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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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frères.
    Pourtant, une chose l’intriguait : par terre se voyaient, par endroits, des piles de matière brunâtre – des crottes de chameau. Ce qu’Emmanuel ne s’expliquait pas, c’était pourquoi les frères Hospitaliers poursuivaient leurs assaillants en emmenant avec eux les chameaux, et d’ailleurs, pourquoi les poursuivre ? Il eut alors la conviction qu’on leur avait tendu un piège, et que les appels du cor étaient pareils à la voix vaporeuse des sirènes, qui charment les marins pour les égarer.
    — Repliez-vous ! dit Emmanuel à la colonne. Demi-tour, on rentre au krak !
    Les cavaliers firent rebrousser chemin à leurs chevaux, ce qui s’avéra difficile : la route était étroite, et les manœuvres s’en trouvaient ralenties.
    Un cri s’éleva à l’arrière :
    — C’est un piège ! Un piège !
    L’homme n’eut pas le temps d’en dire plus. Le moribond qu’il avait pris en croupe sortit de ses haillons deux fins stylets et les lui planta en travers de la gorge. Le frère tomba de cheval, et le mourant, retrouvant toute sa vigueur, bondit à terre, pareil à un démon, et disparut en ricanant dans les hauteurs.
    Des sortes d’aboiements retentirent, puis des bruits de cavalcades et des éclats de voix, dont les parois de la montagne se renvoyèrent les échos, si bien qu’il était impossible de savoir d’où ils provenaient – sinon de partout.
    — Au galop ! ordonna Emmanuel. Retraite ! Retraite !
    S’efforçant de rester dignes et de faire preuve de discipline, les Hospitaliers se hâtèrent vers la plaine, mais une pluie de flèches s’abattit de la montagne. L’un des cavaliers tenta de quitter la colonne pour faire face à l’ennemi, mais Emmanuel lui cria :
    — Ne combattez pas, fuyez ! Ils sont beaucoup trop nombreux ! Il faut prévenir le krak !
    Mais il voyait bien qu’ils allaient se faire massacrer sur place. Emmanuel, qui se trouvait à l’une des extrémités de la colonne, tira sur les rênes de son cheval, et repartit vers le sommet de la montagne. Les flèches se fichaient dans son bouclier ou dans son armure, épargnant miraculeusement son cheval. Emmanuel, courbé sur sa selle, lui murmura à l’oreille :
    — Va ! File comme le vent ! Hâte-toi !
    Sa monture parut le comprendre et s’élança, malgré son épuisement, à l’assaut de la pente. Des flèches l’atteignirent à la croupe, le faisant se cabrer de douleur à chaque impact, mais ne l’arrêtèrent pas.
    Emmanuel l’encouragea de son mieux, dans l’espoir d’attirer l’attention des Assassins sur lui. Déjà, la pluie de flèches était moins drue : les Assassins le suivaient, ce qui n’était pas facile étant donné la nature du terrain.
    Au détour d’un col, Emmanuel tomba sur un étrange spectacle. Juste devant lui, un mystérieux cavalier blanc se dressait en travers du chemin. D’une main il tenait un étendard aux armes du pape, et de l’autre un olifant – celui qu’on donnait aux frères de l’Hôpital.
    Le chevalier – qui ressemblait à un Templier, si ce n’est qu’il n’arborait pas de croix vermeille – porta l’embout de l’olifant à sa bouche, et souffla.
    — Maudit sois-tu ! s’écria Emmanuel. Vas-tu me dire qui tu es ?
    Il s’avança vers lui, mais le cavalier fit pivoter d’un quart de tour sa monture, et détala dans un raidillon. Emmanuel pensa : « La forteresse d’El Khef ne doit pas être loin ! Que diable va-t-il faire là-bas ? » Il frissonna. Tout semblait calme. En bas, il n’y avait plus ni galopades, ni sifflements de flèches, ni cris. Que restait-il de la patrouille ? Que faire ? Redescendre, ou se lancer à la poursuite de ce mystérieux cavalier ? Sans doute s’agissait-il d’un Templier : il brandissait l’étendard de saint Pierre qui leur avait été remis, comme aux Hospitaliers, par Wash el-Rafid, l’agent secret du pape en Terre sainte.
    « Allons, se dit Emmanuel en pensant à Morgennes, mort pour mort, autant continuer. »
    Il éperonna son cheval et poursuivit son ascension, car s’il était résigné à mourir, il tenait également à tirer cette affaire au clair.
    Sa route le conduisit, au terme d’une sente escarpée, au pied d’un petit escalier taillé dans la roche, et qui menait à une sorte de promontoire. Son accès était gardé par deux étroits murets reliés par une arche de pierre, couverte de lichen, enchâssée dans la montagne.
    Le cavalier blanc

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