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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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une carriole tirée par un âne avec quatre personnes à son bord », était un leurre : en quelques heures de chevauchée, ils croisèrent de très nombreuses carrioles. La plupart étaient tirées par des ânes, et beaucoup avaient à leur bord un couple de vieillards, un jeune homme et un adulte. Le chien avait dû mourir ou sauter en chemin. Quant à l’œil crevé, ce n’était qu’un détail… En fait, leur tâche lui semblait impossible.
    À moins qu’ils ne fussent partis vers le nord ?
    De toute façon, cela ne changeait rien. Et puisqu’il ne pouvait massacrer tous les équipages répondant à la description, il choisit une carriole au hasard et donna l’ordre de l’attaquer. Cela passerait pour l’œuvre de pillards ou d’Assassins – ici, il n’y avait que l’embarras du choix. Après, il décapita l’un des adultes qui se trouvaient dans la carriole, et lui creva l’œil droit de la pointe de son sabre. Puis, il regagna la ville au petit trot.
    Quand le cadi vit son officier revenir, l’enquête avait bien progressé. En outre, la place du marché avait été nettoyée et les souterrains de la ville investis. On y avait trouvé des grottes servant de refuge aux Assassins, que la troupe continuait à fouiller.
    L’officier sauta de cheval et s’approcha d’Ibn Abi Asroun.
    — Mission accomplie, dit-il les yeux rivés sur ses chausses.
    — Et sa tête ? demanda le cadi.
    — La voici.
    Le cadi, qui n’avait fait qu’entr’apercevoir Morgennes à Hattin, le reconnut cependant parfaitement. Ravi, il envoya un pigeon à Saladin, avec cette nouvelle : Morgennes avait trouvé la mort peu après s’être enfui de Damas en compagnie d’un marchand juif, décédé lui aussi. Ils pouvaient maintenant se concentrer sur le problème des Assassins et de leurs nouveaux alliés : les Maraykhât et les Templiers.

13.
    « Car je crains, une fois venu, de ne pas vous trouver tels que je voudrais, et que vous ne me trouviez pas tel que vous voudriez, et qu’il y ait des querelles, de la jalousie, des fureurs, des rébellions, des calomnies, des délations, de l’orgueil, et des troubles. »
    (II e épître aux Corinthiens, XII, 20.)
    Plusieurs possibilités s’offraient à l’équipage de la carriole, dont la charge avait doublé depuis son passage au marché des esclaves. Arguant de la nécessité de trouver rapidement un point d’eau, Massada proposa d’aller à l’est, en territoire ismaélite, où ni les chrétiens ni les Mahométans ne viendraient les chercher. « Pour d’excellentes raisons ! » dit Morgennes. « D’ailleurs, nous avons suffisamment à boire », ajouta-t-il en désignant plusieurs outres pleines. « Mais ils ne vont pas tarder à nous retrouver ! Il faut faire vite ! » le pressa Massada, tenaillé par la crainte d’être, au mieux, à son tour vendu comme esclave – lui qui en avait tant acheté –, ou, au pire, passé par le fil d’un sabre.
    — Justement, répliqua Morgennes. C’est pour cela qu’on va prendre le temps de réfléchir. Ce n’est pas le moment d’aller dans la mauvaise direction… Jérusalem ?
    — Hors de question ! fit Massada. La ville va tomber d’un jour à l’autre, si ce n’est déjà fait. En plus, elle est interdite aux Juifs…
    — Tyr ?
    — Ce n’est pas une mauvaise idée, mais il nous faudrait passer par les plaines du Marj ‘Ayun, de Sidon ou du Panéas, qui sont toutes occupées par les Mahométans.
    — Alors, dit Morgennes, si l’est, le sud et l’ouest ne nous sont pas permis, je ne vois plus qu’une seule solution.
    De toute évidence, il voulait aller au nord.
    — Le krak des Chevaliers.
    — Qu’est-ce donc ? demanda Fémie, qui n’avait pas dit un mot depuis leur départ de Damas.
    — La principale forteresse franque en Terre sainte, un asile donné par Dieu aux hommes de guerre, et plus particulièrement aux Hospitaliers.
    — C’est de là que tu viens ?
    — J’appartenais à la commanderie de Jérusalem. Mais mon devoir m’oblige à me rendre à la forteresse hospitalière la plus proche. Le krak, dans le cas présent.
    — Te jugeront-ils ?
    — Certainement.
    — N’as-tu pas peur ?
    — Il est dans la nature des choses que je sois jugé. Alors, demain soir ou dans un an, cela ne fait aucune différence. Mieux vaut devancer l’appel.
    — N’y a-t-il rien plus au nord ?
    — Le djebel Ansariya et ses Assassins. Mais, si tu veux ton argent, mieux

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