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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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dis, a un défaut : il ne transmet pas uniquement les voix d’une pièce à l’autre, mais aussi de toutes les pièces jusqu’à une seule et unique pièce, la chambre de la mère abbesse où aboutissent tous les tuyaux. Cela lui permet d’être informée de tout ce qui se dit ailleurs. En revanche, si l’on s’y prend bien, on peut aussi entendre presque partout ce qu’elle dit. 
    — Tu veux dire qu’il suffit de se hisser à la hauteur du plafond pour entendre.
    — Absolument, en plaçant son oreille à l’extrémité d’un tuyau. La vie ici n’offre pas vraiment beaucoup de distractions et de divertissements, alors l’abbesse écoute. C’est un péché véniel certes, mais tout de même un péché. J’ai été le témoin auditif d’une conversation entre Philippa et l’abbesse. Philippa faisait valoir ses récriminations : alors que tu n’étais pas encore une novice, on t’avait baignée et nourrie comme une noble dame, tu avais posé pour la sainte Cécile tandis qu’elle et les autres ne cessaient depuis des années de s’échiner au travail. D’abord l’abbesse désapprouva les protestations de Philippa, arguant de l’amour du prochain qui dicte de tendre la main à celui qui est dans la nécessité. Mais Philippa ne voulait pas céder, elle réitéra ses griefs. Et, soudain, l’abbesse lui donna sa bénédiction. Elle pouvait se débarrasser de toi comme elle l’entendait.
    — Mais alors tu peux témoigner pour ma défense. Tu dois le faire !
    Luitgard refusa :
    — Personne ne me croirait !
    — Mais tu l’as bien entendu !
    — Cela ne vaut pas le coup, tout le monde nierait les circonstances qui m’ont permis d’entendre cette conversation. Crois-tu que l’abbesse avouerait qu’elle épie en secret ses subordonnées ?
    — Mais il ne me reste que cette solution pour prouver mon innocence, dit Afra la mine abattue et les yeux rivés sur le sol.
    — Demande au Seigneur qu’il fasse un miracle... 
    Puis, Luitgard fit un petit signe encourageant à la jeune fille et s’en alla.
    Une fois dans le noir, Afra sombra à nouveau dans le désespoir. Elle essaya de prier mais elle était incapable de se recueillir.
    À force de ressasser à n’en plus finir les faits qui l’avaient conduite dans cette situation dramatique, elle retomba dans une quasi-inconscience, à la frontière du rêve et de la réalité. Afra se moquait désormais de savoir s’il faisait jour ou nuit à l’extérieur.
    Quand le tonnerre gronda soudain, elle ne réagit pas. Quand la foudre tomba et que les murs tremblèrent, elle ne broncha pas.
    Elle crut délirer quand elle vit surgir derrière les grilles, dans un halo lumineux, le visage d’Alto von Brabant.
    Elle ne revint à elle que lorsqu’il introduisit une clef dans la serrure et ouvrit la porte.
    Incapable de prononcer un seul mot, elle dévisagea Alto d’un air interrogateur.
    Un épouvantable orage se déchaînait au dehors. Alto lui tendit son balluchon qu’elle avait entreposé dans le dortoir :
    — Retire tes habits de nonne. Fais vite !
    Afra obéit comme une marionnette et enfila sa robe de gros drap. Et, tout en se hâtant, demanda :
    — Maître Alto, comment avez-vous eu la clef ? Fait-il nuit ou jour ?
    Le bossu prit l’habit de novice qu’il jeta sur le grabat. Puis il fit sortir la jeune fille de la geôle et referma les portes de l’extérieur en lui chuchotant :
    — Il est minuit passé, pour ce qui est de la clef, tout s’achète, y compris les nonnes. En fin de compte, ce n’est qu’une question de prix. Comme tu le sais, Notre Seigneur fut trahi pour trente deniers. Cette chose, dit-il en montrant la clef, n’était pas aussi chère. Et maintenant, viens !
    Alto von Brabant, la lanterne à la main, conduisit Afra au rez-de-chaussée. Il souffla la bougie avant d’atteindre le bout du couloir.
    Un éclair déchira l’obscurité embrasant les fenêtres étroites l’instant d’une seconde.
    La foudre tomba, le tonnerre retentit et les dalles de pierre tremblèrent.
    Au bout du couloir, le peintre ouvrit une petite porte basse qu’Afra n’avait pas remarquée jusque-là. Même une personne de petite taille devait baisser la tête pour la franchir.
    Derrière, sur la droite, partait un long couloir qui, à une dizaine de pas plus loin, débouchait sur une autre porte au-dessus de laquelle se trouvait un palan. Alto l’ouvrit et s’arrêta.
    Puis il se tourna vers Afra :
    —  é coute

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