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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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de lui, mais ne pouvait s’empêcher de penser à lui. Peut-être n’était-ce que son attitude très distante qui la séduisait si fortement ?
    Avant même que la nuit tombe, elle rentra tranquillement chez elle. Le pêcheur et sa femme étaient encore au bal. Afra décida d’aller se coucher plus tôt que prévu. Elle venait d’ôter sa robe, mais n’avait pas encore défait ses cheveux lorsqu’elle entendit frapper énergiquement à la porte.
    La fenêtre de sa chambre, sous les combles, donnait sur le fleuve, elle ne pouvait donc voir de là-haut qui se présentait à une heure aussi inhabituelle.
    Elle ne broncha pas, mais lorsqu’à nouveau on frappa avec insistance, elle descendit et demanda à travers la porte :
    — Qui cherchez-vous à une heure si tardive ? Bernward et sa femme sont sortis.
    — Ce n’est pas eux que je viens voir !
    Afra reconnut immédiatement la voix. C’était Ulrich von Ensingen.
    — C’est vous maître Ulrich ? s’enquit Afra étonnée.
    — Ne veux-tu pas me laisser entrer ?
    À cet instant, Afra se rendit compte qu’elle ne portait sur elle qu’une fine et longue chemise de lin. Instinctivement, elle serra autour de son cou l’encolure un peu large, se sentant mal à l’aise.
    Cette visite de maître Ulrich en pleine nuit ne faisait qu’accroître son trouble. Elle tremblait comme une feuille et finit par ouvrir la porte à Ulrich.
    — Maître Varro m’a fait savoir que la robe te sied à merveille, dit Ulrich, comme si sa visite à l’improviste allait de soi.
    Afra avait peur de dire des bêtises. Désemparée, elle hocha la tête sans mot dire et se força à sourire. Elle se surprit elle-même en s’entendant répondre ensuite :
    — Le tailleur a parfaitement raison, maître Ulrich. Venez-vous le constater par vous-même ?
    — En effet damoiselle, c’était bien là mon intention, répliqua simplement Ulrich.
    Le ton de sa voix était tellement rassurant et apaisant qu’Afra se sentit instantanément libérée de toutes craintes.
    — Alors venez, dit-elle tout aussi naturellement en tendant son bras vers l’escalier.
    Tandis qu’ils montaient jusqu’à sa chambre, Afra rompit le pesant silence :
    — Le pêcheur et son épouse sont presque des parents pour moi, ils sont partis danser ce soir au Hirschen . Pourquoi n’êtes-vous pas au bal vous aussi ?
    — Moi… ? s’exclama maître Ulrich en riant. Cela fait des lustres que je n’en ai pas eu l’occasion. Mais toi, belle Afra, qu’est-ce qui te retient d’aller danser ? D’après ce que j’ai entendu dire, tu as du succès auprès des tailleurs de pierre et des charpentiers. 
    — Je m’en moque, répliqua-t-elle spontanément. c es garçons courent après tous les jupons pour peu qu’ils soient un peu plus jeunes que leur propre mère. Non, je préfère vraiment rester seule. 
    — Tu finiras un jour ou l’autre au couvent. Ce serait dommage pour une fille aussi belle que toi.
    Afra était habituée aux compliments mais ne s’en laissait pas compter pour autant. Néanmoins, cette fois, c’était différent. Elle but les paroles d’Ulrich aussi avidement qu’elle aurait, par un matin d’été, respiré l’air frais. Cela faisait trop longtemps qu’elle attendait qu’il lui compte fleurette ou qu’il lui adresse ne serait-ce qu’un mot courtois.
    Elle rangea à la hâte sa robe de tous les jours posée sur la chaise pour libérer le seul siège qu’elle avait à lui proposer. Puis elle prit la robe confectionnée par Varro et la tendit à Ulrich.
    — Superbe, vraiment superbe, dit celui-ci.
    Afra s’aperçut qu’Ulrich n’avait même pas regardé le travail du tailleur.
    — Vous voulez que je…, commença-t-elle timidement.
    — … que tu passes la robe, poursuivit-il. Une robe est faite pour être portée, autrement elle est aussi ennuyeuse qu’une litanie. Tu ne trouves pas ?
    — Si vous le dites, maître Ulrich.
    Bien qu’Afra portât sa longue chemise, elle se sentait toute nue devant Ulrich. Pourtant elle n’était pas habituellement très pudique. Les gens de la campagne, les gens simples qui ne font pas de manières, considèrent souvent la pudeur comme un artifice.
    Cependant, la situation était tellement inattendue qu’elle était gênée d’enfiler la robe devant Ulrich.
    Ulrich von Ensingen, habitué à fréquenter le monde et à l’aise dans toutes les situations, ne manqua pas de remarquer ses hésitations. Il

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