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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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Cécile, que le voile de tissu dissimulait à peine. On devinait ses seins rebondis, son nombril et même son pubis sous la fine mousseline.
    — Je n’ai rien ajouté et rien enlevé. C’est vous, Afra ou Cécile, comme il vous sied.
    En remettant son habit, Afra imaginait les réactions des nonnes et les coups d’œil dérobés qu’elles lui jetteraient lorsqu’elle s’agenouillerait devant l’autel.
    Elle n’aurait de toute manière pas à soutenir très longtemps leurs regards.
    — Encore une séance, et ensuite vous êtes libre, lui dit Alto von Brabant en sortant de sa poche une bourse dans laquelle il prit deux pièces qu’il donna à Afra.
    — Voilà ce que je vous dois pour les séances de pose, deux florins, comme convenu.
    Afra était gênée de prendre l’argent. Deux florins !
    — Prends ! Ils sont à toi.
    — Vous savez, maître Alto, dit-elle timidement, je n’ai jamais eu autant d’argent. Comme servante, j’étais logée, nourrie et parfois gratifiée d’un mot aimable. Je ne possède rien si ce n’est le balluchon que j’ai caché sous mon lit dans le dortoir. Je n’ai rien de plus précieux au monde. Vous pouvez vous moquer de moi, mais c’est la vérité.
    — Pourquoi me moquerai-je ? répliqua le bossu, vexé. L’argent fait rarement le bonheur, mais il en faut pour vivre. Prends donc ce qui te revient. Et à demain !
    Afra réussit à améliorer son écriture plus rapidement qu’elle ne le pensait.
    Ses progrès déplaisaient fortement aux nonnes qui désespéraient de la voir rester là. Leur comportement encourageait d’autant plus Afra à maintenir son projet de quitter au plus vite l’abbaye.
    Le lendemain, Afra mit au courant la supérieure de ses intentions. Celle-ci, contre toute attente, fit preuve de compréhension.
    Mais lorsqu’Afra lui dit qu’elle comptait partir avec Alto, Afra vit une grosse veine bleutée gonfler et barrer son front à la verticale, et, allez savoir pourquoi, tout à coup, l’abbesse s’emporta :
    — C’est un artiste, et les artistes sont tous des canailles et des mécréants ! Je t’interdis de partir avec le bossu. Il sera l’instrument de ta déchéance.
    — Un homme qui se consacre à son art n’est pas nécessairement un homme mauvais, répliqua Afra avec un rien de provocation dans la voix. Vous avez dit vous-même qu’il avait beaucoup de talent. D’où vient ce talent, si ce n’est de Dieu lui-même ?
    L’abbesse écumait de rage en voyant cette petite greluche lui tenir tête. Sans même lui accorder un regard, elle lui fit signe de sortir de la salle en agitant nerveusement la main, comme si elle voulait chasser une mouche importune.
    Le soir, après le dîner dans le réfectoire, où elle avait mangé une soupe au goût indéfinissable, un mélange de choux, de raifort et de carottes et une galette de pain, Philippa vint lui demander d’aller chercher à sa place dans le scriptorium l’original d’un acte sur lequel elle avait travaillé le jour même. La supérieure voulait l’examiner. La vieille nonne redoutait de monter l’escalier dans l’obscurité. Là-dessus, elle lui tendit la clef du scriptorium et une lanterne.
    Afra trouva la mission étrange, mais accepta puisqu’elle n’avait aucune raison de lui refuser ce service. Elle traversa, avec sa lanterne à la main, la cour à peine éclairée par un triste rayon de lune.
    La petite porte derrière le chevet de l’église était ouverte ; Afra gravit péniblement l’escalier.
    Elle avait beau être jeune, elle gravit péniblement les marches. En montant, elle sentit une forte odeur de cire chaude qui, sur le moment, ne l’inquiéta pas. Une fois arrivée sur le dernier palier, Afra remarqua des volutes de fumée bleutée qui s’échappaient sous la porte. Que se passait-il donc là ? Elle enfonça la clef dans la serrure et ouvrit la porte.
    Elle s’attendait à voir des flammes jaillir de la bibliothèque et ne vit qu’une fumée rampante qui se propageait au ras du sol depuis le fond de la salle, comme le brouillard nappe les champs à l’automne.
    La fumée la prenait à la gorge, elle se mit à tousser et à cracher.
    Elle se dirigea vers la fenêtre la plus proche, celle du milieu, la seule qui s’ouvrait, les autres ayant des châssis dormant. Il fallait qu’elle respire de l’air frais.
    Sitôt qu’elle eut ouvert la fenêtre, une colonne de flammes s’éleva dans le fond du scriptorium.
    Elle fut prise de

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