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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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place.
    Contre toute attente, Helena fit volte-face vers moi :
    — Non merci ! Vous avez eu la gentillesse de me faire partager votre opinion, voici la mienne… (Elle avait baissé la voix mais Petro et moi n’en menions pas large.) En Bretagne, vous avez vécu un véritable séjour aux Enfers. Vous m’avez sauvé la vie. Vous seul à Rome gardez une lampe allumée en mémoire de ma cousine. Et malgré tout cela, vous demeurez un grossier personnage, bourré de préjugés et tournant tout à la dérision ! Vous manquez autant de bonnes manières que de bonté d’âme ! La plupart des choses que vous me reprochez…
    — Je ne vous reproche rien…
    — Mais vous me reprochez tout !
    Elle était merveilleuse ! Comment avais-je jamais pu croire autre chose ? Errare humanum est…
    — Didius Falco, je regretterai toute ma vie de ne pas vous avoir laissé tomber dans le Rhodanus quand j’en ai eu l’occasion !
    Son sens de l’humour fouettait…
    Elle était tellement exaspérée que je ne savais plus quoi faire. Je m’adossai au mur et fus pris d’un fou rire.
    Petronius Longus, gêné, continuait de fixer le mur au-dessus de nos têtes. Il dit sans sourire :
    — Y’a de quoi avoir des regrets… Même à l’armée, il n’a jamais appris à nager.
    Elle pâlit davantage.
     
    Nous entendîmes des cris, un bruit de pas. Les hommes postés au bout de la ruelle appelèrent d’une voix mesurée.
    Inquiet, Petronius s’avança.
    — Petro, aide-nous à sortir de ce cul-de-sac.
    — Pourquoi pas, fit-il avec un haussement d’épaules. Allez, en arrière… (Il s’arrêta.) Mademoiselle, je peux vous…
    — Laisse tomber, Petro ! lançai-je, amer. La princesse est avec moi.
    — Vous pouvez lui faire confiance, se résolut-il à dire gentiment à Helena. Il est très doué dans les moments de crise.
    — À l’en croire, fit remarquer Helena avec une lassitude feinte, il n’est pas doué que pour ça !
    Venant d’une fille de sénateur, nous en avions le souffle coupé.
     
    Nous nous sommes glissés hors de l’impasse pour nous retrouver dans une avenue encombrée. Les hommes de Petro grommelèrent. Devant la densité de la circulation, nous reculâmes ; Petronius m’adressa un grognement par-dessus son épaule.
    — C’est un véritable essaim ! On se croirait aux ruches d’Hybla ! Il faudrait faire diversion…
    — Oui, m’empressai-je de dire, ça nous arrangerait si tu les attirais loin de la rivière.
    — Surtout n’oublie pas de crier si la dame te pousse dans le Tibre, histoire qu’on te voie tous te noyer ! Prêtez-moi donc cela.
    Le sourire aux lèvres, Petronius défit la cape blanche que portait Helena Justina. Il en revêtit le plus fluet de ses hommes, qui s’engouffra dans le flot de véhicules sous les sifflets admiratifs du reste de la patrouille.
    Petro disposa ses hommes pour qu’ils règlent la circulation au grand croisement de la via Ostia. Je connaissais d’avance le résultat : en l’espace de quelques secondes, plus rien ne bougea. J’observai la cape blanche d’Helena, perdue au milieu des conducteurs dressés sur leurs marchepieds, qui injuriaient tous la patrouille.
    Nous avons profité de la panique généralisée pour nous sauver. Préférant accorder toute mon attention à Helena sans être embarrassé par mon sac d’or, je l’avais confié à Petro en lui demandant de le remettre à maman – en précisant bien que cela lui appartenait, pour qu’il n’y prélève pas son pourboire. Nous sommes repartis dans la direction par laquelle nous étions arrivés. Nous nous sommes vite retrouvés trop à l’ouest, mais dans des rues plus calmes.
    Nous étions du côté où l’Aventin jouxte la rivière, près du pont Probus. Je fis un crochet vers le sud, dépassant l’Atrium de la Liberté, prenant le temps de boire un peu d’eau à la fontaine de la bibliothèque Pollio ; j’en profitai pour laver mes chaussures et mes jambes qui en avaient besoin. Helena Justina commença à faire de même, un peu hésitante. J’attrapai son talon et lui frottai vigoureusement les pieds comme le faisaient les esclaves au cours des banquets.
    — Merci, murmura-t-elle doucement.
    Je nettoyai ses sandales perlées avec une attention méticuleuse.
    — Sommes-nous en sécurité ?
    — Mais non, gente dame ! Il fait nuit et nous sommes à Rome. On nous poignarderait de dépit en voyant que nous n’avons plus rien à voler !
    — Ne soyez

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