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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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l’homme à la capuche quand, subitement, les cris se turent pour laisser place à un silence angoissant. Ne serait-ce point le diable qu’on venait d’achever ?
    Le doyen Hügelmann venait d’arriver. Il écarta et repoussa les curieux. En apercevant le corps gisant, il s’écria le visage empourpré de colère :
    — Qui a fait ça ? Qui a tué cet homme dans la maison du Seigneur ?
    — Il voulait détruire notre cathédrale, objecta la brute qui avait précipité l’homme de la chaire. Il ne méritait que la mort.
    — Oui, il n’a eu que ce qu’il méritait ! renchérit l’assistance en chœur. Maintenant au moins, il ne peut plus faire de mal. Aurions-nous dû attendre que notre cathédrale se soit complètement effondrée ? Ce jeune homme a bien fait !
    Hügelmann regarda les visages pleins de haine et de fureur sans dire un mot et mit un genou en terre. Loin de lui l’idée de se montrer déférent envers le défunt ! Sa bedaine l’empêchait tout simplement de se plier en deux pour examiner le mort.
    Il écarta la capuche précautionneusement, et tous purent voir le visage défiguré par la douleur et la bouche ouverte d’où s’échappait un filet de sang.
    Un cri sourd parcourut la foule lorsque Hügelmann tourna sur le côté le crâne éclaté.
    Sa nuque portait la marque de la tonsure. On devinait encore ce petit cercle rasé au sommet de la tête qu’ont habituellement les moines et qui les stigmatise à vie. Hügelmann secoua la tête.
    — Dieu du ciel ! marmonna-t-il dans sa barbe. u n moine, pourquoi fallait-il que ce soit précisément un moine ?
    Le doyen eut une hésitation. Puis il retroussa la manche droite de l’homme, dégageant son avant-bras dont l’intérieur était marqué au fer rouge d’une croix barrée en oblique à l’intersection des deux branches.
    — C’est bien ce que je pensais, dit-il tout bas, puis il clama haut et fort afin que tout le monde puisse l’entendre : cet homme avait vendu son âme au diable ! Sortez-le d’ici afin que son sang ne souille pas la maison du Seigneur.
    C’est alors qu’Elias, un prédicateur dominicain, qui se rendait à la messe, intervint pour dénoncer une fois de plus les manquements de ses semblables.
    Ses prédications étaient habituellement d’une telle virulence que la plupart de ses auditeurs les craignaient et les fuyaient.
    Il s’empressa de monter en chaire et se mit à haranguer l’assistance d’une voix puissante :
    —  ô vous misérables pécheurs ! commença-t-il suivant la formule consacrée
    La foule désemparée releva les yeux.
    Le prédicateur tendit les bras vers l’assemblée bouche bée et pointa sur elle deux doigts accusateurs :
    — Hommes de peu de foi qui accusaient le diable de tous les maux survenus cette nuit. Ô hommes de peu de foi ! Qui a mis le feu à Sodome et Gomorrhe ? Deux anges. Qui a noyé Pharaon dans la mer Rouge ? L’ange du Seigneur. Cet ange-là a puni les ennemis. Quel est celui qu’a repoussé le Seigneur avec son épée enflammée ? à qui le Seigneur a-t-il fermé les portes du p aradis ? À l’ange de f eu.
    Quelles conclusions pouvons-nous en tirer ? La force de l’ange est mille fois plus puissante que celle du diable. Ô vous pécheurs, le diable n’a pas le pouvoir de détruire cette cathédrale.
    Mais si cet édifice paraît prêt à s’écrouler, comme jadis le mur de Jéricho, c’est que le Tout-Puissant en a décidé ainsi et qu’il ne va pas tarder à envoyer son ange pour anéantir cette œuvre.
    Il fit une pause oratoire afin de laisser son auditoire s’imprégner de ses propos.
    — Pourquoi le Seigneur s’en prend-il ainsi à nous ? C’est la question que vous vous posez, vous, misérables pécheurs. Je vais vous répondre. Le Seigneur envoie ses anges pour annoncer la fin du monde et l’imminence du j ugement dernier. Il est plus proche que vous ne le croyez.
    Maudits soient les pécheurs !
    Maudits soient les jouisseurs !
    Maudits soient les amants !
    Maudits soient ceux qui ont soif de vengeance !
    Maudits soient ceux qui ont soif d’argent !
    Maudits soient les ivrognes !
    Maudits soient les orgueilleux !
    N’entendez-vous pas les cris désespérés des damnés ? Les hurlements et les grincements de dents des loups de l’enfer ? Et les protestations véhémentes de la foule des diables ? Les flammes voraces de l’enfer rampent déjà ici bas, des flammes à côté desquelles notre feu terrestre

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