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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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tombée dans leurs échoppes et maisons, s’attardaient en groupes, peu pressés d’abandonner cette ambiance fébrile. La ville bourdonnait déjà.
     
    J’envoyai un de mes neveux porter une missive chez Helena Justina. Je l’informai qu’elle pouvait disposer des épices, mais que, contrairement à ce que nous avions prévu, je ne pourrais l’accompagner dans ses explorations. Je n’avançais aucune explication ; elle finirait bien par comprendre avec quel embarras je revenais sur ma promesse. Pour l’heure, elle croirait que je cherchais à l’éviter.
    Ce n’était peut-être pas une mauvaise idée. Je n’avais jamais écrit à Helena auparavant, et je ne lui écrirais sans doute jamais plus. Selon toute vraisemblance, en apprenant ce que j’avais fait sur le Palatin, l’honorable Helena Justina n’éprouverait pas le besoin empressé de me revoir.
    J’avais demandé à mon neveu d’attendre la réponse, mais elle n’en transmit aucune.
     
    Ce soir-là, je me rendis chez Petronius. Son épouse, peu tendre à mon égard – dans ses meilleurs jours –, ne se montra pas ravie ; elle souhaitait qu’il consacre un peu de temps à ses enfants, en compensation de la journée du lendemain qu’il passerait à traquer les cambrioleurs le long de la via Ostia.
    Je lui exposai ce qui, selon moi, se tramait, et il promit de m’aider à surveiller l’entrepôt dès que cela serait nécessaire. Je l’abandonnai à quatre pattes, monté tel un éléphant par ses trois filles. Sa femme m’offrit du pain d’épices, sans doute pour me remercier de débarrasser le plancher.
    Je me serais bien saoulé. Heureusement pour la femme de Petro, le seul moment d’une enquête où je m’interdis de boire, c’est quand j’ai enfin découvert le nom du coupable.
    En me rendant au Palais j’avais cru que tout était fini, mais les enquêtes les plus détestables ont le chic pour durer…

56
    J’accompagnai mes sœurs et leurs douze gamins au Triomphe de Vespasien. Cela devrait suffire à assurer le repos éternel de mon âme aux Champs Élysées.
    Je me débrouillai pour rater la partie rasoir du défilé, avec les consuls et sénateurs, tout simplement en oubliant de me réveiller – même avec le vacarme, je n’eus aucune peine à dormir paisiblement, perché au sixième étage tel un œuf de colombe posé dans un nid à la cime d’un pin. L’armée se regroupa sur le Champ de Mars avant de défiler. Vespasien et Titus prirent place sur des trônes en ivoire, sous le portique d’Octavia, pour recevoir l’acclamation des troupes. Lorsque leurs vivats déchirèrent les cieux, même un type hibernant sur l’Aventin n’aurait eu d’autre choix que de sauter hors du lit. Tandis que la famille impériale se tapait un petit déjeuner sous l’Arc de Triomphe, je sortis ma tunique des grands jours, pris le temps d’arroser les fleurs sur le balcon et de me coiffer. Je me dirigeai vers le nord, à la lèvre un doux chant, et passai sous les arcades enguirlandées, avant de m’enfoncer dans un océan sonore.
    C’était une belle journée, délicieuse et chaude. Sale temps pour les retardataires : quand je sortis, la foule était déjà dense. Les temples étaient grands ouverts, mais on avait fermé les thermes. L’encens brûlait sur des milliers d’autels et se mêlait aux odeurs dégagées par un demi-million d’individus transpirant dans leurs tenues de fête sans pouvoir se baigner de la journée… Hormis un ou deux cambrioleurs acharnés se faufilant discrètement avec leur butin dans des ruelles à l’écart, tous ceux qui ne se trouvaient pas dans le défilé étaient occupés à le regarder. Une telle masse de curieux s’était agglutinée le long du parcours que les chars et marcheurs peinaient à se frayer un chemin.
    Mon beau-frère Mico (le plâtrier) avait pour une fois fait preuve d’utilité. On l’avait envoyé à l’aube dresser pour nous un échafaudage devant la demeure d’un pauvre citoyen qui n’en demandait pas tant. Il n’y avait pas vraiment la place pour un échafaudage… Mais quand les troupes de l’édile surprirent la famille Didius au grand complet, perchée sur ce nid de fortune, coiffée de chapeaux de paille et se goinfrant de melon juteux, les gourdes de vin bien entamées et les injures prêtes à fuser, ils acceptèrent une tranche de melon chacun et s’éloignèrent sans chercher à démonter l’installation.
    Heureusement j’avais raté le passage

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