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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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Il semblait lire dans ses pensées comme dans un livre ouvert.
    Elle tressaillit lorsque Armandus Villanovus lui demanda subitement :
    —  ê tes-vous certaine que le parchemin ait brûlé avec le cadavre de cette femme ?
    — Comment pourrais-je l’affirmer avec certitude ? J’ai vu de mes propres yeux Afra mourir au Lazaretto Vecchio . Ce fut un moment pénible. Vous pouvez me croire. Comme tous les cadavres des pestiférés ainsi que leurs effets étaient brûlés sur l’île, il me paraît légitime de penser que le parchemin est lui aussi parti en fumée.
    — Si tant est qu’elle ait eu le parchemin avec elle !
    — Vous avez raison !
    La conversation prenait un tour déplaisant. Plus elle se prolongeait, plus Afra perdait de son assurance. Comment parvenir à se débarrasser de l’apostat ? Comment le convaincre de l’inutilité de poursuivre des recherches ?
    L’apostat n’était apparemment pas pressé de partir. Il n’avait pas l’intention de prendre congé. Pourtant, tout semblait avoir été dit.
    — Nous nous sommes longtemps demandés, reprit-il, pourquoi la maîtresse de l’architecte de Strasbourg s’était subitement rendue à Salzbourg, puis ensuite à Venise. Vous savez que nous avons partout des espions, mais aucun d’eux n’a réussi à élucider le mystère. Il n’y aurait qu’une explication plausible : la femme aurait eu l’intention de négocier directement avec le pape qui se trouvait à cette époque-là à Bologne. Elle aurait voulu lui vendre elle-même le parchemin. Vous connaissiez Afra. Cette hypothèse vous paraît-elle tangible ?
    Afra secoua la tête.
    — Je crois que vous surestimez la jeune femme. Elle était tout sauf sotte – son père lui avait appris à lire et à écrire, elle comprenait le latin et l’italien – mais elle est issue d’un milieu modeste et ne s’aventurerait pas à frayer avec les grands de ce monde.
    — Vous parlez d’elle comme si elle était encore vivante.
    — Excusez-moi, fit Afra déstabilisée, c’est comme si nous en avions parlé hier. Non, je ne sais pas pourquoi elle voulait se rendre à Venise. Elle prétendait rechercher des livres. Mais qui entreprendrait un tel voyage pour quelques livres ?
    — Détrompez-vous ! Il y a des gens, même parmi ceux qui portent la mitre ou la bure, capables de commettre un meurtre pour s’emparer d’un livre.
    Le visage de Villanovus s’éclaira d’un grand sourire.
    — Non, s’il y a encore une chance de retrouver le parchemin, il faut poursuivre les recherches, mais cette fois dans d’autres directions, s’occuper par exemple de l’architecte Ulrich von Ensingen. Il a vécu longtemps avec cette femme. Je ne peux imaginer qu’elle ne lui en ait pas touché deux mots.
    Afra resta muette, foudroyée. Elle avait des difficultés à respirer. Pourvu que l’apostat ne remarque pas son trouble ! Alors qu’elle savait qu’elle devait se taire, rester de marbre, elle ne put s’empêcher de parler :
    — Oui, mais dites-moi, Ulrich von Ensingen est un des vôtres ?
    — Un des nôtres ? Vous plaisantez ! Ulrich von Ensingen est opposant, têtu, sournois et rusé. J’aurais aimé qu’il soit des nôtres. Nous avons essayé en vain de l’attirer dans nos rangs. Mais rien n’a pu y faire, ni l’argent ni les menaces. Nous avons longtemps cru qu’il avait dissimulé le parchemin dans les murs d’une de ses gigantesques cathédrales. Nous avons déscellé les pierres derrière lesquelles on cache habituellement des trésors pour l’éternité. Mais nous n’avons rien trouvé, nous avons menacé l’architecte de détruire complètement ses œuvres s’il ne nous livrait pas la cachette. Si une cathédrale s’effondre alors que l’architecte dirige les travaux, il peut dire adieu à sa carrière. Cela a failli être le cas à Strasbourg. Mais nous nous sommes rendus à l’évidence. On ne peut, en l’espace d’une nuit, saper les fondations d’une cathédrale de telle sorte qu’elle s’écroule ensuite presque naturellement d’elle-même.
    Afra était suspendue aux lèvres de l’apostat. La loge était encore beaucoup plus ignoble qu’elle ne l’aurait cru. Quant à Ulrich, elle s’était complètement trompée. Beaucoup de ses attitudes étranges s’expliquaient désormais. Mais devait-il pour autant la tromper avec la maîtresse de l’évêque ?
    — J’ai entendu dire qu’Ulrich von Ensingen se trouve en ce moment à

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