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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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prénom.
    Je l’avais appelée « chérie », une belle imprudence pour un enquêteur privé ; il faut reconnaître qu’à cet instant-là nous étions tous deux fort occupés – ma raison me disait qu’elle n’avait peut-être pas entendu, mais au fond de mon cœur, je ne souhaitais que ça…
     
    Dès l’ouverture des grilles, nous nous sommes précipités vers la sortie, sans prendre le temps d’admirer les parterres d’acanthes où d’imbéciles jardiniers, les pieds dans la terre et coiffés de ridicules couvre-chefs, nous contemplaient, bouche bée. Je doute pourtant fort que nous ayons été les premiers amoureux surpris de la sorte. Avant de la reconduire chez elle, j’achetai à Helena de quoi se sustenter. Seule une charcuterie était ouverte… J’ose à peine l’avouer, mais votre serviteur osa un jour présenter à la fille d’un sénateur, en guise de petit déjeuner, un friand de veau enveloppé dans une feuille de laurier… Et elle le mangea, en pleine rue ! J’avalai aussi le mien, mais non sans réticences car j’avais reçu une sévère éducation – dans ma famille, on mangeait chez soi et à table.
    Le jour se levait et un soleil pâle brillait déjà sur le Tibre. Nos élégants vêtements dans un piteux état, nous nous sommes assis sur un quai pour contempler les bateliers fendre l’eau argentée. Nous avons eu une longue conversation amicale ; Helena soutenait que j’avais encore fait preuve de préjugés en affirmant que tous les jardiniers étaient des imbéciles… On sentait d’agréables odeurs de poisson séché et de pain frais. Une belle journée s’annonçait, même si la fraîcheur persistait à l’ombre des cabanes longeant la rivière. Je voulais croire que cette aube annonçait plus qu’une journée nouvelle.
    Nous faisions peur à voir ; j’avais honte de la ramener chez elle dans cet état. Je trouvai un modeste établissement de bains déjà ouvert à cette heure matinale. Nous y pénétrâmes tous deux. Il n’y avait encore aucun client. Je fis l’acquisition d’une flasque d’huile – à un prix prohibitif… – et, à défaut d’un esclave préposé aux bains, enduisit Helena moi-même. Elle sembla trouver cela agréable ; moi je n’aurais pas donné ma place. Ensuite elle me frotta avec un strigile emprunté, ce qui me plut encore davantage. Plus tard, alors que nous étions assis dans le sauna, elle se tourna vers moi sans dire un mot. Elle enfouit son visage contre moi. Nous demeurâmes silencieux. Les mots nous manquaient.
     
    Quand nous sommes rentrés chez elle, tout le monde dormait. Le plus dur fut de réveiller cette andouille de portier et de le convaincre d’ouvrir à la fille de son maître… Cet esclave avait déjà feint de ne pas me reconnaître la veille au soir. Il ne m’oublierait pas de sitôt ; avant de s’éloigner, Helena se retourna et déposa un baiser sur ma joue.
    Je marchai de la porte Capena jusqu’à l’Aventin.
    Je ne prêtai aucune attention au parcours. J’étais submergé d’ivresse et d’épuisement. J’avais l’impression d’avoir vieilli de vingt ans en l’espace d’une nuit. J’étais fou de joie – rien ne pouvait m’atteindre. Malgré la fatigue, j’affichais un large sourire béat, d’une oreille à l’autre.
    Petronius traînait devant la blanchisserie de Lenia, le teint rose et les cheveux humides comme s’il venait d’y passer un certain temps. J’éprouvais pour lui une profonde affection – il ne le méritait pas et n’aurait d’ailleurs jamais compris un tel sentiment. Il me flanqua une claque à l’estomac et me regarda avec insistance. Je n’avais plus de force dans les jambes mais je parvins à encaisser le coup presque sans grimacer.
    — Marcus… fit-il, peu sûr.
    — Petro, merci de ton aide.
    — De rien. Ta mère souhaite te parler au sujet du sac d’or. Et ça, c’est bien à toi ?
    Il me tendit la bague du grand-oncle.
    — Tu as mis la main sur cette ordure de Melitus ?
    — Ça n’a pas été bien difficile, on connaît ses repaires. J’ai aussi récupéré des bijoux qui doivent appartenir à ta dame. Je les ai déposés chez elle ce matin. Les serviteurs m’ont dit qu’elle n’était pas là… ajouta-t-il d’une voix hésitante.
    — Non, mais elle est rentrée depuis. Je lui ai fait remarquer qu’une récompense me semblait indiquée, au cas où tu lui ramènerais ses bijoux. J’ai suggéré quelque chose pour ta femme.
    Il

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