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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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acceptez. Vous ne remarquerez même pas ma présence !
    À voir le moine grimacer comme s’il venait d’avaler une arête, sa réponse paraissait évidente.
    — À moins que je sollicite directement l’autorisation de votre père abbé ? poursuivit Afra.
    Frère Maurus secoua la tête :
    — Il n’y a plus de père abbé au Mont-Cassin. Officiellement, il n’y a plus de bénédictins sur cette montagne sacrée. Nous ne sommes plus régis par aucune autorité, religieuse ni politique. Nous ne sommes plus que quelques douzaines restant ici pour assurer la continuité. Une honte pour l’Occident chrétien !
    — Si ma présence dans ces lieux vous dérange, je peux travailler la nuit…, lui proposa Afra pour tenter de l’amadouer.
    — Non, alors ça, certainement pas ! rétorqua vivement frère Maurus. À l’heure des complies, la bibliothèque ferme et plus personne, sans exception, ne peut y avoir accès !
    Afra, surprise par la vivacité de sa réaction, n’osa pas insister à nouveau. Elle fut donc d’autant plus étonnée quand le moine lui annonça sur un ton bourru et manifestement contraint :
    — Bon, vous pouvez rester, jeune Elia. Pour l’amour du Christ et des livres. Mais dites-moi, où logez-vous ?
    — Chez frère Athanase, répliqua Afra sur un ton subitement enjoué. Merci !
    Durant les premiers jours, Afra fit mine d’effectuer des recherches dont il eut été difficile de préciser la nature.
    Elle notait les titres de certains livres et les noms d’auteurs inconnus. Elle remarqua qu’elle était sous constante et étroite surveillance.
    Elle n’était intéressée que par un ouvrage bien particulier relié en veau marron, le Compendium theologicae veritatis . Mais elle n’en trouvait aucun ressemblant, ne serait-ce que d’aspect. Ces ouvrages volumineux étaient devenus assez rares.
    Elle se souvenait pourtant bien de l’épaisseur du dos, d’une coudée au moins. Elle avait toujours pensé qu’il y avait des gros et des petits livres. Mais elle découvrait en fait qu’il y en avait de tous les formats : in-folio, in-quarto, in-octavo et in-duodecimo, ce qui rendait ses recherches encore plus laborieuses.
    À la fin d’une première journée passée enfermée dans la bibliothèque, Afra était complètement déprimée et découragée.
    Ce qu’elle avait pensé être simple s’avérait quasiment impossible. Les étagères s’élevaient sur cinq mètres de haut jusqu’au plafond. Il fallait une échelle pour atteindre la plus haute où elle grelottait de froid à cause de l’humidité et des courants d’air qui s’infiltraient entre les tuiles de la toiture.
    Elle aurait pu évidemment demander à frère Maurus, mais cela lui semblait trop risqué. D’autant qu’elle était persuadée que le vieux bibliothécaire la soupçonnait de chercher un ouvrage particulier. C’est ce qu’elle déduisait en tout cas de son attitude et de la méfiance que l’ensemble des moines lui témoignait.
    Pour s’en convaincre définitivement, elle n’eut pas besoin de chercher plus longtemps une preuve supplémentaire, car frère Maurus la lui donna en fin de journée. Au moment où il sonna la cloche annonçant la fermeture, Afra lui demanda, avec un air détaché afin de ne pas éveiller ses soupçons, si un marchand de Strasbourg, un certain Melbrüge n’avait pas apporté dans les jours derniers des livres qui venaient du couvent des dominicains de Strasbourg.
    — Quel nom avez-vous dit ?
    — Melbrüge, il venait de Strasbourg.
    — Je n’en ai jamais entendu parler. Pourquoi cette question, jeune Elia ? répondit-il alors qu’un tremblement dans ses yeux démentait son affirmation.
    — Ah bon ! fit Afra, nous nous sommes rencontrés à Salzbourg, et il m’a dit qu’il partait pour le Mont-Cassin avec une livraison de livres.
    — Non, je ne connais pas de Melbrüge. Du reste, je ne suis pas en relation avec les dominicains de Strasbourg.
    Afra prit congé, satisfaite de ses investigations qui soulevaient une foule de questions.
    Pourquoi frère Maurus niait-il la venue de Gereon Melbrüge alors qu’elle avait appris par frère Athanase, – le vin rouge des coteaux du Vésuve ayant délié sa langue – que Melbrüge avait séjourné ici ? Le frère hôtelier n’ignorait pas les raisons de son séjour. Pourquoi frère Maurus passait-il sous silence cette visite ? Aurait-elle fait une erreur après son arrivée à Naples, une erreur qui eût

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