commandeur la tête de Rufinus. Il vient de tout avouer.
    Quelques instants plus tard, ils se tenaient dans la réserve de la sacristie du krak.
    — Pouuuvez-vous m’essuuuyer les yeux s’il vous plaaaaît ? implora Rufinus. Je n’ai pas de braaas, et ces laaarmes me gêêêênent…
    Morgennes épongea le visage de Rufinus à l’aide d’un chiffon trouvé à côté du coffret pyramidal.
    Taqi examina la pièce, un réduit particulièrement sombre, sans fenêtre, taillé dans la roche, plein de coffres et d’objets divers, parmi lesquels on remarquait plusieurs centaines de bougies, décorées de motifs étranges.
    — C’est ici que nous entreposons les vêtements sacerdotaux, les barriques de vin de messe, les ornements et les vases sacrés, expliqua Beaujeu.
    — Je vois que vous disposez d’un nombre de cierges considérable, nota Yemba, amusé. Je remarque aussi que, curieusement, les motifs inscrits sur les cierges n’ont rien de latin…
    — Effectivement, agréa Beaujeu. Mais je ne crois pas qu’ils signifient quoi que ce soit. Ce ne sont que des ornements décoratifs.
    — Inexact, dit Taqi en prenant l’un des cierges. Ils sont rédigés dans une langue très ancienne, venue de Perse, aux premiers temps du Prophète (la grâce soit sur Lui). Il est écrit sur celui-ci : « Mort aux chrétiens ! »
    Tous frissonnèrent, comme si la température de la pièce venait subitement de descendre de plusieurs degrés. Taqi remit le cierge à sa place.
    — Vous en avez une sacrée quantité, observa Simon… Tous ces cierges ! Que font-ils ici ?
    — Je ne savais pas que nous en avions autant, avoua Beaujeu.
    — Laissssez-moi vous expliqueeeer, reprit Rufinus de sa voix caverneuse. Tout est si… cooompliquééé !
    La tête se mit à parler et, comme d’habitude, elle était intarissable. Elle discourut pendant plus d’une heure, leur racontant par le détail comment Cassiopée et lui-même avaient été séquestrés par les Assassins, au djebel Ansariya, puis conditionnés par Rachideddin Sinan. Fort mal, heureusement.
    — Nous ne saaaaviooons mêêême pas ce que nous auriooons à fairrre !
    En fait, dès leur arrivée au krak, Rufinus avait été confié au frère infirmier pour qu’il l’examinât, tâchât de comprendre les prodiges qui permettaient de l’animer et décidât s’il était l’œuvre du diable ou de Dieu. C’était indiscutablement celle du diable, et alors que Rufinus et le frère infirmier devisaient âprement, un flot de paroles hypnotiques avait soudain jailli de la bouche de Rufinus. Il avait enjoint au frère infirmier de se rendre sans tarder à la sacristie, de prendre un des nombreux cierges qui s’y trouvaient, et de l’apporter dans la chambre de Raymond de Tripoli : ce qu’un supplément d’enquête confirma plus tard, Échive de Tripoli se rappelant effectivement avoir vu le frère infirmier leur apporter un cierge – « Pour vos soirées d’hiver », lui avait-il dit avant de repartir. Mais l’hiver de Raymond de Tripoli, déjà très malade, devait arriver prématurément : par la main d’une jeune femme. Quand elle avait vu la bougie dans la chambre de Raymond de Tripoli, et reconnu les dessins, Cassiopée n’avait pu s’empêcher de l’allumer. Puis elle s’était assise, silencieuse, immobile, et avait regardé, incapable de parler parce que la fumée montant de la bougie commençait à agir, lui paralysant les cordes

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