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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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vaut aller au krak…
    — Va pour les Hospitaliers ! s’enthousiasma Massada.
    — C’est aussi mon avis, ajouta Morgennes, qui ne parvenait pas à détacher son regard du foulard noué au bras du Juif. Où as-tu trouvé cela ?
    — Par terre, sur la route. Un peu avant Damas. À côté d’un chameau massacré, il y avait plusieurs cadavres, ce foulard, et la chienne.
    — As-tu vu un cadavre de jeune femme ?
    — Non. Il n’y avait que des hommes, et un adolescent. Pourquoi cette question ?
    — Pour rien, répondit Morgennes, qui avait cru reconnaître le foulard de Cassiopée.
    Les deux hommes échangèrent un regard.
    Des souvenirs, vieux du temps de Baudouin IV, leur revinrent à l’esprit.
    C’était à cette époque qu’ils s’étaient connus : Morgennes était venu trouver Massada à Nazareth pour lui demander conseil au sujet d’une relique. L’affaire s’était, hélas, très mal terminée. Les deux hommes ne s’étaient pas revus depuis et n’avaient jamais parlé à quiconque de la mission qui les avait fait se rencontrer. À vrai dire, très peu de gens étaient au courant de ce qui s’était tramé à l’époque, et, de toute façon, aujourd’hui tous avaient péri, hormis, peut-être, Raymond de Tripoli et Alexis de Beaujeu, le commandeur du krak.
    — Tous ces épisodes me paraissent appartenir à une autre vie, avoua Morgennes à Massada.
    — Mieux vaut laisser ces souvenirs tranquilles. Je les paye encore assez chèrement.
    — Je te l’ai déjà dit, je ne t’en veux pas. Au contraire. Je peux même t’aider, je te l’ai promis…
    — Si vous pouviez cesser de parler par énigmes…, maugréa Fémie, exaspérée. Depuis que vous vous êtes retrouvés, vous vous jetez des regards et parlez entre vous de choses mystérieuses. On dirait que vous avez commis un crime…
    — Tu n’es pas loin de la vérité, concéda Massada.
    — Je ne dirai rien, fit Morgennes. Par respect pour votre mari. C’est à lui de vous apprendre ce qui s’est passé, pas à moi. Sachez simplement que c’est un homme généreux, même s’il lui arrive parfois de se laisser aveugler par l’appât du gain.
    — C’est donc ça ! s’écria Fémie, comme si le fait qu’il soit question d’argent rendait l’affaire moins grave et lui faisait trouver grâce à ses yeux.
    — On y va ? demanda d’une petite voix timide le jeune esclave acheté par Massada à Damas.
    Il se tenait à l’arrière, la chienne dans les bras.
    — Je connais cette chienne, tu sais, dit Morgennes. Je l’ai vue alors que je m’étais échappé, après avoir été capturé par les hommes de Saladin, à Hattin. Elle errait parmi les morts. J’ignore si elle cherchait un maître ou à manger.
    — Peut-être un peu des deux, dit le gamin.
    — Elle les a maintenant en quantité, ajouta Massada. Pourvu qu’elle nous en soit reconnaissante.
    — Oh, fit Morgennes, je ne compterai pas trop là-dessus. Je l’ai même trouvée un peu ingrate. Enfin, c’est une autre histoire.
    — Vous me la raconterez ?
    — Bien sûr.
    L’adolescent était aux anges.
    En fait, il se montrait heureux de tout. Sa condition d’esclave ne semblait pas le gêner. « J’ai connu pire », disait-il dans un grand sourire. Mais on ne savait jamais quoi. Lui aussi avait des secrets douloureux, qu’il s’efforçait d’oublier. En revanche, il se vantait de savoir faire beaucoup de choses : des sandales, des pagnes, des épieux, des filets, cuire les viandes et les poissons. Quand l’occasion s’en présentait, il savait aussi s’occuper des animaux, polir une arme et parler aux dames. La liste de ses talents paraissait interminable. Il en ponctuait l’énoncé de nombreux compliments adressés à Massada, tels que : « Vous m’avez vraiment bien choisi », ou encore : « Même moi je n’aurais pas fait mieux ! » Il les disait en cillant, pince-sans-rire, le soleil dans les yeux.
    — Allons, tais-toi donc, et donne-moi plutôt à boire ! lui lança Massada pour changer de sujet.
    — Avec plaisir, maître ! répondit le jeune homme en lui versant un bol de vin.
    — Et ne m’appelle pas « maître ». Ton prédécesseur m’appelait « docteur », tu peux m’appeler de même.
    — À vos ordres, docteur !
    En entendant l’enfant l’appeler ainsi, Massada se rengorgea en même temps qu’un grand sourire s’affichait sur son visage.
    — C’est sûr qu’avec moi il n’a pas droit

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