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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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tunnel, j’eus tout loisir d’observer l’homme que j’avais suivi, en pleine conversation avec Helena. C’était le plus jeune des frères Camillus, son oncle Publius.
    Je ne savais toujours pas s’il était venu en malfrat, soucieux de sauver son magot – ou tout bonnement en citoyen honnête, quoiqu’un peu curieux.

59
    Publius et Helena tenaient chacun une lampe. Au-delà de ces cercles de lumière réduits, qui marquaient leur visage d’un reflet blême, on distinguait tout juste une sombre masse rectangulaire.
    — Vous êtes donc là ! s’exclama Camillus Meto.
    Il trouvait sans doute surprenant qu’une jeune femme n’ait pas préféré assister au Triomphe. À la façon dont résonnaient leurs voix, je supposai qu’ils se trouvaient dans une pièce étroite, mais bien remplie.
    — Je ne vous ai pas fait peur ?
    Ni l’un ni l’autre ne semblait sur ses gardes. Je sentais mon cœur battre à tout rompre, telle une bulle d’air coincée dans une canalisation en cuivre.
    Helena Justina demeurait parfaitement immobile dans ce réduit souterrain, comme perdue dans ses pensées. Elle avait bien dû entendre les pas de son oncle, et pourtant elle ne se montrait pas le moins du monde surprise. Elle s’adressa à lui avec bonne humeur, comme elle l’aurait fait avec n’importe quel autre parent.
    — Eh bien, regardez-moi ça ! Cette cave à safran est une cachette idéale ! Je craignais que les soldats ne la découvrent, mais manifestement cela n’a pas été le cas.
    — Vous étiez au courant ? Pertinax vous y avait amenée ?
    — Plusieurs fois, pour me montrer le parfum. Mais à l’époque nous étions mariés, bien sûr. Cette cave bien sèche, avec sa porte dérobée, était idéale pour conserver les épices les plus précieuses. La ruse était tellement simple – une entrée dans la ruelle, au vu et au su de tous !… Il me disait que c’était sans risques, mais je n’en étais pas convaincue… J’ai trouvé d’autres lampes…
    Elle les alluma avec une longue allumette et le reste de l’endroit se découvrit à nous.
    Sous un plafond très bas, de grossiers blocs de pierre mal taillés faisaient office d’étagères, sur lesquelles les pots en céramique et les fioles en verre rappelaient l’échoppe d’un apothicaire. Pertinax et Camillus Meto conservaient ici, outre les filaments de safran séché provenant des plus beaux crocus de Bithynie – d’où le nom de cette cave – leurs essences les plus précieuses, à l’abri des douanes et des employés chapardeurs. On ne sentait pas le safran à cause des parfums plus concentrés, chargés d’ambroisie. Helena et son oncle n’y prêtaient aucune attention.
    Une masse sombre occupait presque tout l’espace au sol… De quoi glacer le sang de qui avait croupi comme mineur au fond d’une mine d’étain : des lingots d’argent empilés par dizaines jusqu’à hauteur de poitrine, aussi soigneusement que les mottes de gazon dans un remblai militaire.
     
    J’avais remarqué que Camillus Meto ne quittait pas sa nièce du regard.
    — Falco vous a accompagnée ?
    — Non ! fit-elle d’un ton dur.
    Son rire bref trahissait des sous-entendus qui ne me plaisaient guère.
    — Il vous a plaquée ?
    Helena ne releva pas.
    — Bel acompte pour un empire ! s’émerveilla-t-elle avec l’amertume que je lui avais connue par le passé. Falco aurait donné cher pour voir cela ! Dire que sans lui nous ne saurions pas que les trois quarts de ce triste butin ne contiennent même plus d’argent…
    — Très futé, ce Falco, dit Publius calmement. J’imagine mal les prétoriens faire du porte-à-porte, dans les villas de bord de mer à Pompéi et Oplontis, pour vendre leurs tuyaux en mauvais plomb ! (Je lui trouvai un air plus enjoué que dans mon souvenir.) Que faisiez-vous ici seule, avant mon arrivée ?
    — Je réfléchissais, fit-elle d’un air triste. À propos de Sosia… Je me demandais si elle était morte dans cette cave… Elle en connaissait l’existence – elle y était venue une fois avec moi et Gnaeus. Elle y est peut-être retournée, sachant que l’endroit était secret…
    D’un geste brusque, le père de Sosia posa sa lampe sur une étagère et croisa les bras. Son regard livide parcourut la pièce tandis que ses traits se durcissaient.
    — Nous n’y pouvons plus rien, affirma-t-il d’une voix éprouvée.
    Il voulait qu’elle s’arrête. Moi aussi, ne serait-ce que pour lui. Il

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