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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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surprenante.
    —  Oh, Didius Falco, ne faites pas tant d’histoires !
     
    Je me rendis à mon tour chez Pertinax. Comme je l’avais dit à Helena, c’était idiot… Heureusement, la brute épaisse n’était toujours pas rentrée.

41
    Je rencontrai Petro par hasard dans la rue. Il émit un sifflement admiratif et posa sa main sur mon épaule.
    — Où vas-tu comme ça, beau gosse ?
    Honoré de dîner avec le maître du monde civilisé, j’avais revêtu ma plus belle tunique – un passage à la blanchisserie avait quasiment effacé toutes les vieilles taches de vin. Je portais des sandales (cirées), un nouveau ceinturon (qui fleurait bon le cuir) et la chevalière en obsidienne de mon grand-oncle Scaro. J’avais passé l’après-midi chez le barbier et aux bains, et pas seulement pour échanger des potins (je ne m’en étais tout de même pas privé, j’en étais ressorti la tête farcie…). Les cheveux coupés ras, je me sentais léger comme un agneau tondu. Petronius huma les odeurs inhabituelles d’huile de bain, de lotion après-rasage, d’onguent pour la peau et de pommade pour les cheveux. Puis, du bout des doigts, il fit mine d’ajuster un des plis de ma toge, comme pour ajouter une dernière touche d’élégance. Cette toge avait appartenu à mon frère qui, en bon soldat, s’équipait toujours des plus belles choses, qu’il en eût besoin ou non. J’étais en nage sous le poids de cette laine épaisse, et j’avais du mal à cacher mon embarras.
    Avant que mon comparse circonspect ne se fasse une idée fausse, je dis :
    — Je vais à une soirée au Palais. J’accompagne une potiche d’un vinaigre des plus saumâtres…
    Il parut étonné.
    — On travaille la nuit, maintenant ? Fais attention, joli cœur. Un beau gosse comme toi pourrait s’attirer des ennuis !
    Je n’avais pas le loisir de discuter. J’avais déjà perdu beaucoup de temps chez le barbier et j’étais en retard.
     
    Le portier des Camillus refusa de me reconnaître. Je dus quasiment en venir aux mains, perdant ma bonne humeur et dérangeant ma tenue impeccable. Le sénateur et Julia Justa étaient déjà partis. Heureusement, Helena m’attendait sagement dans le vestibule et elle sortit dans sa chaise en entendant le remue-ménage. Elle m’inspecta de la tête aux pieds, mais je ne pus en faire autant qu’une fois arrivé sur le Palatin.
    J’en restai bouche bée.
    Tôt ou tard, l’argent finit par parler. Je lui tendis la main pour l’aider à descendre, drapée dans une cape très distinguée, un demi-voile sagement tendu sur son visage. On éprouve toujours un malaise en rencontrant un ami paré au point de vous sembler étranger. Une fois débarrassée de sa cape, je ne pus qu’approuver le travail irréprochable accompli par les servantes de sa mère. Métamorphosée par les pinces à manucure, pinces à sourcils, fers à friser et autres bâtons à récurer les oreilles, ayant fermenté tout l’après-midi sous un épais masque à la farine, agrémentée d’un délicat saupoudrage d’ocre rouge sur les joues et d’un léger reflet d’antimoine sur les paupières, Helena Justina était on ne peut plus présentable, même à mes yeux. Tout en elle semblait briller avec éclat, des reflets de la fine tiare délicatement posée sur sa coiffure recherchée, jusqu’à ses souliers recouverts de perles, qui miroitaient à travers les volants de sa robe. Elle était bras nus, et portait une tenue en soie verte. Elle apparaissait telle une naïade élancée, éclatante de supériorité.
    Je détournai un instant le regard, puis l’admirai à nouveau, tout en me raclant la gorge.
    La voix un peu enrouée, je lui avouai n’avoir jamais passé de soirée en compagnie d’une naïade.
    — Si nous étions sur la plage à Baiae, je craindrais fort de voir un vieux dieu marin bien salé vous coucher sur un lit d’algues pour votre plus grand plaisir !
    Elle répliqua qu’elle lui flanquerait un coup de son trident dans les nageoires ; je lui rétorquai que, pour le dieu, le jeu en valait malgré tout la chandelle…
    Nous avons rejoint la lente procession d’invités qui se dirigeaient vers la salle à manger. Le cortège déambula à travers les grotesques galeries de Néron, où l’or s’accumulait tellement sur les piliers, arcs et murs qu’on aurait dit une grosse couche uniforme de peinture. Des faunes méticuleusement représentés faisaient des cabrioles avec des chérubins, sous

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