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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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des pergolas croulant de roses en toute saison, et dans un tel luxe de détails que, une fois démonté l’échafaudage du peintre, seules les mouches et les mites vagabondes pouvaient en apprécier la délicatesse. Tant de luxe me voilait le regard, un peu comme si j’avais perdu la vue en regardant le soleil.
    — Mais vous vous êtes fait couper les cheveux ! me lança Helena Justina entre ses dents.
    — Ça vous plaît ?
    — Non, dit-elle franchement. Je vous aimais bien avec vos boucles.
    Jupiter pouvait en témoigner, elle restait égale à elle-même. J’adressai une moue expressive vers le chignon recherché qui coiffait sa tête.
    — Si vous souhaitez vraiment parler de boucles, ma chère, je vous préférais sans…
     
    Vespasien avait une conception extrêmement vieux jeu des banquets : les serviteurs restaient habillés et la nourriture n’était jamais empoisonnée.
    Même s’il organisait de fréquentes réceptions, Vespasien n’avait aucun goût pour la fête ; il souhaitait avant tout faire plaisir à ses invités, tout en donnant un coup de pouce aux traiteurs de la ville. En bon républicain, je ne me laissai pas impressionner.
    À vrai dire, l’idée de participer à un des dîners bien réglés de l’Empereur me laissait plutôt morose. Inutile de me demander quel était le menu : j’ai passé mon temps à calculer combien cela avait coûté. J’eus la bonne fortune d’être assis trop loin de Vespasien pour pouvoir lui expliquer mon point de vue. Je l’ai trouvé assez silencieux ; le connaissant, il songeait sans doute au trou que tout cela faisait dans son budget.
    Vers le milieu de ces réjouissances auxquelles je refusais de prendre part, un serviteur vint me tapoter sur l’épaule. Helena Justina et moi nous trouvâmes soustraits au repas avec un doigté consommé – j’avais toujours une pince de langouste à la main, et elle n’avait pas terminé sa bouchée de poulpes à l’encre. L’esclave du vestiaire me passa ma toge et en ajusta les plis en une poignée de secondes, ce qui m’avait pris une heure à la maison ; un autre nous chaussa. On nous escorta vers une antichambre richement décorée. Deux soldats portant des lances s’écartèrent, découvrant une porte en bronze qu’un portier ouvrit. On annonça nos noms au chambellan, qui les répéta à un jeune garçon, lequel les clama d’une voix assurée, sauf qu’il les écorcha tous les deux, ce qui ternit quelque peu cette mise en scène impeccable. Nous pénétrâmes dans une salle. Je tendis ce qui restait de ma pince de langouste à un esclave que je trouvais bien oisif.
    Un rideau s’abaissa, étouffant le brouhaha de l’extérieur. Un jeune homme – de mon âge, pas très grand, avec un menton proéminent reproduit dans Rome à des centaines d’exemplaires en marbre – quitta prestement sa chaise recouverte d’un tissu violet. Son corps était raide comme une trique ; je grimaçai sous sa poigne énergique. Sur le revers de sa tunique, les feuilles d’acanthe dorées formaient un motif en tresses. Il fit signe à sa suite de s’écarter et s’avança pour nous accueillir.
    — Entrez, je vous prie. Didius Falco ? Je tenais à vous féliciter pour ce que vous avez fait dans le nord.
    Helena n’avait pas besoin de me prévenir en m’effleurant le bras de la sorte. Je compris tout de suite à qui j’avais affaire, et par là même qui étaient mes employeurs. Je m’étais trompé en croyant travailler pour le compte d’une bande d’orientaux affranchis, obscurs secrétaires croupissant dans les profondeurs de la hiérarchie impériale.
    Je me trouvais face à Titus César en personne.

42
    Pour un homme qui venait de passer cinq années dans le désert, il avait une forme étonnante. Et il avait du talent à revendre. On comprenait vite comment il avait obtenu le commandement d’une légion à 26 ans, avant de se rallier la moitié de l’Empire et de récupérer le trône pour son père.
    Titus Flavius Vespasianus. Je sentis ma gorge, qui me picotait déjà depuis un bon moment à cause d’une sauce généreusement poivrée, s’assécher d’un coup. J’avais deux employeurs : Titus et Vespasien. Ou, en cas d’échec, deux victimes de poids.
    Ce jeune général à la mine joviale était censé se trouver en plein siège de Jérusalem ; manifestement il avait réglé le problème, et je ne doutais pas un instant qu’il ait dans le même temps raflé la fabuleuse

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