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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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sombres accents d’un cor firent vibrer l’air, à quelque distance.
    — Entendez-vous ? demanda Emmanuel.
    Puis, remontant à cheval :
    — En selle !
    Ils partirent au galop, dans la brume. Bientôt, les formes noires du village en ruine se découpèrent sur l’horizon, sinistres et tordues, fumantes par endroits.
    — Par ici ! cria Emmanuel. Et soyons sur nos gardes !
    Les Hospitaliers affermirent leur prise sur leur lance. Ils serrèrent les énarmes de leur bouclier, certains que le combat n’était pas loin.
    Çà et là gisaient des restes humains : corps sans tête ou sans bras, torses et crânes fendus de part en part, plaques noires de sang séché que léchaient des chacals ; mélanges de cuirasses et de cuirs, jonchés d’anneaux de fer disloqués et d’armes tordues, de plaies grouillantes de mouches, et de chairs déchiquetées par les hyènes. L’air était saturé de puanteurs et de bourdonnements, de grognements indistincts, de râles d’animaux – ou d’hommes – à l’agonie.
    Un cheval qui avait perdu une jambe boitillait, l’air hagard. Ils se dirigèrent vers une petite muraille de pierres grises d’où provenaient des gémissements. Un être en haillons, à la face terreuse et au regard fiévreux, en jaillit, hurlant qu’on l’épargne.
    — Assez ! fit Emmanuel. Calme-toi !
    Il ne savait s’il fallait l’appeler « homme », « fou », ou « créature ». Il s’approcha du malheureux et le dévisagea. Il portait des hardes, mais on voyait sous le cuir lacéré de sa broigne les vêtements que les Hospitaliers donnaient à leurs subalternes, et notamment aux auxiliaires.
    Reconnaissant à son manteau noir un chevalier de l’Hôpital, le turcopole se jeta aux pieds d’Emmanuel, et baisa les sabots de son cheval. Emmanuel ordonna que l’un des hommes de la patrouille le prenne en croupe, faute d’autre monture. Il n’y avait que des cadavres de chevaux et de chameaux, auxquels les Assassins avaient coupé les bosses pour s’amuser. Emmanuel se demanda ce qu’il fallait faire. Chercher d’autres survivants afin de leur porter secours ? Enterrer les morts ? Repartir au krak ? Retrouver l’or ?
    « Qu’aurait fait Morgennes en pareil cas ? » s’interrogea-t-il. Il demanda à l’unique rescapé :
    — Sais-tu qui vous a attaqués ?
    L’homme secoua vigoureusement la tête. Il n’en avait aucune idée. Mais il désigna quelques cadavres de Turcs vêtus d’un simple gambeson matelassé – des Assassins, reconnaissables au fait qu’ils avaient, peinte sur le torse ou sur le crâne, une horrible main blanche, symbole du chiisme.
    — Fais-tu partie de la caravane chargée d’apporter l’or au krak des Chevaliers ?
    L’homme opina du chef.
    — Y a-t-il des survivants ?
    Nouvel acquiescement.
    — Par où sont-ils allés ?
    L’homme tendit le doigt en direction du djebel Ansariya.
    — Combien étaient vos assaillants ?
    L’homme haussa les épaules.
    — Pourquoi ne dis-tu rien ? Tu ne peux pas parler ?
    L’homme détourna le regard, se mit à trembler, haussa de nouveau les épaules, enfin montra un tel trouble qu’Emmanuel préféra le laisser tranquille.
    Un frère sergent s’interposa :
    — Frère Emmanuel, j’ai trouvé des excréments de chameau, un peu plus au nord. La piste est encore fraîche, elle a certainement moins d’une heure.
    Emmanuel se préparait à crier « allons-y ! », quand le bruit d’un cor résonna de nouveau dans la brume, cette fois-ci du côté de la montagne… Son instinct lui dit de se méfier ; mais sa raison, son rang de frère chevalier lui commandèrent d’aller voir. « Allez au-devant de la caravane, trouvez-la, puis conduisez-la jusqu’à nous », avait dit le frère commandeur Alexis de Beaujeu.
    — Dépêchons-nous ! ordonna Emmanuel. Nos frères nous appellent à l’aide, par Notre Dame, allons leur porter secours !
    La petite patrouille se remit en formation et suivit la piste qui menait vers la montagne et les appels du cor. Bientôt, la route se fit caillouteuse, et il fallut ralentir l’allure tant la pente était rude. Les chevaliers laissèrent la brume derrière eux, gravirent les flancs de la montagne, et pénétrèrent dans des sous-bois de plus en plus épais où ils ne voyaient pas plus loin que la pointe de leur lance.
    L’olifant sonna de nouveau.
    — Hâtons-nous ! fit Emmanuel, espérant arriver à temps pour sauver ses

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