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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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Strasbourg exactement.
    — Ah ! répondit le gros bénédictin comme s’il connaissait la ville.
    — Vous connaissez Strasbourg ! ?
    — Seulement de nom. Je ne suis jamais allé plus loin que Rome. Mais un marchand de Strasbourg a séjourné ici voilà quelques jours. Il ne s’est pas attardé.
    Afra dissimula difficilement son émotion. Sa voix, qu’elle contrefaisait habituellement pour ne pas éveiller les soupçons, reprit son intonation aiguë habituelle :
    — Vous souvenez-vous de son nom ?
    Ce changement subit de timbre de voix n’attira pas les soupçons du moine à l’esprit engourdi par le vin dont il avait abusé. Il répondit tout à fait naturellement :
    — Non, j’ai oublié. Je sais juste qu’il venait livrer quelque chose à l’abbaye avant de repartir pour la foire de Messine. Les marchands sont des gens pressés.
    — Ne s’appelait-il pas par hasard Melbrüge, Gereon Melbrüge ?
    Afra regarda frère Athanase avec des yeux remplis d’espoir.
    Le moine frappa du poing sur la table et pointa son index en l’air comme s’il venait de découvrir le théorème de Pythagore :
    — Par le bienheureux saint Benoît, oui, c’est cela même !
    — Quand est-il reparti ? insista Afra.
    Le gros bénédictin rappela ses souvenirs avec force grimaces.
    — Il y a tout juste une semaine, cinq, six jours peut-être. Aviez-vous projeté de vous retrouver ici ?
    — Non, non ! affirma Afra en bâillant. Je suis épuisée. Si vous le permettez, je vais aller me coucher.
    — Que Dieu vous bénisse !
    Bien qu’Afra se sente en sécurité grâce à sa nouvelle identité et son déguisement, elle fut heureuse et soulagée lorsqu’elle retira ses vêtements.
    Elle détestait foncièrement ce rôle de travesti, se sentant profondément femme et aimant l’être. Frère Athanase lui avait donné une chambre individuelle, dont la porte pouvait être verrouillée. Aurait-il senti qu’elle avait quelque chose à cacher ?
    Depuis sa conversation avec le frère hôtelier, elle savait le parchemin à portée de main.
    Désormais, il ne s’agissait plus que de le subtiliser sans que quiconque s’en aperçoive.
    Cela faisait des lustres qu’Afra n’avait pas dormi d’un sommeil aussi profond. Lorsqu’elle entendit la cloche de l’abbaye sonner prime, elle était déjà complètement éveillée. Il faisait encore nuit et très froid. Elle remonta les couvertures qui sentaient le moisi et sommeilla encore un moment.
    Et elle rêva : elle avait retrouvé le parchemin et était revenue sur l’autre versant des Alpes, à la maison. Mais où, à la maison ? Elle ne pouvait pas retourner à Strasbourg. Ulrich von Ensingen était-il encore vivant ? Quant à revenir à Ulm, il fallait craindre qu’on l’accuse d’avoir incité l’architecte à assassiner sa femme. Peut-être serait-elle même condamnée pour sorcellerie. Non ! Afra devait s’engager dans une vie nouvelle, quelque part où elle pourrait avoir un avenir. Où ? Elle l’ignorait. La seule chose dont elle était sûre, c’est que le parchemin serait d’un précieux secours.
    Elle tremblait à l’idée des éventuels dommages qu’avaient pu subir les livres que Gereon Melbrüge avait transportés de Strasbourg au Mont-Cassin. Pour en avoir fait elle-même l’expérience, elle connaissait les dangers d’un si long voyage. N’ayant pas la patience de s’éterniser plus longtemps sous les couvertures, elle se leva, serra sa poitrine dans une bande de tissu et enfila ses habits d’homme.
    Peu de temps après, les laudes étant finies, frère Jean arriva d’assez bonne humeur à l’hostellerie pour chercher Afra. Le soleil à l’est dardait déjà ses premiers rayons à travers la brume. Une odeur de terre humide s’élevait dans l’air.
    — Vous serez sans doute déconcertée par ce que vous verrez, lui dit le moine alchimiste en marchant.
    Il avait glissé ses mains dans les manches de sa bure pour les protéger du froid.
    — Vous me l’avez déjà dit hier, frère Jean !
    Le moine hocha la tête.
    — Je ne peux pas vous dire de quoi il retourne. Vous ne comprendriez pas. Mais sachez juste qu’ici, dans cette abbaye, l’habit ne fait pas obligatoirement le moine et que, parmi ces religieux apparemment confits en dévotion, tous ne sont pas nécessairement en odeur de sainteté.
    — Vous n’êtes pas bénédictin ? répliqua Afra, agacée par les sous-entendus du moine.
    — Par saint

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