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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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eurent mangé et bu, ils se sentirent un peu ivres et si fatigués qu’ils s’étendirent
sur des fourrures qui jonchaient le sol.
    Cependant, Bricriu sortit un instant et, à l’extérieur, il
entendit un bruit qui ressemblait à un faible gémissement. Il s’avança, l’oreille
tendue, dans l’espoir d’identifier le son, et il aperçut bientôt une grande et
belle maison qui lui faisait face et qui semblait richement ornée. Il se
dirigea vers la porte, jeta un coup d’œil à l’intérieur et reconnut, dans le
maître de céans, l’homme qui les avait précédemment servis. Seulement, au lieu
d’être vêtu de haillons, il portait des habits somptueux, et son visage était
beau et resplendissant. Assurément, il avait l’allure et le maintien d’un
prince.
    « Entre dans la maison, ô Bricriu », dit le jeune
homme.
    Bricriu fit quelques pas à l’intérieur et remarqua que les
murs, tapissés de bronze, arboraient des médaillons d’or et d’argent. Il vit
aussi, dans le fond de la pièce, un grand lit de fourrures sur lequel était
étendue une femme vêtue d’une robe multicolore.
    « Que regardes-tu ainsi ? » demanda le jeune
homme.
    Sans pouvoir s’empêcher d’admirer la beauté de la femme, Bricriu
ne sut que répondre.
    « Bienvenue à toi, Bricriu, en vérité, dit-elle tout à
coup. – Pourquoi me souhaite-t-elle la bienvenue, s’ébahit-il, et comment me
connaît-elle, alors que je ne l’ai jamais vue ? – C’est pourtant à cause d’elle
que, moi aussi, je te souhaite la bienvenue, répondit le jeune homme. – Comment
cela ? dit Bricriu. – Ne vous manque-t-il personne à Émain Macha ? reprit
l’autre. – En vérité, répondit Bricriu, il nous manque depuis plusieurs mois
cinquante jeunes filles, ainsi que la sœur du roi Conor. – Les reconnaîtrais-tu
si tu les voyais ? – Si je ne les reconnaissais, c’est qu’elles auraient
bien vieilli ! Mais quelques mois ne suffisent à changer l’allure des gens.
– Eh bien ! continua le jeune homme, cherche donc à les reconnaître. Sache
que les cinquante jeunes filles se trouvent dans cette maison [62] .
Leur maîtresse également est en mon pouvoir. Elle se nomme Dechtiré. Ce sont
elles toutes qui sont venues à Émain Macha sous la forme d’oiseaux, afin d’attirer
les Ulates et de les mener jusqu’ici. »
    Là-dessus, la femme offrit à Bricriu un manteau pourpre à
franges d’argent, et il sortit rejoindre ses compagnons. Mais, tout en marchant,
il se mit à réfléchir.
    « Certes, se disait-il, Conor donnerait cher pour
savoir ce que sont devenues les jeunes filles qui nous manquent. Oh ! il
donnerait assurément une fortune à qui lui révélerait qu’elles sont ici avec sa
sœur ! Or, comme c’est moi qui les ai retrouvées, mieux vaut que j’attende
une occasion pour le lui apprendre. Pour l’instant, je me contenterai de dire
que j’ai vu une maison splendide emplie de belles femmes. »
    « Quelles nouvelles rapportes-tu ? questionna
Conor dès qu’il le vit rentrer. – Je me suis rendu dans une maison très vaste, très
noble et brillante, répondit-il, et les richesses qu’elle recèle sont
réellement digne d’un roi. Elle abrite aussi cinquante jeunes filles, toutes
plus belles les unes que les autres, ainsi qu’une reine gracieuse, aux joues
rouges et aux belles boucles. Le maître de cette maison, un jeune homme au fier
maintien et au visage resplendissant, a autant de dignité que Conor quand il
préside le festin à la Branche Rouge, dans la puissante forteresse d’Émain
Macha. – Fort bien, dit Conor. Mais cet homme est mon vassal, puisqu’il se
trouve sur mes terres. Qu’il m’amène donc sa femme, afin qu’elle couche avec
moi, comme il est de coutume en une telle circonstance. »
    Personne d’abord ne se soucia d’aller trouver le maître de maison
et de lui transmettre le vœu du roi Conor mais, finalement, Fergus s’y décida. Il
alla vers la maison dont avait parlé Bricriu, y entra et en salua les occupants.
On lui fit bon accueil et on lui demanda ce qu’il désirait. Il expliqua que le
roi Conor souhaitait que la femme de l’hôte s’acquittât de son devoir en venant
dormir avec lui cette nuit-là. La femme s’excusa de ne le pouvoir, vu qu’elle
était enceinte et sur le point d’accoucher. Elle ne refusait pas d’obéir à la
coutume mais réclamait un délai.
    Fergus retourna donc auprès de Conor et lui rapporta la
chose. Le roi admit

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