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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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arrive qu’une enquête se résume à une suite logique de faits s’enchaînant les uns aux autres ; le premier enquêteur venu, s’il est doté d’un semblant de cervelle, peut alors conduire les choses seul et à son gré. Mais ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut. On est parfois condamné à remuer la boue à la recherche de débris, en espérant voir enfin remonter quelque relique pourrie pleine d’enseignement.
    Quelque chose venait d’apparaître dans la fange. J’étais malgré tout peu ravi qu’Helena se soit chargée de touiller le cloaque. Il était toutefois logique qu’elle ait retrouvé le bracelet à l’endroit même où Sosia avait déniché sa liste. À n’en pas douter, Helena Justina connaissait maintenant le nom du dernier conspirateur.
    Je glissai le bracelet dans mon ceinturon pour ne pas risquer de le perdre à nouveau.
     
    Je remarquai certains changements dans le passage. Les mauvaises herbes foisonnantes s’accrochaient langoureusement à plusieurs portes délabrées, aux chambranles recouverts d’un salpêtre qui luisait comme des œufs de crevette ; un peu plus loin, de nouvelles chaînes affichaient leurs cadenas clinquants devant des portes flambant neuves. Les baux devaient souvent changer de mains, au gré des fluctuations commerciales, qu’elles se trament sur les océans avec les dieux aux humeurs capricieuses, ou dans les spéculations toutes humaines qui se jouaient à l’Emporium.
    Vu de l’extérieur, l’entrepôt Marcellus ne semblait pas avoir tellement changé. À l’entrée, on avait déplacé de quelques mètres la carriole qui se trouvait déjà abandonnée là six mois auparavant. J’étais surpris qu’on y soit parvenu. Je remarquai le changement grâce au trou qui se trouvait désormais là où avait reposé le véhicule pourrissant. La grille donnant sur la cour était fermée… Pas à clé… Je m’introduisis furtivement.
    Lorsque j’étais venu y chercher Sosia, l’entrepôt Marcellus avait l’air désaffecté. Depuis, le commerce maritime vers Alexandrie avait repris, et quelques trirèmes remplies de marchandises à ras bord avaient manifestement dû faire le voyage pour Pertinax, avant sa mort. De toute évidence, l’endroit avait retrouvé une activité. Une file de chariots attendait contre un mur dans la cour et, en m’approchant de la porte de l’entrepôt, je sentis de nouvelles odeurs. Quelqu’un avait laissé une grosse clé sur la serrure extérieure. La porte, haute de quatre mètres, s’entrouvrit en grinçant, mais il fallut tout mon poids pour déplacer ce monstre.
    Quel endroit envoûtant ! Maintenant que Pertinax et son associé Camillus Meto s’en servaient à nouveau, le lieu avait retrouvé une atmosphère toute magique. À en juger par le silence de plomb, personne ne se trouvait là.
    Cet entrepôt à poivre était un vaste bâtiment carré, très haut de plafond, parsemé d’objets faiblement éclairés par quelques ouvertures situées tout en haut. L’espace n’était encore occupé qu’à moitié, mais en cette chaude après-midi, les divers arômes des denrées précieuses me saisirent dès l’entrée, comme la bouffée de chaleur d’un sauna bien isolé. Une fois que mes yeux furent adaptés à la pénombre, je pus distinguer les vasques remplies de racines de gingembre, alignées telles des statues de pharaons le long de l’allée conduisant aux tombes dans quelque silencieuse cité des morts. Les sacs empilés au centre du hangar regorgeaient de clous de girofle, de coriandre, de cardamome, ou encore de bâtons de cannelle. Des boxes en bois occupaient un mur entier ; j’y plongeai un bras et découvris plusieurs variétés de poivre en grains – rouge, blanc et vert. Sans trop réfléchir, j’en fourguai une petite poignée dans ma poche – l’équivalent d’un an de salaire.
    Helena demeurait introuvable. Je longeai une rangée de paniers et de tonneaux, jusqu’à l’arrière du local ; puis je revins sur mes pas. Mes yeux pleuraient légèrement. J’avais l’impression de me noyer dans ce flot d’odeurs enivrantes, comme dans un baume médicinal.
    — Helena.
    J’articulai son nom, doucement. J’attendis, à l’affût du moindre signe pouvant trahir sa présence, mais je voyais bien qu’elle n’était pas là.
    — Helena…
    Je sortis dans la lumière éblouissante de la cour. Quelqu’un était bien passé – on avait laissé la clé, sans doute en prévoyant

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