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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de revenir.
    Il n’y avait toujours pas un chat. Je contemplai à nouveau la file de chariots. Ils avaient dû représenter un gros investissement. D’ordinaire, on transportait les épices à dos de mule, dans des paniers.
    Je me dirigeai vers la grille. Naïssa était partie. Rien d’autre n’avait changé. Je repassai devant le vigile qui était suffisamment éveillé pour me jeter un regard brumeux mais gai.
    — Je cherche une jeune femme.
    — Je vous souhaite bonne chance, l’ami !
    Au point où il en était, tout le monde était son ami. Comme il insistait pour trinquer avec moi, je m’assis par terre à ses côtés pour réfléchir à la suite des événements. On ne pouvait partager sa bouteille sans profiter du même coup de sa compagnie. Deux raisons pour lesquelles il devait souvent boire seul : sa vinasse était certes déplorable, mais sa conversation davantage encore. L’alcool aidant, je lui demandai comment avançait le travail des égoutiers. J’aurais mieux fait de me taire : il était borné, et me bassina la tête, non sans morgue, avec tout un laïus sur l’incompétence des édiles chargés des travaux publics. Il avait raison, mais je me serais bien passé de son avis. Je suçotais un grain de poivre tout en maugréant.
    — Ces travaux durent depuis plus d’un an. Pourquoi si longtemps ?
    Si j’avais été un type chanceux, il aurait répondu qu’étant simplement le gardien, il n’en savait trop rien. Mais un homme capable de vous tenir la jambe sur les affaires locales ne saurait avoir cette franchise ou ce tact. Après un exposé bafouillant sur l’art d’entretenir les égouts – épouvantablement inexact du point de vue technique, et franchement agaçant quand il se mit à tracer des schémas sur le sol poussiéreux… – je finis par apprendre que les fissures ne cessaient de réapparaître. La tâche était ardue, et la faute s’en trouvait deux cent mètres plus bas dans le passage de la Louve. Aucun des arrogants riverains n’acceptait de laisser creuser dans sa cour. D’où l’obligation de balancer tout le ciment par ce trou et de le transporter ensuite sous terre dans des paniers…
    — Ils n’ont vraiment pas pu creuser de trou plus proche ? demandai-je.
    Avec la logique imperturbable des vrais ivrognes, il répondit qu’un tel trou n’existait pas.
    — Merci, dis-je en inclinant le rebord du chapeau prêté par Maïa.
    Je n’avais pas besoin de me déplacer pour savoir que je venais de retrouver les cochons d’argent.
     
    Allongé à côté de ce soûlaud fini, mon chapeau de paille posé sur le visage et la tenue débraillée, je retournai l’idée dans ma tête. Bizarrement je ne fus pas surpris en entendant des pas décidés approcher de la rue principale et nous dépasser, fort pressés de remonter le passage. Je redressai mon chapeau très légèrement au-dessus de mon nez et j’aperçus un homme qui m’était familier se glisser par le portail de l’entrepôt.
     
    J’eus tout juste le temps de dévaler la ruelle et de me dissimuler au fond d’un des chariots ; il ressortit presque sur-le-champ, aussi soudainement qu’une graine de lupin en train de germer. Comme moi auparavant, il avait dû trouver la clé dans la serrure. Je l’entendis se diriger vers le trou qu’avait dissimulé la carriole. J’eus l’impression qu’il s’arrêtait pour tendre l’oreille ; je retenais ma respiration. Il craqua une allumette en soufre. Il se glissa le long de l’échelle qui s’enfonçait dans le sol… Je sautai aussitôt à terre et m’approchai de l’ouverture, en prenant soin de la contourner pour que mon ombre ne porte pas dessus. Je me tins prudemment en arrière tant que retentit le cliquetis lointain de ses chaussures sur l’échelle. J’attendis quelques secondes de plus, au cas où l’idée l’aurait pris de jeter un coup d’œil vers le haut.
    Après m’être assuré que j’étais bien seul, je me redressai et entrepris de descendre à mon tour, m’efforçant de placer silencieusement la plante de mes pieds sur les barreaux métalliques.
    Une fois en bas, après un léger tournant, on se retrouvait dans un réduit d’où partait une galerie qui passait sous le mur de la cour. On avait la place d’y marcher sans se courber, et le sol était lisse. Tout était recouvert de mortier bien sec. Avec le peu de lumière qui parvenait d’en haut, je me dirigeai vers une large embrasure. Dissimulé dans l’ombre du

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