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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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questionner à ce sujet ? Alors, je lui vendis quelques pépins de la pomme donnée par Ève à Adam, le coutelas d’Abraham, un denier de Judas, des plumes du coq qu’entendit chanter Pierre, les signes que Jésus avait tracés avec son doigt sur le sable avant d’être arrêté, et bien d’autres merveilles… Elle les mit dans des sachets, à sa ceinture, dans ses cheveux, en broche, autour de ses bras, de ses mollets, dans son nombril même…
    « Peu de personnes, lui dis-je, en achètent autant. Généralement, une suffit.
    « — Je crains, soupira-t-elle, que toutes les reliques de la terre ne puissent me rendre l’innocence perdue dans ma quête.
    « — Que cherchez-vous ?
    « — Un homme.
    « — Vous n’êtes pas mariée ? Je puis divorcer, si vous le voulez…
    « — Ce n’est pas pour me marier, mais pour le faire figurer dans un livre, en tant que personnage.
    « — Je suis un fabuleux personnage.
    « — Je n’en doute pas, mais j’ai besoin d’un chevalier…
    « — Il est vrai, poursuivis-je, que je ferai plutôt office de valet…
    « — Je vous promets de parler de vous à Chrétien de Troyes. »
    La jeune femme partie, je vis par l’entrebâillement de la porte le regard de Fémie. Elle aussi avait jadis abandonné les siens pour venir vers moi… Ce fut à ce moment que je trouvai insupportable de la regarder. Tout ce qu’elle avait sacrifié pour moi… Je n’ai pas su m’en montrer digne…
    Rufinus regardait Massada incapable de répondre, faisant entendre de temps à autre de petits « Hum hum » pour indiquer qu’il écoutait. Et Massada continuait à parler, aussi intarissable qu’un Rufinus débâillonné.
    Un jour, le faucon pèlerin se posa sur le poing de Simon. C’était la première fois. Simon avait appelé l’oiseau et tendu sa main gantée de cuir vers le ciel, ainsi que Cassiopée le lui avait appris. Tournoyant dans les airs, puis soudain descendant en piqué, le rapace s’était, d’un battement d’ailes, rétabli à l’horizontale, pour délicatement enserrer le poing du jeune chevalier. Cassiopée applaudit des deux mains, embarrassée par la traverse de la croix qu’elle tenait pour lui.
    — Bravo ! dit-elle. Tu as réussi !
    Simon n’était pas peu fier, et galopa vers l’avant pour montrer son exploit à Morgennes.
    — Mes félicitations, dit Morgennes. Et maintenant, comment vas-tu t’y prendre pour qu’il s’envole ?
    — C’est la deuxième leçon, répondit Simon. Je ne sais pas encore très bien comment on fait. Mais je vais essayer.
    Il leva le bras, tendit la main vers le ciel, espérant que l’oiseau prendrait son essor. Mais le faucon pèlerin resta cramponné à son gant et n’en bougea pas. Il dardait deux petits yeux jaunes sur Simon, se demandant pourquoi il s’agitait ainsi. Que pouvait-il bien vouloir ?
    La troupe rit beaucoup des mésaventures de Simon, qui n’arrivait plus à se débarrasser du faucon de Cassiopée. Mais celle-ci, d’un claquement de langue, le rappela à elle. Le rapace vint souplement se poser sur son poing, lançant de temps à autre un regard offusqué à Simon, vexé d’avoir été confié à un aussi mauvais élève. Morgennes secoua la tête, amusé.
    — Je vous remercie de nous accompagner, lui dit Ernoul. J’espère qu’il n’est pas trop tard et que nous aurons le temps d’apporter la Vraie Croix aux Hiérosolymitains…
    Leurs regards se portèrent vers Taqi, qui leur dit :
    — Ne vous inquiétez pas, mon oncle a donné sa parole. Et si la Vraie Croix peut atténuer les souffrances des vôtres, il la laissera probablement entrer. Cela dépendra de la façon dont la bataille sera engagée.
    — C’est-à-dire ? demanda Morgennes.
    — Eh bien, dit Taqi, s’il a du mal à prendre la ville, il ne voudra sans doute pas l’y laisser pénétrer, pour ne pas offusquer Allah. Si les choses vont bien, il ne pourra qu’accepter, Dieu étant le Clément. Nul ne voudrait offenser Dieu, fût-ce à travers ses reliques.
    *
    Héraclius fulminait. « Je ne comprends pas, disait-il, pourquoi Saladin n’attaque pas de ce côté-ci ! » Contre toute attente, il voulait parler du sien. Ses gens le regardèrent, étonnés de l’entendre proférer de telles paroles. Ce qui les suscitait, c’étaient les succès de Balian, qui avait déjà réussi à faire reculer une première fois l’armée du sultan.
    Cela ne pouvait s’expliquer, pensait Héraclius,

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