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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Il estimait que les cérémonies du lendemain l’emportaient sur mes petites intrigues passagères. Sa présence insistante rappela Titus aux soucis du moment.
    — Y a-t-il un problème ?
    — Domitien a pris les devants, mais votre père vous attend pour partir.
    — Bien, j’arrive.
    Le tribun attendit. Titus ne le fit pas sortir.
    — Nous avons besoin que vous identifiiez les autres conspirateurs, me pressa Titus.
    J’hésitai. J’étais désormais trop proche des personnes en cause pour pouvoir porter un jugement serein. Je vis qu’il avait prévu mon hésitation.
    — César, la garde prétorienne peut très bien prendre l’affaire en main. Je vous ai déjà parlé d’un capitaine qui est un peu au courant de l’enquête, un certain Julius Frontinus. Il a eu vent de l’affaire dès la disparition du premier lingot, c’est lui qui m’a mis sur la bonne piste…
    — Un ami ?
    — C’est un camarade de classe de mon frère.
    — Ah !
    Cette conversation tout empreinte de civilités me devenait inconfortable. Ses bonnes manières accentuaient mes états d’âme : au lieu de pouvoir me défiler, je sentais la pression monter sur moi.
    — Falco, j’aimerais que vous poursuiviez l’enquête, mais je ne peux pas vous y contraindre. Acceptez au moins de remettre votre décision d’une journée. Rien ne devrait se passer d’ici vingt-quatre heures, tout Rome sera mobilisé. Mon père récompensera toutes les personnes à son service. Vous devriez en profiter, vous l’avez bien mérité. Accordons-nous un temps de réflexion. Et revenez me voir après le Triomphe.
    Il se leva, prêt à répondre aux sollicitudes de son entourage, mais il me laissa continuer.
    — Je ne suis vraiment pas de leur monde, reconnus-je avec un certain embarras. Je saurais mettre la main sur un cambrioleur ou un casseur et le déposer à vos pieds, la corde au cou, mort ou vif suivant votre bon vouloir. Là, je manque d’entregent.
    Titus César haussa un sourcil sardonique.
    — Un traître poussé dans ses derniers retranchements s’en tient rarement à l’étiquette de la cour. Didius Falco, mon père a reçu une lettre dans laquelle Flavius Hilaris vante votre courage physique et votre agilité intellectuelle. Il a usé trois feuilles du meilleur parchemin pour vous dresser des louanges. Vous n’avez pas rechigné, quand c’était nécessaire, à user de la manière forte pour écarter les gêneurs, et maintenant vous auriez des hésitations ?
    — Très bien, Excellence. Je vais honorer mon contrat et identifier celui qui a monté le complot…
    — Et retrouver les cochons d’argent.
    — Sosia Camillina avait son idée sur la cachette. Je crois qu’elle avait raison.
    — Passage de la Louve ?
    — Passage de la Louve.
    Titus ne dissimula pas son exaspération.
    — Falco, je ne peux pas y maintenir mes hommes ! On a besoin d’eux ailleurs ! Nous avons quasiment démonté et reconstruit l’entrepôt à plusieurs reprises ! Et la tâche de l’officier responsable n’est pas simple, compte tenu de la valeur des marchandises. Nous avons promis à la jeune femme pour laquelle vous agissez que les officiers libéreraient…
    — Mais qu’ils partent ! suggérai-je avec un léger sourire. Je me charge d’annoncer à Helena Justina que vos hommes seront affectés ailleurs dès demain, jour de votre Triomphe. Il ne serait pas inutile de répandre cette nouvelle parmi son entourage…
    Je ne lui expliquai pas pourquoi mais, en homme intelligent, il aimait les conversations où tout le travail ne lui était pas mâché…
    — Je suis bien d’accord ; rien ne se passera tant que mes soldats seront perchés sur les cochons. Vous pouvez annoncer à Helena Justina que l’entrepôt est à sa disposition. Je vais demander aux prétoriens d’y jeter un coup d’œil de temps à autre… Mais je compte sur vous, Falco.
     
    En sortant du Palais côté nord-est, je descendis vers le Forum par le Clivus Victoriae. Toutes ces rues, si sombres d’ordinaire, brillaient sous les torches éclairant une multitude de figures indistinctes occupées à orner leur portique de guirlandes. On construisait des estrades. Dans les caniveaux, un flot constant de boue s’écoulait, charriant les débris d’un quartier à l’autre. Les régiments se succédaient sans fin, convergeant vers leur point de ralliement, sur le Champ de Mars. Des citoyens, qui, en temps normal, se barricadaient dès la nuit

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