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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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arborant leurs hautes crêtes rouges, augures, ingénieurs… se suivaient à n’en plus finir. Ce fut ensuite le long défilé des fantassins par rang de six, cheminant en rythme, de ce pas coulé qui avait conduit sans effort les légions aux quatre coins du monde. L’armée régulière suivait : les cohortes colorées se succédaient au fil des rues, suivies des bataillons exotiques – les archers au visage basané, dans leurs armures brillantes, montés sur d’agiles poneys, puis la cavalerie lourde et ses hommes inquiétants avec leur masque doré, qui brandissaient d’un même geste leur lance décorée de plumes.
    L’attente promettait d’être longue. L’Empereur devait gravir les marches à genoux et conduire ensuite le sacrifice officiel dans le temple de Jupiter, sur le Capitole. Comme je ne pouvais espérer faire marche arrière avant une bonne heure, je décidai de contourner le Palatin pour rejoindre mes sœurs du côté du Caelius. Cet itinéraire me permettrait en chemin de jeter un coup d’œil à divers lieux.
    Je suivis la Cloaca Maxima – le grand égout construit cinq cents ans plus tôt pour assécher les marais autour du Forum et sur l’Aventin, côté fleuve. Je me retrouvai bientôt dans le quartier des marchés à épices. Un vigile veillait toujours sur les fosses où des égoutiers continuaient de creuser quotidiennement les entrailles du passage de la Louve – mais ils n’étaient pas présents ce jour-là : personne ne travaillait les jours fériés, hormis la poignée de veilleurs souhaitant se saouler en paix. Mon vigile s’était déjà sifflé une belle outre et piquait un somme avant d’entamer la suivante.
    Rien à signaler. Mais au bout de l’allée, j’aperçus une silhouette qui ne m’était pas inconnue.
    — Naïssa ?
    Helena Justina ne s’embarrassait pas souvent de sa servante.
    En ce jour exceptionnel, elle s’était apprêtée avec du maquillage, sans doute emprunté. Alors que, sous un faible éclairage, elle avait cru rehausser ses traits, une fois en plein jour elle se retrouvait avec une couche trop épaisse, aux couleurs un peu vives ; cela lui donnait un regard peu naturel, éberlué.
    — Dites-moi, jeune fille, où est votre maîtresse ? demandai-je avec un soupçon d’angoisse.
    — Dans l’entrepôt de son beau-père. Moi j’avais trop peur d’aller plus loin. Elle m’a dit d’attendre ici.
    — Ça n’a pourtant rien de sinistre, un simple entrepôt ! Vous auriez dû l’accompagner.
    — Et que dois-je faire maintenant ? demanda Naïssa avec nervosité, écarquillant ses yeux au maquillage stupéfiant.
    — Exactement ce qu’elle vous a dit de faire, fis-je sans une once de réconfort.
    Je cherchai à analyser la situation au plus vite. La veille, je l’avais informée que je ne pourrais l’accompagner dans l’entrepôt ; il valait mieux s’en tenir là, même si j’étais venu avec d’autres idées en tête. Malgré mon envie de la voir, je choisis de ne pas m’attarder. J’aurais eu du mal à l’affronter maintenant que j’étais convaincu de l’implication d’un de ses proches dans la conspiration. Pourtant, comment oublier que, dans ce même entrepôt, Sosia Camillina avait été assassinée… Il était encore plus inconcevable de laisser Helena Justina toute seule.
    — Êtes-vous Didius Falco ? demanda Naïssa qui avait cru me reconnaître. Ma maîtresse m’a demandé de déposer ceci chez vous.
    Elle me tendit quelque chose enveloppé dans un foulard. Le poids m’en était familier.
    — Elle n’a laissé aucun message ?
    — Non, monsieur.
    Je trouvais tout cela bien étrange. Je suggérai vivement à la servante :
    — Retournez auprès de la famille pour assister à la fin du Triomphe. Dites à la mère d’Helena Justina, le plus discrètement possible, qu’elle se trouve désormais sous ma protection. Inutile de déranger son père pour l’instant, il doit se trouver au sacrifice. Mais si Helena n’était pas de retour pour le dîner de célébration, prévenez tout de suite son père et dites-lui où nous sommes.
     
    Je remontai le passage de la Louve d’un pas pressé. En chemin je déroulai le foulard d’Helena. Je découvris à l’intérieur un bracelet en jais de Bretagne, dont les divers morceaux s’entrecroisaient à la façon des fanons de baleine. Le bracelet que Sosia Camillina m’avait offert, et que l’on m’avait volé devant la demeure du sénateur.

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    Il

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