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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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ils ne comprenaient pas ce qui avait pu provoquer
ces traces et ces ruines et ils s’empressèrent de regagner leur bateau.
    Quand ils furent assez loin du rivage, ils aperçurent une
multitude de chevaux qui se ruaient vers la mer, des chevaux d’une taille
extraordinaire et que montaient des espèces d’hommes maigres et noirs qui
excitaient leurs coursiers avec de grands cris. Les navigateurs ne doutèrent
pas qu’il ne s’agît là d’une réunion de démons ou de fantômes, et ils
s’éloignèrent au plus vite de ce lieu maudit.
    Ils abordèrent ensuite une autre île où se dressait sur le
rivage une maison précédée d’un grand porche. Ils virent également qu’une porte
s’ouvrait directement sur la mer, munie d’un battant de pierre percé d’une
ouverture à travers laquelle les vagues lancèrent un saumon. Alors, ils
débarquèrent et pénétrèrent dans la maison. Elle était déserte, mais quatre
lits en occupaient les quatre coins, de la nourriture était disposée devant
chacun, et un bassin de verre contenant un breuvage apparemment enivrant. Ils
mangèrent cette nourriture, burent la liqueur, puis regagnèrent leur bord sans
avoir vu âme qui vive.
    Après avoir assez longtemps vagabondé sur la mer, ils
commençaient à souffrir de la faim et de la soif quand ils découvrirent une
autre île dont le rivage était surmonté d’une haute falaise tombant à pic dans
les flots et couverte, au sommet, d’une forêt très dense. Bran descendit dans
l’île et, s’engageant dans cette forêt, y prit en passant un rameau dans sa
main. Trois jours et trois nuits, ce rameau demeura dans sa main tandis que le
bateau tournait autour de l’île, et, le quatrième jour, trois pommes apparurent
au bout du rameau. Ils se partagèrent les pommes et en furent rassasiés.
    Ils passèrent aussi à proximité d’une petite île, basse et
belle à voir, où ils aperçurent de grands animaux semblables à des chevaux.
Chacun d’eux mordait le flanc d’un autre et y arrachait un morceau de chair
avec sa peau de telle façon que des ruisseaux de sang cramoisi coulaient de
leurs plaies et se répandaient sur le sol. Les navigateurs s’éloignèrent en
toute hâte, car ils commençaient à désespérer, d’autant plus que, n’ayant plus
rien à manger, ils se sentaient faibles et désemparés.
    Or, au moment de leur plus grande détresse, ils arrivèrent
en vue d’une nouvelle île où se remarquaient de nombreux arbres couverts de
fruits, notamment de grosses pommes couleur d’or. De petits animaux rouges
qu’on aurait pris pour des cochons sauvages se trouvaient sous ces arbres dont
ils heurtaient les troncs avec leurs pattes, pour en faire tomber les pommes.
Puis, ils mangeaient celles-ci avec une évidente satisfaction. Pendant ce
temps, de nombreux oiseaux se baignaient dans les vagues, à proximité de l’île
et, lorsque, au soir, les animaux rouges se furent retirés dans des cavernes,
ils volèrent jusqu’aux arbres et se mirent à en picorer eux-mêmes les fruits.
« Voici qui est favorable, dit Bran. Si ces animaux rouges et ces oiseaux
mangent avec tant de plaisir les fruits que portent ces arbres, c’est que
ceux-ci peuvent être comestibles aussi pour nous. Allons donc à terre en faire
provision. »
    Ils débarquèrent sur le rivage et s’étonnèrent grandement de
sentir le sol aussi chaud sous leurs pieds. Et, de fait, la chaleur leur devint
si insupportable qu’ils durent au plus vite regagner leur bateau ;
néanmoins, ils avaient eu le temps d’emporter une grande quantité de pommes qui
leur permirent de manger et de boire pendant plusieurs jours.
    Alors qu’ils commençaient à souffrir à nouveau du manque de
nourriture et qu’ils avaient du mal à respirer tant la puanteur de la mer était
affreuse, ils abordèrent sur une île étroite où s’élevait une forteresse
entourée d’une muraille aussi blanche que si on l’avait construite en chaux ou
en pierre de craie, et d’une hauteur impressionnante, car elle touchait presque
aux nuages. Comme elle comportait une porte ouverte, ils la franchirent et
virent de grandes maisons toutes blanches, elles aussi. Ils pénétrèrent dans
celle qui leur paraissait la plus vaste et n’y trouvèrent personne, sauf un
petit chat qui jouait sur les piliers dressés aux quatre coins de la salle en
sautant de l’un à l’autre. Tout en regardant les nouveaux arrivants, il ne
paraissait nullement effrayé, car il continuait

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